41. Matthieu

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Quand je sortis de l'immeuble, le froid m'agressa le visage et des larmes remplirent mes yeux. Je me dépêchai de rentrer dans ma voiture et une fois arrivé, je soufflai un bon coup en me reposant sur l'appui-tête quelques secondes. Je me redressai ensuite pour allumer le contact, mais je me stoppai, les doigts sur les clés. Mon corps hésitait, j'hésitais, la raison commençait à me revenir. Que faisait Hannah maintenant, alors que je l'avais laissée seule ? Je me dis que m'en aller avait été le pire choix que j'avais fait et je sortis très vite de la voiture me dépêchant de la retrouver, tout en commençant à m'imaginer beaucoup trop de scénarios possibles. Une fois arrivé en bas de son immeuble je me mis à sonner de manière insistante, mais elle ne me répondit pas, par chance une de leurs voisines m'ouvrit peu de temps après. Je montai le plus vite possible les marches et ouvris la porte de son appartement qui ne s'était pas fermée après mon départ.

La première chose que j'aperçus fut le désordre qui régnait dans son entrée, elle avait dû exprimer sa colère juste après mon départ. Je passai ma tête dans l'encadrement de la porte et je l'aperçus, au sol, en train de pleurer. Je rentrai un peu plus dans l'appartement, elle se retourna alors surprise et je m'arrêtai aussitôt. Elle s'essuya les joues très vite et se releva en regardant autour d'elle. Elle n'avait pas l'air d'avoir envie que je voie ça.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda-t-elle plus calme que tout à l'heure.

Ses yeux étaient rouges, son maquillage avait un peu coulé, mais je continuais à la trouver très belle.

— Je suis désolé d'être parti, je n'aurais jamais dû te laisser seule.

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit, je sentais qu'elle maîtrisait ses larmes. Elle se pinça la lèvre fortement et détourna le regard.

— Pourquoi ? Réussit-elle à dire. Pourquoi arrives-tu à m'aimer au point de revenir pour t'excuser de m'avoir laissée alors qu'elle...

Sa voix commençait à trembler de plus en plus.

— Alors qu'elle, ma propre mère...

Elle n'avait pas réussi à contenir ses larmes plus longtemps et elles se mirent à couler. J'avais tellement mal quand je la voyais comme ça, je voulais lui donner des réponses, mais je n'en avais aucune.

— Ta mère n'a pas l'air de voir celle que tu es réellement. Je ne comprends pas non plus cet acharnement à toujours vouloir te rabaisser, je ne l'ai vu que quelques minutes et cela m'a suffi pour avoir eu envie de la remettre à sa place. Tu es une personne incroyablement forte Hannah, je ne peux imaginer ce que ça a dû être de vivre avec elle toutes ces années. Mais malgré tout ça, tu as su rester une personne d'une réelle gentillesse avec une incroyable sensibilité.

Je fis une légère pause avant de reprendre avec beaucoup d'admiration.

— Je ne peux que t'aimer encore plus, Hannah.

Elle qui me regardait avec étonnement tout au long de mon monologue, s'écroula quand je prononçai ces derniers mots. Cela me surprit et je me dépêchai de la rejoindre pour la prendre dans mes bras. Elle enfouit sa tête contre moi, mais ce qui me toucha encore plus c'est quand je sentis ses bras m'enlacer à leur tour, elle me serra de toutes ses forces, comme si elle ne voulait pas que je lui échappe. Je mis ma main dans ses cheveux pour la réconforter et elle desserra un peu son étreinte.

— J'étais persuadée qu'en rencontrant ma mère tu te rendrais compte de la personne insignifiante que je suis, avoua-t-elle entre deux sanglots.

Je souris.

— Non elle m'a fait me rendre compte à quel point tu étais exceptionnelle à côté de ce genre de personnes.

Ses sanglots se stoppèrent pour mieux reprendre et cela m'amusa un peu.

Une Saison Suffit - 2. La pivoine | FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant