Trente minutes plus tard, j'arrivai enfin au parc et je vis sa voiture garée non loin de là. Je fus soulagée de me dire que je ne l'avais pas raté et je me dépêchai de traverser le parc pour arriver à ce petit chemin quasi inexistant, l'endroit était vraiment peu fréquenté et je m'aventurai entre les branches des buissons et des arbres laissés libres de tout mouvement. Quand j'arrivai enfin en haut du chemin je m'avançai un peu vers le promontoire et je le vis, comme la dernière fois assis sur un des bancs abandonnés, celui qui donnait sur le lac. Je n'eus le temps de faire qu'un pas qu'il fit volte-face. Je me stoppai, ne sachant pas quoi dire, j'avais peur qu'il m'en veuille de ne pas avoir répondu tout de suite. Il me fixa quelques secondes puis il me sourit tout en se levant et s'avança vers moi. Je ne bougeai pas, ne sachant pas comment réagir et il me serra contre lui.
— Désolé de te prendre dans mes bras, mais ça me fait du bien que tu sois venue.
— C'est plutôt à moi de m'excuser, je n'avais pas vu tes messages, sinon je serais venue plus tôt.
Il se recula et me regarda étonné.
— Tu ne les avais juste pas vus ?
— Non, je suis désolée.
Il me fit un large sourire.
— J'avoue que ça me soulage un peu, j'ai cru que tu t'en foutais et que j'avais été trop loin.
— Pourquoi ça ? En quoi tu aurais été trop loin ? Demandai-je perplexe.
— Je ne sais pas, répondit-il embarrassé, c'est juste qu'avec toi, je ne sais jamais si j'ai franchi la limite qui te fera reculer et j'avais peur de m'être enflammé en te demandant de me rejoindre.
— En quoi cela aurait pu me déranger ? Demandai-je surprise par cet aveu. Si tu as le moindre souci, je viendrai, de toute façon je ne pourrais pas rester sans rien faire si je te vois avec cette tête, avouai-je amusée.
Il sourit, lui aussi amusé, mais sa façon de me regarder me gêna, je commençais à reconnaître son regard amoureux, et c'en était un.
— Merci Hannah.
— Y'a pas de quoi, je n'ai pas fait grand-chose, répondis-je détachée en partant m'installer sur le banc.
Il me suivit et s'installa à mes côtés.
— Maintenant, dis-moi ce qui ne va pas, l'invitai-je à parler en regardant l'horizon.
Un silence s'installa, étonnée, je détournai le regard vers lui, il avait le visage baissé et grave.
— C'est si horrible que ça ? Demandai-je inquiète.
Il secoua la tête pour infirmer.
— Je t'ai déjà dit que je venais ici étant gosse, commença-t-il toujours la tête baissée, en fait si j'y suis vraiment attaché c'est parce que c'était les seules fois où je voyais mon père et ma mère réunis. Cela me donnait l'impression qu'on était une vraie famille.
Il leva alors la tête vers l'horizon et il continua.
— Pour être honnête, j'espérais secrètement que venir ici les remettrait ensemble. Mais ma mère était souvent très prise par son travail et elle passait beaucoup de temps au téléphone au lieu d'être avec nous. Alors mon père attendait, il me regardait jouer, parfois même il participait. Je savais que ma mère m'aimait, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer pouvoir habiter avec mon père. Entre lui et moi il n'y a jamais eu de désaccord, jamais. Il a toujours été comme un meilleur ami, il m'a appris tellement de choses.
Il se tut un moment puis se retourna pour observer les jeux, maintenant à l'abandon.
— Le tourniquet, c'était mon jeu préféré. C'était celui qui rassemblait le plus de monde, sourit-il, j'étais sûr de me faire plein d'amis en y jouant. Comme des frères et soeurs de substitution, mais quand ils rentraient chez eux, l'illusion disparaissait. Je me retrouvais avec cette même solitude qui m'accompagnait depuis tout petit.
VOUS LISEZ
Une Saison Suffit - 2. La pivoine | Fin
RomanceAlors que l'espoir naissait dans le cœur de Matthieu, l'inattendue réponse d'Hannah vint briser tous ses rêves, anéantissant au passage son envie de continuer à avancer. Mais ce qu'il ignorait, c'est que des ténèbres les plus profondes peut jaillir...