Chapitre 5

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« Gabriel, je l'adore trop. Plus tard, j'aimerais bien qu'il tombe amoureux de moi pour qu'on se marie ! »

— Elsa Parker


Il est 18 heures lorsque je sonne chez les Parker. J'ai téléphoné avant de venir, histoire d'être sûr que j'étais toujours le bienvenu ; Dieu merci, ces gens-là n'ont pas d'adolescent sous leur toit et sont bien loin de tous les ragots de quartier.

« Entre Gabriel ! J'ai les mains dans la vaisselle. »

J'ouvre la porte et je dépose directement mon sac à dos sur le sol, une fois à l'intérieur.

« Salut !

— J'ai couru partout toute la journée ! Ça t'ennuie si je vais faire des courses pendant le cours ? Oh, bon sang, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? »

Lorsque j'arrive dans la cuisine et qu'elle tourne la tête pour m'apercevoir, Lorna, la maman d'Elsa, peut constater à quel point la voiture qui m'a renversée ne m'a pas raté. Des bleus et des hématomes me sont apparus un peu partout sur le corps – également sur le visage – mais le plus impressionnant reste sans doute toutes les égratignures qui sont encore un peu à vif.

« J'ai eu un petit accident y a deux jours. Mais ça va.

— On peut reporter le cours à plus tard, tu sais ? Puis Elsa n'est pas très en forme.

— Ah non ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

— Je n'en sais rien, depuis son retour de l'école, elle n'a pas prononcé un mot, elle n'a pas voulu aller au parc. Elle ne s'est même pas assurée que tu allais venir aujourd'hui.

— Allez faire vos courses, je m'en occupe.

— Super ! »

Elle termine de rincer sa casserole avant de sécher ses mains. En moins d'une minute elle saute dans ses chaussures et la porte claque derrière elle lorsqu'elle s'en va, laissant un silence pensant envelopper la maison.

« Elsa ? Tu descends ? On va commencer un nouveau morceau. »

Je n'ai aucune réponse, mais j'entends une porte s'ouvrir ; Elsa se traine littéralement jusqu'à moi, la mine triste.

« Salut Gabriel. »

Elle traverse le salon pour aller s'installer sur le banc face au piano ; je m'installe près d'elle, chagriné de la voir dans cet état. Ça fait un an que je lui donne des cours de piano chaque jeudi, sans exception. Elle est tellement mignonne et pleine de vie normalement que j'en serais presque déstabilisé.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Bah... rien.

— Ta maman est partie faire les courses, on est que tous les deux. »

Malgré ça, elle hoche la tête et pose ses doigts sur les touches. Je n'insiste pas, du moins pas tout de suite. Elle me demande tout de même ce qu'il m'est arrivé et quand j'ai terminé mon récit de chute de skateboard complètement faux, on passe un bon quart d'heure à déchiffrer une nouvelle partition avant de commencer à la travailler. C'est compliqué parce qu'elle a vraiment la tête ailleurs ; en temps normal, c'est une excellente élève qui apprend vite et bien.

« Tu veux qu'on reprenne jeudi prochain ?

— Bah... pourquoi ?

— Parce que t'es pas concentrée. »

GabrielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant