66. Hannah

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La première chose que je fis en me réveillant fut de regarder mon téléphone, j'avais un message, de Pauline. La déception se fit ressentir dans tout mon corps.

Alors ton réveillon ? Tout

s'est bien passé ? Tu as

eu de beaux cadeaux ?

Encore Joyeux Noël !

Mon réveillon aurait pu

être pire, mais il n'y a pas

eu de morts à déplorer.

Sinon oui j'ai reçu des bijoux

et de nouveaux piercings

par ma grand-mère. Et toi ?

Pauline me raconta alors toute sa soirée en détail, elle avait l'air d'avoir passé un super bon moment, mais aujourd'hui était le jour où toute sa famille allait rencontrer Thomas, et elle était très stressée, je lui envoyai les meilleures ondes possible et je partis me doucher afin de me préparer pour le second round de ce repas du 25 décembre. Cette fois-ci ce fut au tour de Côme et de Bérange, les deux autres fils d'Amathe d'être présents ainsi que de Jeanne, mais cette fois sans ses enfants qui étaient avec leur père.

Le déjeuner se passa mieux que la veille, Jeanne avait hérité du côté plus tolérant de ses parents et ne me jugeait pas aussi facilement que le ferait Marc ou ma mère et pour ce qui était des fils de Amathe, ils ne s'étaient jamais autorisés à émettre d'avis sur moi, me tolérant, voir m'appréciant pour certains.

Le soleil s'était déjà couché quand la dernière, Jeanne, décida de partir et nous nous retrouvâmes tous les trois à ranger.

— Tout va bien ma puce ? Demanda ma grand-mère pendant que je l'aidais à la vaisselle.

— Oui, tout va bien grand-mère, souris-je rassurante.

Je n'aimais pas lui mentir, mais je n'avais pas envie de parler de Matthieu non plus. Toute la journée j'avais attendu un message de sa part, mais rien. Je pensais qu'il se serait jeté sur l'occasion pour m'en demander plus, prendre de mes nouvelles au moins. Je n'arrivais pas à cacher ma déception, peut-être m'étais-je trompée sur ses sentiments. Je sais que c'était moi qui l'avais quitté, mais je sais aussi que cela ne l'aurait pas arrêté, alors pourquoi ne me répondait-il pas ? Allais-je le perdre définitivement ?

— Je sais que tu me mens, mais je n'insisterai pas, reprit ma grand-mère compréhensive.

— Merci, répondis-je avec un léger sourire.

***

Le lendemain je n'avais envie de rien, plus les jours avançaient plus la déprime me gagnait. J'étais assise sur mon lit, me posant perpétuellement les mêmes questions quand mon regard se posa sur l'album de Neil Young. Je le pris, l'insérai dans mon ordinateur, passai les trois premières chansons, et je l'entendis, Harvest Moon. Je repensai à la fois où Matthieu me l'avait chantée, sa voix était fragile, mais tellement sincère, j'écoutai alors les paroles, quand je compris, il avait essayé de me le dire à travers cette chanson, qu'il m'aimait depuis tout ce temps. Quelques larmes coulèrent sur mes joues, je commençais à le comprendre, il voulait me le dire, mais il avait peur de ma réaction, peur de me perdre. Maintenant moi aussi j'avais peur qu'il ne veuille plus de moi, notre séparation était beaucoup plus douloureuse que je ne l'avais imaginée.

J'entendis ma grand-mère toquer à la porte et elle entra.

— Oh, je pensais que tu étais dans tes révisions, qu'est-ce que tu fais ici toute seule ? Demanda-t-elle inquiète.

Puis elle entendit la musique.

— Tu écoutes Neil Young ? Je ne pensais pas que tu aimais ce genre de musique, remarqua-t-elle étonnée.

— Moi non plus, souris-je tristement, l'album est à Matthieu.

Ma grand-mère forma alors un oh silencieux avec sa bouche et elle s'assit près de moi.

— Il te manque ? Demanda-t-elle inquiète.

— Je crois bien, répondis-je continuant de regarder la fenêtre au loin.

— Tu as essayé de l'appeler ?

— Non, je ne pense pas qu'il veuille réellement m'entendre en ce moment.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Je soupirai.

— Une intuition. De plus, je ne saurais pas quoi lui dire.

— Tu peux déjà commencer par prendre de ses nouvelles, suggéra ma grand-mère.

Je la regardai amusée.

— Hey Matthieu comment ça va depuis que je t'ai laissé tout seul ? Tu as passé de bonnes fêtes ? Ironisai-je. Non la prochaine discussion que j'aurai avec lui sera trop importante, même si je n'en connais pas encore la teneur, je sais que je ne peux pas agir de façon aussi désinvolte.

Ma grand-mère me prit la main et me regarda compatissante.

— Tu as raison, ce genre discussion se fait face à face.

Elle inspira longuement puis reprit.

— Tu veux bien m'accompagner faire des courses ? Ça te ferait du bien de sortir un peu.

J'acquiesçai et ma grand-mère se leva contente de ma décision. Avant de sortir de ma chambre, elle s'arrêta brusquement et se retourna.

— Tu sais ma puce, tu n'as pas seulement de la chance d'avoir Matthieu, lui aussi a beaucoup de chance de t'avoir dans sa vie et je pense qu'il est du même avis que moi, me sourit-elle sincère.

Mon cœur fit un léger bond en entendant ces mots parce que je n'en étais plus vraiment sûre.

Une Saison Suffit - 2. La pivoine | FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant