« Parfois, on fait bien de croire au destin. »
— Naël Hart
Lorsque William rentre enfin, j'ai à peine bougé de ma place. Je suis toujours là, prostré, avec un trou béant au milieu de la poitrine et une estime de moi plus basse qu'elle ne l'a jamais été. J'essaie de me dire que je ne souffre pas vraiment, que c'est simplement dû au choc de la nouvelle, mais le visage de William qui se décompose lorsqu'il croise mon regard me retourne l'estomac.
« Gabi, mais qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ? »
J'ai envie de lui demander si j'ai l'air d'aller bien et ponctuer cette phrase par une insulte, mais je n'y arrive pas.
« Tu vas te marier ? »
Immédiatement, il passe une main sur son visage, dépité. Je n'arrive même pas à savoir s'il fait semblant d'être emmerdé ou non.
« Il était là ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Que la pute que je suis a intérêt de passer par la porte de service si elle ne veut pas des ennuis. Et des ennuis, c'est quoi ? Risquez que cet enculé te coupe les vivres, c'est ça ? Tu m'as emmené en vacances avec l'argent de ce connard ?
— Gabriel, si tu t'énerves, on ne va pas pouvoir discuter.
— Discuter ? Mais de quoi ? Quand j'ouvre la bouche c'est parce que t'y fourres ta bite, putain de merde ! On ne parle pas ! Jamais ! T'as pas le temps pour ça ! T'as le temps de rien parce que finalement je suis là uniquement pour te vider les couilles et basta.
— C'est ce qu'il t'a dit, c'est ça ?
— Pourquoi tu veux savoir ce qu'il m'a dit ? Pour déformer son discours point par point en tournant les choses à ton avantage ?
— Pour rétablir la vérité, mon cœur. »
Cette phrase déclenche une telle vague d'émotion en moi que je réalise que je n'ai jamais autant chialé de toute ma vie. Je peine à reprendre mon souffle, j'ai envie de hurler, de tout jeter en l'air tellement j'ai mal, pendant que William reste posté devant moi, comme un sombre con, bien trop longtemps pour que la douleur ne se transforme pas en haine.
Quand je m'approche pour le bousculer, il saisit mes poignets et me fait une clé de bras qui me fait chialer encore plus. Je ne sais même pas si c'est parce que j'ai mal, honte ou les deux, mais je suis épuisé et lorsqu'il me conduit jusqu'au lit pour m'y plaquer, je n'arrive même pas à lutter.
« Je suis ruiné, Gabriel. Complètement ruiné. Même en vendant mes hôtels, je ne couvrirai pas mes dettes alors je n'ai pas le choix parce que Fabio a l'argent qu'il me faut pour remonter.
— Mais l'argent ne sera pas à toi. »
Comme si je risquais de lui faire mal, William continue de me maintenir sur le lit avec sa clé de bras à la con pendant que son autre main maintient fermement mes cheveux. J'ai la tête écrasée dans les draps et je peine à respirer, mais ça n'a pas l'air de le déranger. Je n'ai même pas la force de me débattre alors je reste immobile en attendant que ça passe.
« Non, l'argent ne sera pas à moi. C'est pour ça que je dois me marier et rester avec lui.
— Donc c'est la vie que tu choisis de mener ? Le mensonge et les faux-semblants ?
— Parfois, on n'a pas le choix, mon cœur. Tu le sais.
— Et moi alors ?
— Tu as ta place ici, tu peux rester autant que tu le veux.
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Gabriel
Teen FictionGabriel est un jeune homme mal dans sa peau, même s'il ne le montre jamais. Gabriel est entier, passionné, turbulent et provocateur. Gabriel sait ce qu'il veut et pourquoi il le veut. Gabriel n'a aucune limite et c'est ce qui fait qu'on l'adore ou q...