25. Hannah

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Le week-end qui suivit fut plutôt paisible, nous le passâmes à deux, faisant ce qu'on savait faire de mieux. Nous assistâmes également au concert d'un jeune groupe qui se tenait au Rick's. Nous finîmes d'ailleurs la soirée au comptoir avec eux et son père, ils étaient de vrais passionnés, les écouter m'inspirait énormément. Je fus, comme à mon habitude, surprise de la facilité avec laquelle Matthieu arrivait à parler avec des inconnus. Je ne l'avais pas remarqué avant, mais plus je l'observais, plus je trouvais qu'il avait une présence forte, je le voyais devenir plus tard quelqu'un d'important, en tout cas il en avait les épaules.

Puis vint de nouveau la semaine, la situation avec Benoît ne s'améliorait pas, il m'ignorait complètement et je pris l'habitude de ne plus m'éterniser dans le salon, ce qui agaçait fortement Matthieu. Il m'invita à plusieurs reprises chez lui, mais je déclinais à chaque fois. Même si son père savait pour nous deux, je me sentais mal à l'aise vis-à-vis de lui de profiter de son fils de cette façon, mais je ne pouvais pas le dire à Matthieu.

Les jours où je devais travailler étaient un soulagement, je n'étais pas obligée de rester trop longtemps dans l'appartement et en rentrant je ne croisais personne. Matthieu avait pris l'habitude de m'appeler à chaque fois après le boulot, et parfois nous nous éternisâmes jusqu'à s'endormir. Je me rendais compte que je goûtais de plus en plus à une vraie relation amoureuse, la ligne qui séparait notre accord et ce qu'il désirait devenait de plus en plus trouble.

***

Nous étions maintenant mercredi, j'attendais, comme souvent ces derniers jours, les cours d'Histoire du cinéma avec impatience. J'arrivai cette fois-ci la première, je m'installai à ma place habituelle le cherchant du regard. Je sortis mes fiches et l'attendis patiemment en griffonnant, je me mis alors à observer les gens autour de moi, le professeur était déjà là, lisant une revue. Il leva alors son regard dans ma direction et j'abaissai mon regard gêné continuant à griffonner.

— Votre ami n'est pas encore là ?

Je relevai la tête surprise, le prof était devant moi, souriant.

— Non, il ne devrait pas tarder, je pense, répondis-je encore surprise.

— C'est rare qu'il soit en retard, remarqua-t-il en regardant en direction des portes de l'amphithéâtre. Mon cours vous plaît-il, mademoiselle ?

Son changement de sujet me surprit à nouveau.

— Oui, beaucoup, répondis-je sincère.

— C'est ce qui me semblait, me sourit-il à nouveau.

Il avait encore cet air mystérieux qui le caractérisait.

— Ah, je crois bien que votre ami est arrivé, je vous laisse alors. Bon cours, me salua-t-il souriant.

Je me tournai alors vers les portes et Matthieu arriva pressé. Je voulus remercier le prof, mais il était déjà parti rejoindre sa place.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ? Demanda Matthieu en s'installant à mes côtés.

— En fait, rien de bien spécial, répondis-je toujours incrédule.

— Tu ne le trouves pas bizarre ce prof ? Demanda Matthieu méfiant.

— Si, un peu, répondis-je honnêtement.

Matthieu continua de l'observer un moment, puis se tourna vers moi.

— Alors ta matinée, tout s'est bien passé ? Demanda-t-il avec plus d'entrain.

Je souris, il ne cessait de me donner l'impression que j'étais importante. Ce sentiment me faisait tellement de bien. Je lui racontai ce que j'avais fait et il écouta tout attentivement, je me perdais dans sa bienveillance.

Une Saison Suffit - 2. La pivoine | FinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant