«La plus belle courbe sur le corps d'une femme est son sourire.» Bob Marley
~~~~~~~~~~~~~~YASEEN HAKIM
Je suis tellement en colère contre elle. Elle ne m'a pas fait confiance alors que moi je lui ai raconté tous les moindres aspects de ma vie.
J'ai décidé de repartir en Turquie. Plus rien ne me retient ici à présent. Machita se débrouille très bien sans moi. Il faut que je m'éloigne d'elle, le plus vite possible.
- Tu me déçois Yaseen, déclara Osman en entrant dans mon bureau.
- Je m'en fou.
- Tu ne devrais pas ! Où est passé mon meilleur ami ? Celui qui se bat pour ce qu'il veut ?
- Je ne veux rien donc je n'ai pas à me battre.
- Bien sûr que si ! Tu veux Machita ! Tu l'aimes.
- Ne redis plus jamais ça ! Je ne l'aimes pas et ça n'arrivera jamais.
- Si tu ne l'aimes pas alors explique-moi pour quelle raison tu as fait tout ça pour elle. Tu lui as trouvé du travail et tu lui donne un salaire beaucoup plus grand que ce que tu ne devrais. Tu l'as protège même quand elle te repousse. Tu as offert une maison à sa famille sans même qu'elle ne le sache. Si ce n'est pas de l'amour alors explique-moi ce que c'est.
J'ai à peine le temps de répondre que la servante me préviens d'une visite.
- Qui est-ce ?
- C'est Mlle El Mashad. Elle attend dans le salon.
- Dis-lui que je ne suis pas là !
Osman me regarde désespéré. Tant pis pour lui mais je n'ai aucune envie de voir Machita.
- Mais monsieur...
- Je t'ai dit de lui dire que je n'étais pas là !
- D'accord.
MACHITA EL MASHAD
La servante revient en me disant qu'il était sorti. Je sais que c'est faux car sa voiture est garée à l'entrée. Alors soit il est sorti à pied, ce qui m'étonnerait véritablement, soit Yaseen tente de m'éviter.
Il est hors de question que je vienne jusqu'ici pour rien. D'un pas décidé, je me dirige vers son bureau malgré les contestations de la servante. Je ne l'écoute pas et entre sans toquer dans son bureau. Il était assis sur le canapé avec Osman.
- Tu tentes de m'éviter Yaseen !
- Sors d'ici Machita et rentre chez toi.- C'est vrai que tu t'en vas ?
Il ne dit rien et se contente de me fixer. Cela m'exaspère au plus au point. J'ai l'impression de parler à un mur.
Osman se lève et s'en va pour nous laisser seuls.
- Je suis désolée Yaseen, je suis vraiment désolée pour tout.
Il ne dit toujours rien et se lève avant de se mettre face à la fenêtre, dos à moi.
Je ne sais plus quoi faire.
- J'ai déjà été mariée, déclarais-je avec une voix tremblotante.
L'idée de devoir replonger mon esprit dans les souvenirs de cette période si sombre de ma vie me donne les larmes aux yeux.
- Je le savais déjà, dit-il sèchement.
- J'ai déjà été mariée avec...avec un homme qui me...me battait... Pendant trois années, j'ai vécu l'enfer à ses côtés. Il est venu demander ma main quand j'avais dix-neuf ans et j'ai accepté pour un peu soulager mes parents. Je ne savais pas qu'en fait mon propre frère était derrière ça. Le jour j'étais l'esclave et la nuit je devenais son objet de plaisir. Mon corps est recouvert de cicatrices et de brûlures à cause de lui. Il a détruit ma vie, il a complètement saccagé mon esprit avant de partir. Et comme si ça ne suffisait pas, il y'a peu de temps, il a remporté le procès que j'avais moi-même voulu faire. Il a été jugé non coupable et moi on m'a traité de folle parce que je suis pauvre et lui il est riche.
Je me mordais la lèvre pour ne pas pleurer. Mais...je ne suis pas parvenue à me maîtriser.
Je suis sortie de la villa presque en courant avec la simple envie de m'éloigner. Au loin, j'aperçois un parc. Il n'y avait personne. Je m'assois sur un banc et tente de me calmer mais rien n'a faire, ces satanées larmes ne veulent pas cesser de couler.
YASEEN HAKIM
Je reste muet pendant plusieurs minutes, encore sous le choc de ce qu'elle venait de me raconter. Elle a été battue pendant trois années ?
Soudainement, je renverse tout ce qui se trouvait sur mon bureau. Je ressens une vive colère au fond de moi et je me sens encore plus idiot de l'avoir jugé ainsi sans même savoir ce qu'elle avait vécu.
Quelle idiot je suis !
J'ai besoin de la voir.
Je sors de mon bureau et descends les escaliers par trois.
Je prends ma voiture et roule en direction de l'arrêt de bus. En passant près du parc, je la vois assise sur un banc. Je m'arrête rapidement et me dirige vers elle.
- Pardonnes-moi.
C'était la seule chose que j'avais réussi à dire face à ses larmes.
- Je me sens tellement con et idiot ! J'aurais dû te laisser t'expliquer mais au lieu de ça, j'ai agi comme un imbécile... Je suis tellement désolé Machita.
Elle me fixe intensément avec des yeux larmoyants et chuchote un petit "Ce n'est pas grave".
Je ne pus m'empêcher de m'asseoir près d'elle et de la serrer dans mes bras. Elle répond à mon étreinte et se cale contre mon torse.
- Alors tu ne repars plus en Turquie ?
- Non, maintenant j'ai une bonne raison de rester, dis-je en lui caressant la joue.
Elle sourit.
Mon coeur bat plus fort face à son sourire.
- Ne t'inquiète pas Qalbi, je suis là pour toi maintenant.
Après quelques minutes dans cette position, elle se détache de moi et me dit qu'elle doit rentrer. Je décide de la raccompagner chez elle.
- Mon frère se marie avec ma meilleure amie vendredi prochain, si tu veux tu peux venir, me dit-elle.
- Je serais là Insha'Allah.
Arrivés à destination, je coupe le moteur et elle ouvre la portière pour descendre.
- Attends !
Elle se retourne et me lance un regard interrogateur.
- J'ai oublié quelque chose ?
- Oui, ça...
Je lui donne un baiser au front et elle baisse le regard en souriant.
Je redémarre la voiture après qu'elle soit rentrée et rentre chez moi, le sourire aux lèvres, l'esprit rêveur, le coeur rempli de bonheur.
Osman aurait-il raison ?
Suis-je vraiment amoureux de Machita ?
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Dituogr
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À travers mes yeux
General FictionHussein était assis devant celui qui avait son avenir et celui de sa famille entre ses mains. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'il avait commencé sa longue et dure recherche de travail. Il essuyait sans cesse des échecs. Les employeurs lui...