« Le plus difficile ce n'est pas forcément la perte d'un être cher, mais plutôt de réaliser qu'il ne nous a jamais appartenu. »
— Fabio Antonelli
Je sors de ma salle de réunion complètement excédé et je décroche avec rage mon portable qui sonne depuis la cinquième fois consécutive. C'est un moment clé de ma vie et si les investisseurs me suivent dans mon projet, je suis de nouveau à flot, sans l'aide personne. Cependant, ça fait cinq heures qu'on débat, je n'en peux plus, et j'ai eu beau laisser sonner ou basculer en messagerie, mon interlocuteur n'a pas lâché prise. Je me suis excusé auprès de tout le monde pour prendre l'appel immédiatement.
« William Powell ?
— Lui-même, je réponds avec lassitude.
— Dr. Wilson à l'appareil. Etes-vous un parent de Gabriel Saint-Clair ? »
L'espace d'un instant, j'arrête de respirer. Je n'ai pas entendu ce nom depuis des mois et le mauvais pressentiment qui m'envahit m'effraie vraiment. Pourquoi est-ce qu'on m'appellerait, moi, si ce n'était pas quelque chose de grave ?
« Mr Powell ?
— Je suis là, pardon. Qu'est-ce qu'il se passe avec Gabriel ?
— Etes-vous un parent ? Je ne peux m'adresser qu'à quelqu'un de sa famille et cette carte de visite était sur lui quand nous l'avons retrouvé.
— Retrouvé ? Retrouvé de quoi ? Où ? Il avait vraiment fugué ?
— Fugué ?
— Bon écoutez, qu'est-ce qu'il se passe avec Gabriel ? Où est-ce qu'il est ? Je peux prendre un train pour venir le récupérer, s'il le faut.
— J'ai du mal m'expliquer : je vous appelle du Guatemala.
— Pardon ? Qu'est-ce que Gabriel irait foutre au Guatemala ?
— Ecoutez, vous n'êtes visiblement pas un proche alors sauriez-vous m'indiquer qui joindre ? C'est très important.
— Mais si, je suis un proche ! Bon sang ! Ça fait des mois qu'on le cherche et qu'il y a des affichettes partout en ville, bordel de merde ! Alors vous allez me dire ce qu'il fout au Guatemala et pourquoi est-ce qu'un médecin me téléphone ? »
Je hurle à moitié dans le combiné, tant et si fort que Fabio sort de la salle de réunion.
« Tout va bien ?, il demande du bout des lèvres.
— Est-ce que j'ai l'air d'aller bien là ? Nan mais franchement, tout le monde se fout de ma gueule aujourd'hui ?! Oh, Wilson ! Vous allez me dire ce qu'il se passe ?
— Il y a eu un attentat lors dans une école clandestine, pas loin de Tikal, au cœur de la jungle. Apparemment, Mr Saint-Clair résidait dans un hôtel d'El Caoba, nous avons pu récupérer les quelques affaires qu'il possédait. Il a été blessé et le rapatriement sanitaire médicalisé serait la meilleure option mais il n'a pas d'assurance et la situation presse.
— Un attentat dans une école clandestine ? »
J'éclate de rire – et c'est sans doute nerveux. L'espace d'une seconde, je me sens soulagé parce que je comprends que tout ceci est bien trop gros pour être vrai. Gabriel est toujours dans la démesure : il est forcément en train de se payer ma tête.
« Putain, j'ai presque failli vous croire. Il est à côté, c'est ça ? Il est mort de rire en vous écoutant ? »
Le silence qui suit ma question me calme presque instantanément. Personne ne rit, ni le médecin ni Gabriel. Je sens à nouveau que l'air parvient difficilement à mes poumons.
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Gabriel
Teen FictionGabriel est un jeune homme mal dans sa peau, même s'il ne le montre jamais. Gabriel est entier, passionné, turbulent et provocateur. Gabriel sait ce qu'il veut et pourquoi il le veut. Gabriel n'a aucune limite et c'est ce qui fait qu'on l'adore ou q...