Obsession irrésistible

Dans la maison de mes parents

Il avait fallu un certain temps à Harry pour accepter le fait que Rogue l'avait surpris et avait découvert son secret. Et il lui avait fallu le temps d'accepter que l'homme ne le dénoncerait pas, ni à Voldemort, ni à Dumbledore.

Le Gryffondor savait que Rogue le protégeait depuis sont arrivée à Poudlard. Il lui avait sauvé la vie à de multiples reprises, mais il avait pensé que l'austère professeur de potions agissait sur les ordres du Directeur.

Cependant, il commençait à se poser des questions sur les motivations de l'homme. Il savait qu'il portait la marque des Ténèbres, et il savait qu'il était espion pour l'Ordre.

En dehors de ces faits, l'homme était mystérieux. Il semblait n'avoir aucunes attaches, aucun autre centre d'intérêt que les potions.

Quand le professeur de potions était arrivé dans la Chambre des Secrets, Harry avait cru que la terre s'ouvrait sous ses pieds. Il s'était mis devant Malefoy comme pour le cacher, mais il savait que c'était totalement inutile. Il était évident qu'il avait eu le temps de voir Drago Malefoy, aussi précisément qu'il avait vu Harry.

Harry s'était attendu à beaucoup de réaction s'il venait à être découvert, mais certainement pas à être interrogé sur ses cauchemars.

Cependant, le jeune homme était resté méfiant, et avait passé un maximum de temps avec Drago, craignant d'être dénoncé ou que Rogue ne vienne chercher le Serpentard en son absence.

Malefoy semblait avoir eu les mêmes craintes, parce qu'il avait sursauté à chaque visite de Harry, ne se détendant que lorsqu'il avait identifié le Gryffondor. Quelque part cette réaction avait réchauffé le cœur de Harry, lui indiquant que le Serpentard avait accepté qu'il lui sauve la vie...

Rien de tout ça n'était arrivé. Severus n'était pas revenu, et personne n'avait semblé au courant que Drago Malefoy était en vie et dissimulé dans les entrailles de Poudlard.

Les deux garçons avaient évité le sujet soigneusement, agissant comme si tout était normal, comme si leur nervosité était habituelle. Ils avaient continué à manger ensemble, à discuter de Quidditch - sujet neutre par excellence - ou à travailler les cours. Harry continuait à progresser, sous le regard suspicieux d'Hermione et interrogatifs de la plupart de ses professeurs.

Rogue n'avait rien dit pendant le cours de potions. Il était resté égal à lui-même. Sarcastique et désagréable envers Harry, se fendant malgré tout d'un léger sourire en coin lorsque le Gryffondor avait réussi parfaitement sa potion pour la première fois.

Et puis, alors que Harry résumait à Drago le cours de MacGonagall, Severus était arrivé, en silence comme la fois précédente et était sorti de l'ombre, faisant sursauter une fois de plus les deux garçons.

Si les deux garçons s'étaient posé des questions sur les réactions de leur professeur, ce dernier avait longuement réfléchi à la situation.

Il avait décidé de rester silencieux pour l'instant, et de parler de la situation avec son filleul pour prendre une décision finale. L'enjeu était bien trop important, et les risques pour les deux adolescents étaient énormes.

D'un geste, Rogue métamorphosa une plume appartenant à Drago en chaise et s'installa face aux deux garçons. Il les dévisagea l'un après l'autre, puis soupira.

- Je suppose que vous ne savez pas ce que sont des horcruxes, n'est-ce-pas ?

Harry sursauta violemment et blêmit. Rogue leva un sourcil surpris puis eut un rictus amusé.

- Vous êtes décidément plein de surprises, Monsieur Potter.

- Je vous ai entendu en parler avec le professeur Dumbledore.

Rogue grogna d'agacement, mais il ne pouvait pas réellement en vouloir au jeune homme. Au moins, il n'aurait pas à gérer le choc de l'annonce.

En voyant le regard colérique de Drago sur lui, il songea que le blondinet devait avoir été mis immédiatement au courant... Il soupira.

- Bien. Vous savez donc que ce sont les objets qui confèrent une certaine... immortalité au Seigneur des Ténèbres.

Harry hocha la tête, les sourcils froncés.

- Comment les trouver ? Peut-on les détruire ?

- Pour ce qui est de les trouver, je connais la localisation de quelques uns de ces objets. Dumbledore m'a demandé à ce que je vous escorte pour aller les récupérer. Pour ce qui est de les détruire, il me semble que vous l'avez déjà fait selon le Directeur...

Harry le regarda avec surprise, se perdant dans ses pensées, essayant de déterminer à quel moment il avait pu détruire l'un de ses objets quand d'un coup il écarquilla les yeux.

- Le journal de Jedusor !

Le maître des potions eut un léger sourire d'approbation. Drago grogna.

- Serait-ce trop demander que d'avoir des précisions pour ceux qui ne sont pas au courant ?

Le Gryffondor haussa les épaules.

- En seconde année, quand je suis descendu dans la chambre des secrets, j'ai découvert que c'était Ginny qui l'avait ouverte et qui avait libéré le Basilic. Elle était... possédée à cause du journal d'un ancien élève, Tom Jédusor. Tu le connais mieux sous le nom de Voldemort. Il était en train d'aspirer sa vie pour renaître et j'ai... coupé le lien en détruisant le carnet.

- Comment ?

- J'ai planté le croc du Basilic dans le carnet et... je suppose que c'est le morceau d'âme qui en est sorti et qui a hurlé avant de disparaître.

Drago secoua la tête avec un léger sourire, sans commenter. Il aurait dû se douter que c'était quelque chose d'extraordinaire, il commençait à connaître le Gryffondor et sa propension certaine à attirer les ennuis.

Severus, pour sa part observait Harry d'un oeil surpris, comme s'il était un ingrédient de potion particulièrement rare et inhabituel.

Harry perdu dans ses souvenirs, ne faisait pas attention aux deux regards sur lui. Il soupira pour revenir au présent.

- Professeur ? Où sont ils ? Ces horcruxes que vous avez localisé ?

Rogue hésita et jeta un bref coup d'œil en direction de Drago. Puis il choisit de ne pas parler de la réaction de Narcissa à l'annonce du décès de son fils et de sa croisade pour détruire Voldemort.

- Une personne de confiance m'aide à les rassembler. Ils ont été dissimulé à Godric's Hollow, un endroit dont vous devez avoir entendu parler.

- Dans la maison de mes parents ?

- Il semblerait, oui. Nous nous y rendrons au week-end.