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Il faisait nuit et Zara ne dormait pas. Elle entendait le jeu des aiguilles de l'horloge. Hiro lui avait apporté un plateau repas en silence et avait attendu dans le couloir qu'elle finisse de manger. Fière, elle n'avait pas entamé la discussion. Elle cachait sa déception.

— T'es un beau monstre m'man, dit-elle à voix haute.

Seuls les croassements des crapauds du jardin lui répondirent. Elle regardait le plafond et devinait ses croix sur le mur derrière sa tête.

— Encore douze petits jours mamie.

Elle se trouvait un peu idiote de compter les jours. Ils se s'écouleraient pas plus vite. Demain, ou plutôt, plus tard dans la matinée, elle avait rendez-vous avez la psychologue. Elle réfléchissait à ce qu'elle allait lui dire. Elle hésitait à évoquer Hiro.

— Hiro est mon maux, souri-t-elle dans le noir, sans se soucier d'être entendue.

Elle tourna la phrase dans sa tête.

— Mon maux est un Hiro.

Elle donna un accent anglais au prénom du garde, elle traduisait le prénom en un nom.

— Hiro est un héros, souffla-t-elle.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle parlait seule. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était éveillé.

Zara finit par s'endormir. Elle n'entendit pas sa porte s'ouvrir sur la silhouette masculine du gardien. Ce dernier avait entendu la dernière phrase de la jeune fille. Il s'avança dans la pénombre pour atteindre le corps endormi de sa protégée.

— Dors bien petit ange.

Son murmure fut lâché dans la nuit et emprisonné par les murs. Il voulait toucher la peau nue des bras pâles de la jeune femme, il voulait déposer ses lèvres sur ses cheveux et respirer son odeur de lait.

Il avait accepté les remontrances de sa patronne cette après-midi. Elle lui avait reproché sa proximité avec Zara. Elle lui avait dit qu'une telle relation était à la fois interdite et dévastatrice. Pour les deux, le patient et le gardien.

— Elle partira un jour et vous, vous resterez ici. Personne ne peut entrer dans la propriété sans être un patient ou du personnel. Et personne ne peut en sortir. Souvenez vous du contrat Hiro Island.

Il avait remarqué qu'elle avait la fâcheuse tendance à sortir les noms de familles lorsqu'elle était vexée ou énervée.

L'homme souffla et tourna le dos à Zara pour sortir. Enfin dans le couloir, sa vie de gardien reprit.

***

Zara se leva quelques heures plus tard, elle se précipita sous la douche malgré le sommeil toujours présent dans son organisme. Elle se laissa porter sous l'eau brûlante et y resta immobile durant une dizaine de minutes. Elle finit par sortir du bac et enveloppa son corps laiteux dans une serviette éponge. Elle atteignit la pièce qui lui servait de chambre et fit son lit, toujours à moitié nue.

— Hey.

Elle se retourna vivement et posa ses mains sur les bords de la serviette afin de la maintenir en place. Devant elle, Hiro était rouge pivoine et ne savait pas quoi dire. Il balaya la pièce des yeux pour les ramener sur la silhouette encore humide la jeune femme. Des gouttes d'eau s'écoulaient de ses courts cheveux mouillés.

— Désolé, je venais t'apporter le déjeuner.

Zara resta figée encore quelques secondes puis lui dit de s'assoir le temps qu'elle aille s'habiller. Il allait refuser mais elle était déjà enfermée dans salle de bain. Il soupira et attendit. Il se perdit dans ses pensées en pensant à cette peau pâle qui émergeait de la serviette.

Un ange en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant