11. Matthieu

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Nous venions de nous séparer, chacun dans notre voiture pour ensuite se rejoindre et manger ensemble. Cela m'avait fait du bien de lui parler, elle m'avait écouté et aidé à me sentir mieux. Même dans une situation comme celle-ci, j'étais quand même heureux, heureux qu'elle accepte d'être près de moi, heureux de me sentir important à ses yeux. Elle me regardait enfin.

Nous mîmes vingt minutes pour y arriver, nous nous garâmes l'un à côté de l'autre et entrâmes pour commander.

— J'ai bien envie sur deux hamburgers, lança-t-elle très envieuse en regardant le panneau au-dessus des serveuses.

— Deux hamburgers ? Demandai-je étonné et amusé, tu n'as pas peur que ça fasse trop ?

Elle me regarda amusée.

— Ne me sous-estime pas, mais de toute façon je n'ai pas assez d'argent.

— Si tu veux, je te le paye, proposai-je.

— Non merci, je n'ai pas besoin qu'on me fasse la charité.

— Je voulais juste te faire plaisir, m'amusai-je de sa réaction.

— Alors c'est très gentil, mais non merci.

— Comme tu voudras, répondis-je en haussant les épaules.

— Maintenant le tout sera de choisir entre les deux qui me plaisent.

Je l'observai très concentrée sur sa commande, cela me fit rire, je ne l'avais jamais vue si sérieuse.

— Oh et puis merde, choisis pour moi, lança-t-elle agacée.

— Ok, souris-je amusé, alors je te conseille celui-là, il m'a l'air plus gros, si tu as vraiment faim...

Elle se tut quelques instants.

— Ok, va pour celui-là.

Au même moment la serveuse nous interpella et nous nous avançâmes jusqu'à elle. Je décidai de prendre pour ma part deux hamburgers également, Hannah me regarda avec de grands yeux ronds et je lui souris malicieux. Une fois servis nous nous installâmes près d'une fenêtre qui donnait sur l'extérieur.

— Je pensais que deux hamburgers c'était trop ? Demanda-t-elle une fois assise.

— Oui tu as raison, tu veux la moitié de celui-là avec moi, proposai-je souriant tout en lui tendant la boîte que je venais de sortir.

Elle fronça les sourcils, me fixa, regarda l'hamburger, puis m'observa à nouveau.

— T'es un malin toi, répondit-elle amusée en me prenant l'hamburger des mains.

Elle mordit dedans à pleines dents et elle eut un petit gémissement de plaisir.

— Qu'est-ce que ça fait du bien ! T'as vraiment eu une bonne idée de venir ici.

— Ça fait si longtemps que ça que tu n'es pas venue ? Demandai-je en prenant mon autre hamburger et en l'entamant.

— Depuis que j'ai eu mon bac, on avait été le fêter là aussi, enfin, à celui de chez nous.

— On ?

— Ouais, avec Pauline, Alex et d'autres amis à eux, je n'ai pas retenu les noms.

Elle partit dans ses pensées.

— C'était même assez bizarre parce qu'Alex et moi étions un peu distants l'un envers l'autre à cause d'Amélie. Mais il tenait à être présent pour cet évènement, finit-elle en souriante.

Je ne pus m'empêcher de ressentir de la jalousie, je me souvenais du moment où elle avait appris qu'elle avait eu son bac, nous n'étions pas loin l'un de l'autre, elle ne m'avait d'ailleurs pas remarqué, elle n'avait pas explosé de joie, mais plutôt poussé un soupir de soulagement, par contre Pauline lui avait sauté dans les bras et cela m'avait fait sourire. Soudain je me rendis compte que je n'avais jamais aperçu Alex près d'elle auparavant.

— Et toi ? Demanda-t-elle soudainement. Tu l'as fêté comment ?

— Oh, avec ma mère nous avons été au restaurant le soir même. Et mon père avait organisé une soirée dans son bar, je crois qu'il avait envie de le crier au monde entier, rigolai-je.

— Ça devait être génial, sourit-elle sincèrement.

Je lui souris tristement en retour, je ne pensais pas à l'époque que je serais en froid avec lui quelques mois plus tard.

— C'est assez dingue de penser que nous étions dans la même classe toi et moi à ce moment-là, commença-t-elle en me donnant la moitié de notre hamburger. Que nous étions même côte à côte aux résultats du bac et qu'il a fallu attendre l'université pour que l'on se découvre, pour que tu...

Elle se stoppa net, je la vis tout d'un coup gênée, ne lâchant pas mon regard.

— Pour que je t'aime ? C'est ça que tu voulais dire ? Demandai-je tendrement.

J'avais envie qu'elle se le rentre dans la tête. Elle se mit à rougir et baissa instantanément les yeux vers ses frites, qu'elle se mit à manger.

— Tu n'étais pas obligé de le dire aussi aisément, râla-t-elle.

— Excuse-moi, répondis-je amusé. En tout cas je suis étonné de savoir que tu m'avais remarqué ce jour-là.

— Tu parles, je te remarquais à des kilomètres à la ronde, lança-t-elle bougonne, appuyée sur sa main en jouant avec ses frites.

Je ne dis rien à cette révélation tellement ses propos furent inattendus puis elle remarqua à son tour ce qu'elle venait de dire et se redressa avant de reprendre.

— Ce que je veux dire par là, c'est que tu étais facilement remarquable, à chaque fois que je levais les yeux je te voyais, c'était très agaçant, finit-elle énervée.

Je souris à cet aveu, elle me remarquait. Un silence s'installa entre nous, Hannah n'osait plus me regarder, je décidai donc de changer de sujet.

— Je n'ai jamais vu Alex au lycée, par contre.

— C'est normal, il est parti dans un autre lycée que le mien, après le collège j'ai déménagé un peu plus loin et ma mère a préféré me mettre dans le lycée près de chez moi, mais ça ne nous a pas empêchés de nous voir quasiment tous les jours, sourit-elle amusée. J'avais beaucoup de mal à me passer de lui, il était ma bouée.

Elle marqua une pause.

— C'est marrant de voir comment on a évolué, j'aurai toujours besoin de lui, mais... il n'est plus le numéro 1, finit-elle en me regardant.

Je sentis mon cœur exploser en entendant cet aveu, j'étais devenu si important dans sa vie ? Je la regardai un moment, le temps d'encaisser, elle était très gênée, mais elle ne me lâcha pas des yeux pour autant.

— Tu sais, me dire ça, alors que je t'aime, c'est très dur de ne pas t'embrasser après ça.

Elle me sourit.

— Oui ben il va falloir te retenir, hors de question que l'on fasse ça dans un lieu public.

Puis elle se détourna, le regard amusé en buvant son soda. Je souris à mon tour, je ne comprenais pas ce qui la bloquait tant que ça à sortir avec moi, mais je devais arrêter de me poser ce genre de questions et profiter de cette nouvelle entente pour être encore plus proche d'elle.

Nous finîmes notre repas de façon plus légère, je la fis même rire à quelques reprises, j'étais tellement heureux d'être l'auteur de ses rires. Tout était parfait, elle était parfaite.

Une Saison Suffit - 2. La pivoine | FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant