Chapitre 10

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Une semaine passe, Steve s'occupe de sa fille parfaitement. Il la change, la lave, la met debout avec son soutien dans le jardin, dans la maison pour faire quelques pas. Elle demande les toilettes grâce au chien, mange de mieux en mieux. Eddie profite des miettes qui tombent au sol. Junior sourit parfois en se pinçant les lèvres, certaines fois, elle donne volontairement des aliments de son assiette, discrètement quand son père a le dos tourné.

« Je t'ai vu Emmy. Il faut manger, Eddie à ses croquettes. Tu vas visiter le QG, aujourd'hui. Tu es contente ? »

Elle montre Eddie puis sa laisse, elle veut qu'il l'accompagne. Il accepte. Le chien sort un aboiement de satisfaction puis donne sa patte à la fillette, leur façon de se dire, ''on a gagné''. Au bureau, à l'étage, elle rencontre Tani, elle se présente. Emmy se sert de son fauteuil, seule grâce à la télécommande, elle apprend vite.

« Commandant, dit un homme au loin.

- Oui, répond-il à un vigile affecté au rez-de-chaussée de l'immeuble du QG.

- Monsieur Tobias vous demande.

- Faites-le entrer, dit-il d'un ton interrogateur.

- Qui est-ce ?, demande Daniel.

- Je ne sais pas. », répond-il en haussant ses épaules.


Il rentre, se présente comme médecin de l'hôpital. Il eût entendu malencontreusement la conversation avec son confrère sur le placement de la fillette en centre. Accompagné d'une jeune femme, Dana, il lui offre une possibilité de l'aider. Elle explique l'aide qu'elle pourrait fournir à Emmy : l'apprendre aux gestes quotidiens dans un centre spécialisé durant sa convalescence sur l'Archipel. Il refuse sans y réfléchir.

« Commandant, je vais juste prendre votre relais. Le planning de sa journée sera tout à fait normal. Elle sera juste dans un centre, certes, mais vous la récupérerez tous les soirs comme vous l'avez toujours souhaité, dit Dana.

- Réfléchissez vite, commandant, ajoute monsieur Tobias. Elle n'est pas prioritaire. Je peux faire en sorte de garder la place libre un jour, peut-être deux. Ce centre est très réputé, la liste d'attente est longue. Si votre fille ne se prend pas en main maintenant, elle va acquérir d'autres lacunes. Il y a tout sur place : les kinés, l'école, les médecins. Tout ce dont elle a besoin. »


Une fois partie, Steve attend un signe de Daniel qu'il obtient rapidement :

« Tu sais qu'il faut que tu sautes sur l'occasion. C'est ce que tu voulais !

- Tu as raison, oui.

- Mais ?

- Je ne sais pas si je suis prêt à laisser ma place. J'aime tellement cette enfant.

- Dis-toi qu'elle sera mieux dans ce centre avec cette dame plutôt qu'ici entouré de drames. Et de plus est, sur l'Archipel, à peine à quinze minutes du QG. », dit-il en regardant la brochure.


Toute la journée, Steve pense à cette proposition. Il finit par appeler Dana pour un entretien. Le lendemain avec Emmy, il visite les lieux. Beaucoup de jouets, d'activités ludiques jonchent la pièce, un grand espace. L'établissement accueille toutes sortes d'enfants avec différentes pathologies : des trisomiques, des muets, des enfants avec un ou plusieurs membres en moins et d'autres handicaps. Ensemble, ils restent une heure. Steve regarde comment le personnel se comporte avec les enfants, leur patience, leur geste. Il signe ensuite l'inscription. Il est soulagé, une période de transition se fera durant quelques jours. Il pourra rester quelques minutes avant de partir, commencer un jeu ou une activité puis s'éclipser. Il appelle ensuite monsieur Tobias, le remercie et le demande comme médecin traitant pour sa fille.


Une semaine plus tard Steve arrive au QG. Il est présent plus tôt que d'habitude, la transition est terminée.

« Comment s'est passée la séparation ?, demande Daniel curieux.

- En fait, je pense que c'était plus difficile pour moi que pour elle. »


Un soir, il découvre sa fille en train de s'occuper avec un boulier. Dana vient à lui pour le bilan de la journée, une autre semaine s'est déjà écoulée.

« Comment s'est passée la journée ?

- On a fait de la motricité fine, des dessins, des jeux de société pour les couleurs, des jeux de mémo aussi. Je ne vous cache pas, c'est très difficile pour elle. Sa concentration ne dure que quelques minutes voire secondes. Comment communiquez-vous avec votre fille, monsieur ? On ne sait jamais ce qu'elle désire faire, si elle a encore faim, soif.

- J'ai un chien qui me dit ce qu'elle souhaite. Il se met devant les toilettes pour ses besoins, se couche en bas des escaliers pour signaler qu'elle veut se coucher, des choses comme ça.

- Donc, elle communique à travers ce chien. J'aimerais qu'elle communique avec vous. Nous avons ce cahier avec plein d'images. Vous voyez, cette page comporte des personnages avec différentes émotions. Celui-ci est triste, celui-là joyeux. Elle peut vous dire comment elle se sent. Ensuite cette page. Ce sont des choses routinières de la journée : les toilettes, la faim, la soif. Monsieur Mc Garrett, accepteriez-vous que l'on puisse communiquer avec elle de cette façon ? Nous avons besoin de votre autorisation.

- Je peux avoir une copie ?, demande-t-il tout sourire.

- Il est à elle ce livret. Il faut juste signer ce document.

- Je le signe tout de suite alors. », répond-il enthousiaste.


Les semaines passent, ils vont au zoo, à la plage, au restaurant, au musée. Il fait beaucoup d'activités pour l'éveiller, mais il l'aide encore beaucoup. Le livret lui sert énormément. Elle montre ses émotions, ses besoins. Son visage change, elle communique aussi avec celui-ci. Elle utilise de moins en moins le chien pour communiquer, mais joue souvent avec lui. Ils sont inséparables. Junior, le week-end court désormais seul, Eddie préfère sa petite protéger à la course à pied. La semaine, il reste dans son panier, il attend sa maîtresse sauf quand il est en mission.

Emmy offre un dessin commencé il y a plusieurs jours à Steve : un château avec plusieurs personnages. Quand il lui demande ce que représente ce dessin, elle le montre lui avec son doigt.

L'enfant de la vengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant