Zara était allongée sur le dos, les mains derrière la tête et les yeux rivés sur le ciel déjà orangé par le coucher du soleil. Elle est dans cette position depuis quatorze heures de l'après-midi. Elle ne réfléchissait pas. Elle faisait le vide. Dans son cœur et dans sa tête.
— T'es là toi.
— Ça change de ton "Zara" habituel, lança-t-elle directement.La rouquine ne bougea pas tandis que la silhouette de Hiro se mouvait jusqu'à elle. Elle souffla lentement, appréciant l'oxygène qui irradiait dans son corps.
— J'ai entendu des échos de ce matin.
— On n'est pas obligé d'en parler, se défendit-elle rapidement.
— Comme tu veux.Hiro s'assit à côté d'elle et monta ses genoux contre sa poitrine. Il était vêtu d'un t-shirt rose pâle qui diffèrait de ceux qu'il portait les autres jours. Zara le remarqua mais ne dit rien.
— C'est quoi l'objectif de regarder le ciel.
Elle ferma les yeux et laissa tomber ses jambes à plat dans l'herbe.
— Ça apaise. Tu ne penses à rien sauf à la beauté des cieux.
— C'est le néant, rectifia-t-il, un sourire dans la voix.La jeune femme ricana comme une enfant. Il n'avait pas tort. Enfant, le ciel lui faisait peur. Elle se posait des milliers de questions sur son origine, sa nature, son histoire. Elle notait toutes ses interrogations dans un coin de sa tête en attendant qu'on lui offre les réponses.
— Le néant, c'est la plus belle des choses.
— Ah bon ? Ria Hiro.
— Il n'a pas de limites, pas de contraintes. Contrairement à nous, pauvres humains enfermés dans une société et définit ce qu'elle impose.Le garde baissa les yeux sur le corps de la jeune femme et en admira sa beauté innocente et malade. Cette fille était sublime et elle ne le savait pas. Pas encore.
— La société nous demande d'être comme ci, ou comme ça. Et quand on ne rentre pas dans les normes, on des fous.
— T'es folle toi ?
— Apparemment, oui.Une légèreté flottait autour d'eux. Une douceur inconnue à Zara les surprenait. La rouquine apprécia ce moment et regretta de n'en avoir pas connu plus tôt dans sa vie.
— J'ai bientôt dix-huit ans.
— Dans neuf jours.Zara ouvrit ses paupières pour plonger dans les yeux d'Hiro.
— Tu passes ta vie à lire mon dossier ou quoi ?
— Je retiens facilement les date, mentit-il avec un sourire en coin.Zara fit la moue et Hiro se retint de lui pincer les joues. Il se mordit la lèvre inférieure avant de détourner le regard. Pourquoi réagissait-il comme un adolescent de quinze ans ?
— Tu es né quand toi ? Demanda-t-elle alors.
— Tu ne veux pas admirer le silence un peu ?Zara se renfrogna et détourna la tête pour se reconcentrer sur la teinte rosée du ciel. C'était splendide la manière dont le ciel changeait de couleur en seulement dix minutes.
— Et je suis né le 16 août.
Elle ne lui répondit pas, un brin vexée. Elle ramena une main sur son ventre qui grognait de faim. Elle lui intima le silence mais c'était trop tard. La tempête désertique Hiro naquit.
— Tu n'as pas mangé ? Mais bordel Zara ! Ce n'est pas compliqué de mettre un truc dans ta bouche, de mâcher avec tes dents et d'avaler ? Ton corps il fait tout seul après !
Elle ne répondit rien, seul un sourire étira ses lèvres roses.
— Ce n'est pas drôle ! Tu ne prends rien au sérieux !
— Ça va, je mangerais demain.
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Un ange en enfer
General FictionTrois semaines pour guérir Zara Boqdam ? C'est la mission et la promesse de Juliette Joke, directrice d'un hôpital psychiatrique pour moins de vingt ans. Dans une société malade où des enfants en deviennent fous, une société qui pourrait être la nô...