Chapitre 6

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« C'est vrai que Naël est le meilleur ami de mon frère, mais étant donné la manière dont il le traite en ce moment, j'ai beaucoup de mal à rester à ma place de simple sœur du meilleur ami. Après tout, moi aussi je le connais depuis toujours. »

— Marie Saint-Clair


Je crois que ma mère sait que quelque chose ne va pas parce qu'elle n'a jamais autant été sur mon dos. En temps normal, ça ne me gêne pas et j'aime vraiment être chouchoutée, mais pas aujourd'hui, ni hier, ni tous les autres jours qui ont précédé celui-là. Evidemment, ça l'inquiète encore plus et c'est comme un cercle vicieux : plus je la repousse, plus elle s'inquiète et tente de comprendre, plus ça m'étouffe et plus je la repousse. C'est sans fin. A tel point que lorsque Marie m'envoie un message pour me proposer de sortir, j'accepte immédiatement pour sortir prendre l'air.

« Naël, mon cœur, où est-ce que tu vas ?

— J'en sais rien, surprise de Marie. »

Ma mère ne répond rien ; elle apprécie beaucoup les Saint-Clair alors elle pense sans doute que c'est une bonne idée. Moi j'y vais pour fuir ma mère et, peut-être que j'espère que Gabriel se montrera à un moment ou à un autre.

« Prêt pour une virée ? »

Elle demande en attrapant mon bras pour me trainer jusqu'à l'arrêt de bus.

« Où ça ?

— Au centre commercial. Je rejoins des amis pour faire un bowling. Je me suis dit que ça te plairait sûrement.

— Alors qu'il y a un super soleil ?

— Et une chaleur à nous faire fondre. Vois le bon côté des choses : y aura pas grand monde ! »

J'affiche un pâle sourire. Quand on monte dans le bus, je me dis que, peut-être, j'aurais pu fuir ma mère en allant me balader seul dans la forêt qui borde la ville.

« Bon... on va en parler maintenant pour ne pas gâcher l'après-midi, ok ?

— De quoi ?

— Arrête, Naël, je vois ton air morose. »

Je soupire en fixant le sol quelques instants. Le trou béant dans ma poitrine est si vif que j'en ai du mal à respirer. C'est comme si j'avais essayé de vaguement le boucher avec quelques boulettes de papiers et que je me prenais un seau d'eau dans la tronche. Tout s'effondre et je me souviens à quel point il me manque.

« T'as pas de nouvelle ? »

Elle secoue la tête. Tant mieux, parce que j'aurais été jaloux alors qu'elle doit souffrir autant que moi.

« Il est de nouveau avec William. »

Elle me l'annonce sur un ton presque inaudible. Comme pour me protéger. Mais c'est trop tard, j'ai déjà mal.

« Je sais, il me l'a annoncé lui-même. J'ai plus de nouvelle depuis.

— Ah. »

Elle ne dit rien pendant quelques secondes qui semblent interminables. Moi, j'ai l'impression que tout va de travers au moins autant que chaque chose est à sa place : je suis relayé au rang de pote en attendant d'avoir de l'importance à nouveau pendant que Gabriel passe un superbe été avec l'homme parfait à ses yeux. Le seul qu'il ait jamais aimé.

Malgré moi, les larmes me montent aux yeux.

« Naël... je suis vraiment désolée. Tu sais à quel point Gabi peut être con. C'est pas contre toi, c'est simplement que...

GabrielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant