Les étoiles sont mortes

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Harry ouvrit les yeux et réprima un grognement agacé en voyant qu'il faisait encore nuit. Il venait de faire un cauchemar, une fois de plus.

Avec un soupir résigné, il regarda la fiole vide à côté de lui, avant de saisir sa baguette pour jeter un rapide Tempus. Cinq heures du matin. Il y avait du progrès, puisqu'apparemment il avait réussi à dormir pratiquement une nuit complète avant que des rêves de violence et de désolation ne viennent le réveiller.

Il repoussa les couvertures et frissonna brusquement dans la fraîcheur matinale. En silence, il enfila des chaussures et une cape d'hiver, puis il se drapa dans sa cape d'invisibilité.

Le jeune homme avait terriblement besoin de prendre l'air, de quitter quelques instants l'atmosphère confinée du dortoir.

En sortant de la tour Gryffondor, il hésita un bref instant, puis se dirigea vers le parc. Il y avait des semaines qu'il n'avait pas pris le temps de flâner à l'extérieur, et son besoin d'air pur le poussa à quitter le château en catimini.

Il s'approcha du lac noir, et se posta devant, respirant à pleins poumons après avoir ôté sa cape d'invisibilité, les yeux fermés. Son cauchemar se diluait déjà dans son esprit et il oubliait les images terribles qui l'avaient tiré du sommeil.

Légèrement fataliste, Harry se demanda si un jour il pourrait avoir une nuit paisible, sans aucun cauchemar, sans aucun rêve lié à la guerre. Entre les visions que lui envoyait Voldemort et ses propres craintes, il avait désespérément soif de normalité et de calme...

Il soupira et reprit sa promenade, faisant lentement le tour du lac, s'approchant de la forêt interdite.

Il aurait dû se tenir à l'écart de la forêt, mais il n'était pas vraiment effrayé ni inquiet à l'idée d'y entrer. Il avait l'impression qu'il était comme attiré, et il entra sans la moindre crainte sous le couvert des arbres sombres.

Avec un léger rire discret, il pensa qu'il était devenu un habitué des lieux. Il avança d'un bon pas en contourna prudemment la cabane de Hagrid. Même s'il n'y avait aucune lumière, il se méfia quand même, décidé à ne pas se faire surprendre. Il savait que le demi-géant passait parfois la nuit dans la forêt interdite à s'occuper des créatures qui y vivaient.

Il s'installa dans une clairière où il avait ses habitudes, et s'étendit sur l'herbe, regardant les étoiles au travers d'une percée entre les arbres.

Il faisait froid mais la nuit était belle, sans nuages. Drapé dans sa cape fourrée, Harry était bien, confortablement installé. Il commença à dériver dans un état de rêverie agréable, se reposant tranquillement.

En entendant un bruit de sabots approcher, il se redressa, pas vraiment inquiet. En voyant Firenze, il sourit, un peu gêné d'avoir été surpris. Il se doutait que le Centaure n'irait pas le dénoncer, en général les créatures magiques de la forêt n'intervenaient pas dans les affaires humaines.

Le Centaure l'observa en silence un long moment, si bien que Harry commença à se tortiller, légèrement mal à l'aise. Il savait que pour certaines créatures, il n'était pas le bienvenu dans la forêt, même s'il restait prudent et discret.

- Harry Potter.

Harry eut un sourire timide et inclina la tête pour saluer Firenze.

- Bonjour Firenze.

La créature leva les yeux vers le ciel, et observa les étoiles un long moment sans un mot. Harry se recoucha au sol, gardant les yeux tournés vers Firenze, sachant parfaitement qu'il finirait par parler.

Le Gryffondor commençait à somnoler et il sursauta quand Firenze prit la parole.

- Les étoiles sont mortes mais elles ne le savent pas encore. Puis un jour, elles cesseront de nous envoyer leur lumière et elles disparaîtront.

Harry fronça les sourcils, essayant de décrypter les paroles du Centaure.

Firenze reporta son attention sur le jeune homme allongé au sol, et eut un léger sourire.

- Le ciel dit beaucoup de choses, lorsqu'on sait où regarder. Et mon peuple sait beaucoup de choses à ton sujet, Harry Potter. De grandes difficultés t'attendent, mais tu n'es pas seul.

L'adolescent soupira et ferma les yeux, la gorge serrée. C'était rassurant de s'entendre dire qu'il n'était pas seul, mais c'était aussi inquiétant. A ses yeux, cela voulait dire qu'il y aurait des gens pour risquer leurs vies...

Le Centaure eut un léger rire, comme s'il savait exactement ce que pensait le jeune garçon.

- Jeune homme, tu ne pourras pas protéger tout le monde. Et ce n'est pas ton rôle. N'oublies pas que nombre de ceux qui seront à tes côtés auront choisi leur destin, contrairement à toi...

Harry secoua la tête violemment.

- Je ne veux pas qu'il y ait d'autres morts par ma faute. J'ai perdu mon parrain parce que j'ai été trop stupide pour me méfier, et il... C'est comme si je l'avais tué.

Firenze fixa Harry un long moment et soupira.

- Tu es encore un enfant, Harry Potter. Ne te rend pas responsable de ce qui était écrit dans les étoiles. Certaines choses peuvent être changées, d'autres non. Ton destin est d'être celui qui mènera le monde magique à une nouvelle ère, quelque soit le résultat de ton affrontement avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

- Mon destin ? Je ne peux pas y échapper quoi que je fasse ?

- Est-ce-réellement une question, Harry Potter ? Nous savons tous les deux que tu serais incapable d'abandonner le monde magique à son sort. Quoi que tu en dises, tu es de l'étoffe des héros.

Harry frotta son visage avec ses mains, soudain épuisé. Il aurait aimé être un garçon ordinaire, dont la seule préoccupation serait le prochain match de Quidditch ou sa vie sentimentale. Au lieu de quoi, il réfléchissait à comment détruire des horcruxes, sauver le monde magique, tuer un homme - un monstre et préserver son rival envers et contre tout.

D'une petite voix, le faisant paraître encore plus jeune qu'il était, Harry murmura.

- Je voudrais que tout soit déjà terminé. Je suis si fatigué...

Firenze leva une fois de plus les yeux vers le ciel, regardant la nuit se teinter des couleurs de l'aube. Il secoua ses cheveux longs et répondit doucement.

- La fin est proche, Harry Potter. Prends soin de toi et de ceux que tu aimes.

Sans développer ses paroles, le Centaure hocha la tête en signe de salut et s'enfonça dans la forêt, laissant Harry seul, perdu dans ses pensées.

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