Une Saison Suffit - 2. La pivoine | Fin

37. Hannah

Il fut convenu durant le mercredi que nous nous retrouvâmes tous ensemble jeudi soir, seulement les amis de Matthieu et les miens, pour une soirée très détente chez nous à boire un verre. Matthieu était arrivé en avance comme à son habitude, il tenait à être présent quand ses amis arriveraient. C'est ce qu'ils firent d'ailleurs très vite, j'étais toujours très mal à l'aise à l'idée de voir Xavier, cela me gênait qu'il sache pour Matthieu et moi et je n'arrivais pas à être cent pour cent moi-même.

Max arriva avec sa bonne humeur à toute épreuve, même si d'après Matthieu il l'était seulement quand il fallait faire la fête. Quant à Nicolas, je n'arrivais toujours pas à savoir s'il nous appréciait vraiment. Nous nous installâmes autour de la table à manger, Matthieu et Thomas étaient en train de choisir quelles chansons mettre et moi, j'étais déjà à mon deuxième verre de whisky. Pauline s'assit à côté de moi machinalement.

— Ils s'entendent vraiment bien ces deux-là, dit-elle en regardant en direction de Thomas.

— Oui plutôt bien, acquiesçai-je. D'ailleurs entre vous ça a l'air d'aller également très bien, remarquai-je.

— Oh oui Hannah, sourit-elle pensive, je n'avais jamais ressenti ça pour personne, tu sais ce sentiment qui te donne l'impression d'avoir trouvé le bon. Je n'arrive pas à m'imaginer ailleurs qu'avec lui dans dix ans, on a cette connexion qui est très agréable.

Je fus assez étonnée qu'elle se livre autant, elle l'aimait et elle n'avait pas l'air gênée par ça.

— Et jamais cet amour ne te fait souffrir, tu n'as jamais peur ? Demandai-je un peu perplexe.

Elle me regarda à son tour confuse.

— Comment ça peur ? Dans quel sens ? Essaya-t-elle de comprendre.

— Je ne sais pas, répondis-je mal à l'aise, peur qu'il ne t'aime pas vraiment ou tout simplement peur qu'il t'abandonne.

Elle réfléchit quelques secondes avant de me répondre amusée.

— Je n'ai aucun doute sur son amour présent, après bien sûr que parfois j'ai peur qu'il disparaisse, mais si je commence à penser à tout ça, je ne fais jamais rien, et peut-être qu'en ce moment je ne serais pas heureuse avec lui si j'avais réfléchi comme ça.

Ce qu'elle venait de me dire me fit beaucoup réfléchir, en fait si on ne tente jamais, on risque de passer à côté de certaines choses, de certains bonheurs. Je sentis une présence près de moi, je me retournai surprise, c'était Matthieu. Thomas venait, par la même occasion, de s'asseoir à côté de Pauline et il l'embrassa. Mon cœur se serra, je me surpris à vouloir la même chose.

— Vous parliez de quoi ? Demanda Matthieu avec son grand sourire habituel.

Je ne répondis pas tout de suite, trop occupée à le dévisager. Je le trouvais de plus en plus beau, ses cheveux avaient une longueur presque idéale, et qu'est-ce que j'aimais quand il portait ce T-shirt noir.

— Cela ne vous regarde pas, c'est une histoire de fille, répondit Pauline à ma place.

Elle me sortit de mes pensées, Matthieu me regardait intrigué.

— Oui, tout à fait, répondis-je à mon tour essayant de me reprendre.

Puis je me retournai vers Thomas en repensant à ses paroles, il en avait de la chance d'être aimé comme ça, j'aimerais que Matthieu puisse goûter à ce même amour.

— Mais je peux te dire que tu peux te vanter d'être un homme aimé.

Pauline me regarda surprise, presque offensée que je puisse dévoiler le sujet de notre conversation. Thomas eut un large sourire puis passa son bras autour d'elle.