44. Matthieu

206 13 0
                                    


J'étais heureux d'apprendre qu'Hannah avait une personne comme ça dans sa vie, cela me soulagea de savoir qu'elle n'avait pas connu que le sentiment d'abandon, mais qu'elle avait pu connaître aussi celui de l'amour.

— D'ailleurs, reprit-elle, si je suis encore là, c'est grâce à elle, sans son amour, je n'aurais jamais pu continuer à avancer, me sourit-elle gênée.

Je savais que m'avouer tout ça était très personnel pour Hannah, j'en étais conscient et cela m'émut.

— Merci de me parler de tout ça Hannah, je suis heureux de savoir qu'une personne aussi proche de toi ait remarqué à quel point tu es exceptionnelle. Pour être honnête avec toi, je t'avais surpris un jour en train de lui téléphoner, quand on était au bar. Mais je ne savais pas qui c'était à ce moment-là, et...

J'avais un peu honte de lui avouer maintenant.

— Et j'avais été jaloux, tu lui avais menti à propos de moi, et je me suis dit que ça devait être...

Je ne finis pas ma phrase, elle comprenait là où je voulais en venir et elle éclata de rire.

— Tu as été jaloux de ma grand-mère ?

Puis elle partit de nouveau dans un fou rire.

— Arrête de rire, m'amusai-je gêné, j'avais cru comprendre que tu n'étais pas proche de tes parents, puis j'ai appris l'existence d'Alex, et j'ai cru que c'était lui. En plus comme tu avais menti à mon sujet, je ne voyais pas qui cela pouvait être d'autre, mais ensuite il m'a dit que ce n'était pas lui et....

Je sentais que je me perdais dans mon explication, Hannah me regardait à la fois amusée et surprise.

— Tu en as même parlé à Alex ! Mais quand ça ?

— Quand il m'a rattrapé après...

Je ne finis pas ma phrase, je n'avais pas envie de repenser à ce moment-là et Hannah avait compris.

Elle me regardait très amusée de ma confusion, puis elle reprit la parole.

— Si je lui ai menti ce soir-là c'est parce que j'avais peur qu'elle veuille te parler, et je ne voulais pas que tu connaisses cette partie-là de ma vie. Elle est un peu mon jardin secret, quelque chose que je préserve contre toute intrusion extérieure, me sourit-elle gênée.

Je comprenais ce qu'elle essayait de me dire, elle m'avait laissé entrer, elle m'avait donné la clé de sa personne, mais pas encore celle de son cœur.

— Je suis très heureux d'avoir fait sa connaissance, je pense finalement savoir de qui tu tiens.

Elle me sourit heureuse puis changea de sujet.

— En parlant de ça, j'aimerais bien aller au bar samedi prochain.

— Bien sûr, je crois que mon père joue ce samedi-là, je demanderai si Pat, le guitariste, précisai-je, est là.

— Il ne dit rien quand tu prends sa place ? Demanda-t-elle intéressée.

— Non, au contraire, si j'ai commencé à jouer avec mon père c'est justement parce qu'il avait envie de décrocher un petit peu, il vient d'avoir une petite fille avec sa deuxième femme, et il préfère être présent pour elles.

Elle hocha la tête de compréhension. Et toi Hannah ? Tu voudrais avoir des enfants ? Je connaissais déjà la réponse à cette question. Cela ne servait à rien de lui poser.

Un léger silence s'installa entre nous, je la voyais réfléchir et à mon tour je partis dans mes pensées quand elle les interrompit.

— J'ai faim, tu veux que je commande quelque chose ? Demanda-t-elle.

Une Saison Suffit - 2. La pivoine | FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant