Chapitre 4

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« Gabriel, c'est le genre de personne que t'adore fréquenter en secret. Il a un don pour te donner l'impression que t'es spécial et c'est presque insupportable quand ça s'arrête. Mais à qui peux-tu te plaindre du manque puisque ta seule excuse quand on te demande pourquoi t'as été vu avec lui, c'est que tu t'en souviens pas parce que t'étais bourré ? »

— Christopher Williamson


J'ai accepté de rejoindre Christopher dans un café parce qu'il me harcèle depuis presque une semaine. Comme William avait un dîner de merde avec Fabiolito, j'ai accepté de le rejoindre. Chris me fait traverser la moitié de la ville en vélo alors j'espère qu'il a une raison valable pour ça.

J'arrive en retard, évidemment, et il est déjà là. Il se lève quand il me voit parquer mon vélo devant la vitrine avant de se rassoir immédiatement, certainement parce qu'il est gêné d'avoir fait ça. En effet, c'était assez étrange.

« Salut. »

Je me laisse tomber sur le siège en face de lui, ignorant le mouvement qu'il fait vers moi. Je ne sais pas s'il voulait m'embrasser, me faire une accolade ou taper dans ma main, dans tous les cas, je n'avais pas envie d'accorder d'attention à son geste.

« Euh... salut. Tu veux boire quelque chose ? Une bière ? Un cocktail ?

— J'suis mineur. »

Il blêmit que je l'ai dit aussi fort. Peut-être même qu'il blêmit parce que c'est quelque chose qu'il avait oublié.

« J'vais prendre un jus d'ananas.

— D'accord. »

Le silence qui s'installe est vraiment gênant et au bout d'une très longue minute – peut-être deux – un serveur vient à notre rescousse. Christopher commande pour nous et le silence refait surface.

« Bah quoi, y a un problème ? Tu m'as fait venir pourquoi ? Me regarder dans le blanc des yeux ?

— Non, non, désolé. C'est con à dire, mais tu m'impressionnes. »

Je le dévisage quelques secondes avant de pouffer de rire.

« C'est avec ce genre de phrase à la con que tu comptes te faire pardonner ?

— Non, non. Mais d'ailleurs, à ce propos... je suis vraiment désolé. Je ne pensais pas que ça irait si loin. Je ne savais pas que quelqu'un filmait.

— Tu m'étonnes. »

Mon ton est cinglant et ça le fait réagir.

« Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que sinon tu ne m'aurais jamais demandé d'te sucer. J'suis pas con, Chris. T'sais, moi j'ai pas de problème avec mon image. J'aime les bites, je suis à l'aise avec ça. Apparemment, ce n'est pas ton cas donc je n'ai aucun doute sur le fait que, si t'avais su que c'était filmé, il ne se serait rien passé. »

Il reste sans voix un moment. C'est vraiment étrange de voir cette grande gueule, complètement paumée ; on dirait presque qu'il est véritablement intimidé, ce con.

« J'suis pas gay, Gabriel.

— Moi non plus. »

Je lève les yeux au ciel en riant. C'est fou ce que les pédés refoulés ont du mal avec leur image. Comme si admettre qu'ils étaient gays les rendait moins virils ; c'est complètement con, non ? Moi je suis gay et je n'aime que les mecs virils – et j'en trouve. Y a qu'à voir Will. Etre gay ne te prive pas d'être un homme et beaucoup de gens ont du mal à le comprendre.

GabrielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant