Documentaire

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Harry soupira une fois de plus en voyant Hagrid s'extasier devant une de ses créatures pleine de dents et de griffes. Il adorait réellement le demi-géant. Il avait été son premier ami sorcier, il lui avait offert son premier cadeau d'anniversaire. Il était celui qui était venu le chercher chez son oncle et sa tante, et qui lui avait donné de l'espoir pour le futur. Autre chose qu'un placard et que la perspective de se retrouver à Saint-Brutus.

Hagrid était plein de qualités, Harry le pensait sincèrement. Il était gentil, loyal. Fidèle.

Mais il n'était définitivement pas fait pour choisir le sujet de ses cours.

Il pouvait être un bon enseignant, la plupart du temps. Mais sa passion pour les animaux dangereux était un vrai calvaire pour ses élèves en général et pour Harry en particulier.

Fatalement, Harry se retrouvait régulièrement en première ligne. Il savait qu'il était l'élève préféré de l'homme - ce dernier n'en faisait pas mystère - et pour cette raison, il était bien trop souvent désigné volontaire sans avoir eu son mot à dire.

Il ne refusait jamais pour ne pas froisser Hagrid, mais il en venait parfois à aller en cours de soin aux créatures magiques à reculons.

Comme souvent après un cours avec Hagrid, Harry rentrait au château de mauvaise humeur, couvert de boue et de terre, les cheveux encore plus en bataille qu'à son habitude. Une fois de plus, il avait été désigné par Hagrid pour venir l'assister et forcément, le demi-géant avait choisi des créatures "totalement adorables" et "fascinantes" pour lui. Autrement dit, dangereuses et susceptibles.

Lorsque Malefoy assistait aux cours avec eux, il n'aurait pas hésité à se moquer de Harry en le voyait mordre la poussière après avoir échappé de justesse à un coup de crocs vicieux. Cette fois pourtant, aucun Serpentard ne fit la moindre réflexion. Ils restèrent silencieux, presque apathique, suivant le cours d'un air complètement apathiques.

Le Gryffondor hésita un bref instant. Il avait envie de retourner à son dortoir prendre une douche brûlante et se débarrasser de toute la crasse accumulée. Mais il avait promis à Malefoy de passer le voir à la fin du cours pour lui apporter un livre.

Avec un soupir, il prit la direction des toilettes du troisième étage, décidant qu'il pouvait différer sa douche de quelques minutes.

En le voyant arriver dans cet état, Drago le détailla l'œil rond.

- Par Merlin ! Tu t'es roulé dans la boue ou quoi ?

Harry grogna et se laissa glisser au sol contre le mur avec un soupir fatigué.

- Cours de Hagrid. Pas besoin de te faire un dessin je suppose ?

Le blond gloussa en secouant la tête et leva un sourcil amusé.

- Une créature fascinante je suppose ?

- C'était aussi intéressant que les documentaires animaliers qu'oncle Vernon regardait à longueur de week-end ! Interminable et dans mon cas salissant...

Face au regard narquois du Serpentard, il leva les yeux au ciel dramatiquement et lâcha enfin, dans un souffle.

- Scroutt à pétard.

Drago resta silencieux une fraction de seconde avant de se mettre à rire. Harry le laissa se moquer sans protester, souriant.

Lorsqu'il se calma, le Serpentard l'interrogea.

- C'est quoi un documentaire animalier ?

- C'est un reportage sur les animaux qui passe sur la télévision moldue. Tu sais ce que c'est ?

Drago haussa les épaules.

- Burbage en avait parlé dans son cours sur les moldus. C'est la boîte qui diffuse les images, c'est ça ?

Harry hocha la tête avec enthousiasme, un large sourire vissé sur les lèvres.

Drago se pencha en avant, les yeux brillants.

- Et donc, tu regardais ça, enfant ? Les documentaires ?

Harry grimaça et détourna les yeux. Sa réaction n'échappa pas à Drago qui ne fit pas la moindre réflexion bien qu'il se posa de nombreuses questions.

Finalement le Gryffondor soupira en haussant les épaules.

- Pas vraiment. Je ne regardais pas vraiment la télé.

- Alors que faisait le petit Potter ?

Harry grimaça de nouveau. Il croisa le regard de Drago et se perdit dans ses yeux couleur acier, puis sur un coup de tête, il commença à parler les yeux dans le vague.

- En fait, j'ai vécu chez mon oncle et ma tante qui pensent que je suis un monstre. Ils n'aiment pas la magie...

Drago retint une exclamation de stupeur, devinant que s'il émettait le moindre son le Gryffondor se refermerait et ne parlerait plus. Il avait envie d'en savoir plus, de comprendre un peu mieux le garçon étrange face à lui. Potter avait toujours été un mystère pour lui, et il avait enfin l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui.

Harry laissa échapper un petit rire triste, amer.

- J'ai... J'ai grandi dans un placard. En fait, si Voldemort voulait s'assurer de la coopération du monde sorcier pour détruire les moldus, il aurait juste à... à présenter ma famille. Ils méprisent les sorciers et ce sont probablement les gens les plus obtus qui existent.

Harry secoua la tête, comme s'il sortait de ses pensées, et cligna des yeux. Drago se frotta les yeux et choisit de parler de son enfance, lui aussi.

- J'ai eu beaucoup de chances de mon côté. Mon père est peut être un Mangemort mais... Il a toujours été présent. Je suppose que j'ai toujours connu le meilleur du monde magique.

Harry eut un sourire malicieux.

- Ton père peut avoir l'air effrayant pourtant, non ?

- Il l'est. Quand il est en colère. Mais... Je sais pas, il nous a toujours protégé. Je suppose qu'il est devenu Mangemort parce que son père l'était.

Le Gryffondor ferma les yeux et soupira.

- Nous sommes vraiment opposés sur tout, apparemment.

Drago fronça les sourcils et laissa échapper un reniflement agacé.

- Et ça te pose un problème, Potter ?

Loin de s'offusquer du ton soudain froid du Serpentard, Harry se mit à rire, totalement décontracté.

- Pas vraiment. A première vue, ça ne nous empêche pas de nous entendre. J'aurais... J'allais dire que j'aurais aimé qu'on soit amis au début, mais je ne regrette pas non plus d'avoir été proche de Ron et d'Hermione.

Drago eut un sourire malicieux.

- Trewlanney te parlerait de destinée et de karma. Ou quelque chose comme ça.

Harry soupira en secouant la tête, les yeux brillants.

- Nous ne voudrions pas lui donner tort, n'est-ce-pas ?

Le sourire qu'ils échangèrent valait tous les discours.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant