Obsession irrésistible

C'est de ma faute

Harry se réveilla le cœur battant la chamade. Il était en sueur et il haletait, désorienté.

Il lui fallut quelques longues minutes pour se rendre compte qu'il était dans son lit, dans la tour Gryffondor.

Il était rentré très tard. Exceptionnellement tard, d'ailleurs, puisqu'il était longtemps resté avec Drago.

Les deux garçons étaient restés sur un sujet neutre : les cours, et ils avaient travaillé ensemble. Le moment avait été étonnement agréable, et ils n'avaient pas vu le temps passer alors qu'ils échangeaient de temps à autres quelques mots.

Harry avait été le premier surpris d'avoir passé un aussi bon moment, et il était rentré dans son dortoir le cœur léger et gonflé d'espoir. Il allait réellement réussir à sauver Malefoy, après tout...

Il s'était glissé en silence dans son lit, veillant à ne réveiller personne. Il lui semblait pour une fois s'être endormi presque immédiatement. Tout du moins jusqu'à se réveiller en sursaut.

Il fixa un long moment les lourds rideaux rouge et or de son lit, essayant de se souvenir pourquoi il s'était réveillé dans cet état, presque au bord de la panique. Cependant, rapidement, il se souvint, les images de son cauchemar lui revenant avec la force d'un cognard.

Il sursauta et plaqua ses mains sur sa bouche pour ne pas faire de bruit, laissant échapper malgré lui un gémissement plaintif.

Voldemort était une fois de plus entré dans sa tête, lui montrant ses projets. Il avait assisté à une réunion de Mangemorts, et Rogue ne semblait pas avoir été présent. Voldemort prévoyait d'attaquer le chemin de Traverse, en pleine journée, à l'heure où il y aurait le plus de monde, à l'ouverture des magasins.

L'homme - le Monstre - brûlait d'une joie mauvaise en déroulant ses projets à son assistance soumise. Son but était bien évidemment de semer la terreur en faisant un maximum de victimes. Les Mangemorts avaient toute liberté pour blesser, estropier torturer et tuer.

Fébrile, Harry se leva et s'entoura d'une cape épaisse pour braver les couloirs glaciaux. Il prit la carte du Maraudeur - il avait tellement l'habitude de la garder toujours sur lui que c'était devenu un automatisme. Il hésita en regardant le lit de Ron - avant il l'aurait réveillé pour tout lui raconter - mais il soupira tristement et se détourna.

Il essayait de ne pas perdre de vue que c'était pour le mieux cet éloignement forcé. Ses amis seraient à l'abri.

Il se précipita hors du dortoir en silence, tremblant nerveusement, et courut dans les couloirs à en perdre haleine sans même se soucier d'être surpris. Il espérait presque tomber sur l'irascible professeur de potions, pour lui rapporter ce qu'il venait de voir.

Mais il semblait que la chance n'était de son côté puisque les couloirs restèrent déserts. Même les fantômes ne hantaient pas les lieux.

Arrivé devant la gargouille, Harry laissa échapper un cri de rage. Il ne connaissait pas le mot de passe, et la porte restait close...

Il passa près d'une demi-heure à appeler, et à chercher une solution, avant de retourner dans son dortoir.

Il somnola jusqu'à l'aube, et fut le premier debout. Il s'habilla à la vitesse de l'éclair et partit comme une fusée, avant même que ses camarades de dortoir ne soient levés.

Il se posta de nouveau devant la gargouille. Le professeur McGonagall arriva et fronça les sourcils.

- Monsieur Potter ?

- Professeur ! Je voudrais voir le Directeur !

L'écossaise pinça les lèvres et soupira.

- Il est absent Monsieur Potter. Ce que vous avez à lui dire devra attendre.

- Mais...

- Circulez, et allez donc terminer de vous préparer pour les cours.

- Professeur, il va y avoir une attaque de Mangemorts !

MacGonagall sursauta mais répondit néanmoins sèchement.

- Je suis certaine que les Aurors ont la situation bien en main.

Harry tenta de protester mais un regard noir de sa directrice de maison le dissuada d'insister. Après tout... Dumbledore avait des espions, et il devait probablement être au courant de ce qui se passait. En tous cas, Harry l'espérait de tout son cœur.

Tête basse, il se rendit dans la grande Salle sans se rendre compte du regard surpris et légèrement inquiet de Rogue. Puis il grignota légèrement, attendant l'arrivée de la Gazette. Il ignora ses camarades Gryffondor qui venaient s'installer.

Il ne tourna même pas la tête quand Ron et Hermione s'installèrent près de lui, perdu dans ses pensées.

Lorsque les hiboux entrèrent, Harry se tendit et se redressa, cherchant du regard les volatiles transportant le journal. Il attrapa le petit paquet et glissa une poignée de piécettes dans la bourse du hibou puis déplia avec fébrilité le quotidien.

A la lecture des gros titres, il se tendit horrifié et plaqua une main sur sa bouche.

"Une attaque en cours sur le chemin de Traverse. De nombreuses victimes à déplorer".

Harry se leva brusquement, la main crispée sur la Gazette et partit à toute vitesse, ignorant l'appel de Hermione. Il courut dans les couloirs, ignorant les élèves qu'il croisait, des larmes plein les yeux.

Dans sa tête, une petite voix lui hurlait "C'est de ma faute". Il ne pouvait que penser à ça. Il avait su, il savait qu'il y avait une attaque imminente. Et pourtant, il n'avait pas insisté.

Il aurait du appuyer. Tout raconter à Minerva MacGonagall. Il aurait du aller voir le professeur Rogue. Lui demander de vérifier, de s'assurer que tout allait bien. Au lieu de quoi, il avait laissé les choses arriver, et par sa faute, le chemin de Traverse était à feu et à sang.

Ses pas le conduisirent directement à la chambre des secrets. Dans son esprit, Drago Malefoy était le seul à qui il pouvait se confier sur ce sujet.

Lorsqu'il arriva face au Serpentard, il se planta devant lui, les yeux rougis et l'air perdu. Il ne remarqua pas la lueur inquiète qui traversa le regard gris, pas plus que le mouvement avorté, qui visait à lui apporter un peu de réconfort.

Sans le moindre mot, il tendit la Gazette à Drago, la main tremblante, jusqu'à ce que le blond ne s'empare du journal. Puis, il se laissa tomber au sol, les yeux dans le vague.