On l'entendait avant de la voir. Ses talons tintaient sur le sol avec une violence autoritaire. Étant la directrice d'un centre de rééducation mentale, elle se devait d'être imposante. Et elle l'était, dans un premier temps par sa taille et par la suite, avec ses talons.
— Faustine ?
Elle venait de s'arrêter net devant une chambre ouverte, la cinquante-deux, offrant la vision d'une jeune fille recroquevillée sur elle-même, sur son lit à draps fin et au milieu d'une pièce trop petite et trop blanche.
L'adolescente releva sa tête et fit cascader ses courts cheveux blonds sur sa nuque. Ses yeux se firent interrogateurs.
— Que fais-tu seule ?
Aucun son ne sortit des lèvres de Faustine, seuls ses yeux parlaient. Elle haussa les épaules avant de ramener sa tête sur ses genoux frêles.
— Tu devrais avoir cours, continua la voix douce de la proviseure. Et la porte devrait être close.
Faustine releva la tête pour planter ses yeux d'or sur la silhouette de la grande femme et semblait crier de la laisser seule. La directrice fronça les sourcils et resta droite durant encore deux minutes, en silence, les yeux perdus sur l'intrigante fille qui lui faisait face. Elle finit par se lasser d'attendre une réponse qui ne viendrait pas et tourna les talons pour retourner d'où elle venait. Ses lourds pas tintèrent encore, le bruit devint plus rapide lorsqu'elle descendit les larges escaliers qui menaient à l'étage inférieur et se stoppèrent finalement devant la salle des surveillants. Elle ne toqua pas à la porte close qui lui faisait affront et entra directement. Découvrant ainsi trois pions rigolant à gorges déployées. Leurs rires moururent sur l'instant dans leur gorge en voyant leur supérieure.
— Faustine est seule, lâcha seulement la femme.
— Effectivement.
— Et comment cela se fait-il Julian ?Le brun ne répondit rien et ce fut sa collègue qui haussa la voix à sa place.
— C'est Sally qui devait la surveiller, madame.
— Il est quatorze heure vingt et cette adolescente est seule. Soit vous appelez Sally et elle va la voir, soit un de vous y va maintenant, tonna Juliette Joke.Elle n'attendit pas de réponse et ferma la porte en sortant d'un air sec. Elle ne vit pas les trois surveillants lever les yeux au ciel, ni Julian l'imiter grossièrement et encore moins le majeur levé de Cloé dans sa direction.
La directrice se dirigea pour la seconde fois au niveau des dortoirs, qui devaient être vides, et tomba sur une créature trop mince, seule, au milieu du couloir. Elle reconnut directement Zara. Une de ses pensionnaires arrivée depuis peu.
— Zara, que fais-tu ici ?
La dénommée Zara s'arrêta au son de cette voix forte si peu connue et pourtant bien reconnue.
— Je me balade, Madame J.
— Seule ?
— Sally est partie.Sans comprendre, la grande femme s'avança encore vers la jeune fille et elle aperçut un visage coloré. Coloré de la couleur rouge.
— Zara, qu'as-tu fait ?
Sa voix monta instinctivement dans les aiguës. Sa peur et sa lâcheté fut trahit en un ton de voix mal maîtrisé.
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Un ange en enfer
General FictionTrois semaines pour guérir Zara Boqdam ? C'est la mission et la promesse de Juliette Joke, directrice d'un hôpital psychiatrique pour moins de vingt ans. Dans une société malade où des enfants en deviennent fous, une société qui pourrait être la nô...