15.

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Zara se leva en sursaut et sauta de son lit pour se retrouver adossée à la surface fraîche de la fenêtre. Devant elle se tenait sa mère, en grandeur nature. La grande femme brune avait un regard rempli de rage et de haine et se tenait droite. Zara se frotta les yeux de ses poings plusieurs fois mais la vision affreuse ne disparaissait pas.

— C'est pas possible.
— Je tiens ma promesse : celle de te hanter et de te poursuivre même dans tes rêves, petite minable.

Un hoquet s'échappa de la gorge mince de la rouquine. Elle tenta d'hurler pour appeler à l'aide mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. Un début de panique lui brûla les entrailles et essouffla son cœur qui semblait courir un marathon. Le visage mauvais de sa mère l'observait avec un rictus amer au bord des lèvres. Zara se sentait fiévreuse et ne comprenait pas la présence de sa défunte mère. Elle l'avait étranglé de ses propres mains, elle l'avait entendu s'étouffer !

— Tu ne peux pas être là ! Je t'ai tué ! S'écria la jeune femme, le visage déformé par un mélange de peur, d'incompréhension et de haine.
— Pourtant je le suis, je suis même omniprésente. Chaque seconde de chaque minute qui passe j'ai les yeux rivés sur ton corps dégoutant ! Je t'observe jouer à la pauvre enfant au cœur détruit avec tous. Je te vois faire semblent de t'attacher à ces adolescents pour rien.

Zara colla ses paumes contre ses oreilles pour faire taire la voix aiguë de sa maternelle. Mais la rouquine l'entendait encore parler, la rabaisser avec des mots si simples et pourtant si affreux. La douleur de ses mots était cuisante et laissait une marque à vif dans son cœur. Zara ouvrit la bouche pour faire taire l'autre femme mais cette dernière s'était mise à crier. Zara tomba à genoux et suppliait son aînée de se taire, d'arrêter de l'insulter.

— Tu ne sers à rien Zara ! J'ai tout loupé avec toi, t'es l'enfant du Diable avec tes cheveux orange et ton corps ridicule ! Tu es dégoûtante sale peste ! Hurlait-elle encore.

Des larmes se mirent à ruisseler sur les joues pâles de la jeune femme. Elle n'était pas triste et elle n'arrivait pas à expliquer leurs raisons.

Soudain, quelqu'un lui attrapa l'épaule et la secoua. Pensant que c'était sa mère, elle hurla encore plus fort et elle se débattit avec violence.

— Zara.

Cette voix.

— Zara, réveille-toi je t'en supplie.

La rouquine ouvrit subitement les yeux. Elle était par terre, le dos contre la fenêtre et son front moite de sueur. Ses cheveux étaient collés à sa nuque et son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine compressée. Zara leva les yeux sur le corps qui était agenouillé devant elle et eut l'agréable vision du visage inquiet d'Hiro. Aucun mot ne traversa ses lèvres tandis qu'il s'assit sur les fesses, dos au lit.

— Tu rêvais.

Elle soupira et releva les yeux pour parcourir l'ensemble de la pièce, à la recherche de sa mère. Son regard tomba sur le plateau repas apporté par le garde. Elle le remercia d'un tout petit sourire.

— De quoi rêvais-tu ?
— Rien.

Un sentiment de honte traversa son estomac pour remonter dans sa gorge, encore serrée par l'émotion. Les yeux verts d'Hiro étaient pressant et interrogatifs.

— Tu hurlais « maman » Zara, souffla-t-il alors.

Zara ferma les yeux d'un coup, elle avait horreur d'appeler cette femme par ce surnom. Pour elle, ce n'était pas sa mère. Elle n'était qu'une femme abusant d'elle afin de pouvoir se payer de l'alcool ou de la coke.

— C'était un cauchemar Hiro, tout le monde en fait.
— Personne ne hurle comme toi.

Des frissons hérissèrent les poils des avant-bras de la jeune femme, elle avait tant hurlé qu'Hiro l'avait entendu. Elle hocha difficilement la tête et se leva. Son dos craqua alors que le garde resta immobile. Zara se dirigea jusqu'au meuble de l'entrée et s'empara du plateau. Une assiette de pomme de terre et de saucisse de Morteau l'attirait, mais elle ne se sentait pas capable d'avaler un aliment. Elle revint en face du garde et posa le repas sur ses genoux.

Un ange en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant