Détroit

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L'annonce du décès de Drago Malefoy, héritier de l'une des plus prestigieuses familles sang-pur, remua le monde sorcier. Le jeune sorcier n'était pas plus apprécié que ses parents, mais il était connu pour appartenir à une ancienne et noble famille. Une des familles du registre des Sang-Pur.

Tous les parents d'élèves s'interrogeaient sur les circonstances exactes du drame et craignaient désormais pour la sécurité de leur progéniture. Après tout, si un élève dont le père appartenait au conseil d'Administration de Poudlard en venait à être lâchement assassiné lors d'une sortie à Pré-au-Lard, organisée par l'école même, aucun autre enfant n'était en sécurité...

Ceux qui avaient juré que le jeune garçon était un aspirant Mangemort doutaient désormais. Si Drago Malefoy avait été une recrue de Voldemort... pourquoi était il mort sous la baguette des Mangemorts ?

Lorsqu'il avait été informé de la mort de Drago, Voldemort était entré dans une rage folle, cherchant le coupable au sein de ses rangs. Il avait perdu son pion placé à l'intérieur de Poudlard, et même s'il avait voulu faire payer à Lucius ses échecs, il regrettait la position que le garçon avait occupé.

Le Mage Noir voulait contrôler ses troupes et il détestait les imprévus. La mort de Drago était un imprévu de taille et le fait de ne pas savoir exactement ce qui s'était passé le mettait hors de lui.

Il s'était débrouillé pour rapatrier Lucius près de lui, toujours en disgrâce bien évidemment. Mais avoir l'aristocrate à ses côtés pourrait lui être utile, surtout que le Ministère s'agitait et avait décidé d'éclaircir les circonstances de la disparition du jeune homme.

Drago éliminé, libérer Lucius lui permettait de garder la mainmise sur la famille Malefoy. Il ne faisait pas vraiment cas de Narcissa, il la considérait comme quantité négligeable. Hormis Bellatrix, aucune autre femme ne trouvait grâce à ses yeux... Pour lui, les épouses sang-pur n'étaient que de jolies potiches inutiles qu'il ne prenait même pas la peine de marquer.

Ainsi, l'évasion de Lucius Malefoy d'Azkaban était passée inaperçue : le monde sorcier avait les yeux tournés vers Pré-au-Lard et Poudlard.

L'homme était rentré chez lui, et s'était précipité auprès de sa femme, inquiet. Il l'avait trouvé pâle et amaigrie, les yeux dans le vide, semblant perdue loin dans ses pensées.

Aussitôt, Lucius l'avait enlacée, se sentant terriblement coupable de tout ce gâchis. Bien sûr, il n'était pas celui qui avait tué leur fils... Mais s'il n'avait pas porté cette marque sur le bras, s'il n'avait pas voulu suivre ses idéaux envers et contre tout au lieu de se contenter de ce qu'ils avaient... Drago serait encore à leurs côtés.

Narcissa lui offrit un sourire triste, et Lucius eut l'impression que toute vie avait quitté les yeux de sa femme. Inquiet, il lui caressa doucement la joue.

- Ma chérie. Quitte l'Angleterre. Il suffit de te rendre à Douvres et d'emprunter le détroit pour te rendre en France. J'y ai de lointains cousins qui seraient ravis de te rencontrer. Tu y seras à l'abri...

L'aristocrate s'attendait à ce que sa femme acquiesce et obéisse, comme elle l'avait toujours fait depuis qu'ils étaient mariés. Mais à sa grande surprise, Narcissa se dégagea de son étreinte et refusa immédiatement.

- Je ne partirais pas Lucius. C'est hors de question. Je ne te perdrais pas aussi.

Pensif, il observa son épouse, persuadé qu'elle lui cachait quelque chose. Mais il connaissait sa douce moitié et il savait qu'elle resterait muette jusqu'à ce qu'elle soit prête à parler.

Il espérait juste que Narcissa ne préparait rien de stupide. Il tenait trop à elle pour risquer de la perdre elle aussi.

Azkaban avait changé Lucius, et la mort de son héritier avait terminé de le transformer. Ainsi, ses anciennes priorités lui semblèrent dérisoires et s'il n'était pas possible de tourner le dos au Seigneur des Ténèbres, il s'éloignait au maximum des Mangemorts et de leurs manigances.

Il restait terré dans son Manoir, caché aux yeux de tous, surveillant de près son épouse pour s'assurer qu'elle tenait le coup. C'était également une façon de s'assurer qu'elle était en sécurité et que rien ni personne ne viendrait lui prendre sa dernière famille.

Voldemort avait libéré le Manoir de son occupation, puisque désormais les Aurors enquêtaient sur la disparition brutale de Drago. Ils avaient fouillé leur domicile, vérifiant que leur garçon ne se terrait pas chez eux, le bras marqué, préparant un mauvais coup.

Les risques de se faire surprendre étaient devenus trop grands pour le seigneur des ténèbres et il avait décidé de rejoindre le manoir des Nott, tout aussi confortable, mais bien plus tranquille désormais...

Ce fut sa propre nièce qui annonça à Narcissa que malgré les demandes du Ministre de continuer l'enquête, l'ensemble des Aurors avait conclu que Drago Malefoy avait été tué lors de l'attaque qui avait eu lieu à Pré-au-Lard.

Nymphadora Tonks n'avait pas osé enlacer la femme glaciale qui était la sœur de sa mère, mais elle lui avait posé la main sur le bras en lui murmurant quelques paroles de réconfort.

La métamorphomage avait observé cette tante qu'elle ne connaissait pas avec curiosité, compatissant à sa douleur mais ne sachant pas comment l'aider. Finalement, elle l'avait saluée poliment et lui avait assuré qu'elle pouvait la joindre à n'importe quel moment si elle avait besoin de parler.

Narcissa n'avait pas répondu, n'avait pas laissé voir sa détresse. Cependant, au fond d'elle brûlait le feu de la vengeance. Voldemort lui avait pris son bébé, son unique enfant, alors elle mettrait tout en œuvre pour le détruire. Pour qu'il soit annihilé de sa main même, quelques en soient les conséquences.

Sa nièce avait quitté le Manoir sans qu'elle n'y fasse attention, et Lucius était sorti de sa cachette pour la rejoindre. Après un long moment de silence, Narcissa avait soupiré et levé les yeux vers Lucius. D'une voix douce, elle avait enfin avoué ce qu'elle avait sur le cœur.

- Je veux que Drago soit vengé.

Lucius s'était tendu, comprenant immédiatement ce que sa femme voulait. Il ne pouvait pas dire qu'il était contre, bien au contraire. Depuis son séjour à Azkaban, il avait soif de liberté... et ça impliquait aussi être libéré de l'affreuse marque sur son bras.

Cependant, il avait terriblement peur.

Narcissa était ce qu'il avait de plus précieux au monde, bien plus que son titre de Lord ou que toutes ses richesses. Il lui avait fallu perdre son fils pour s'en rendre enfin compte.

Et face au regard suppliant de son épouse adorée, il ferma les yeux et hocha la tête.

- Comme tu veux ma chérie. Je ferais tout ce que tu voudras.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant