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Ses yeux trahissaient une inquiétude qu'elle ne comprenait pas. Elle se posa milles questions, cherchant une faute ou du moins, une raison.

— Hiro ?
— Je m'inquiète énormément du sort de Faustine et en contre partie, du tien.
— Je ne suis pas aussi malade qu'elle.

Un demi-sourire éclaira les lèvres malicieuses de l'homme.

— C'est ce que tu dis. Sais-tu le nom de ta maladie Zara ?

Cette question n'avait aucune place dans la discussion et Zara fronça durement les sourcils. Au fond, elle était piquée car elle était dans l'inconnu. Le docteur lui avait seulement dit que ses traumatismes étaient si fort qu'elle s'en allait parfois. À l'aube de ses dix-huit ans, elle ne comprenait toujours pas le sens de cette phrase.

— Réponds Zara, intima-t-il avec plus de fermeté.
— Je ne sais pas, on ne m'a jamais dit.

Hiro perdit son sourire pour afficher un visage à la fois étonné et curieux. Cette fille l'intéressait de plus en plus. Dorénavant, son innocence l'attirait encore plus que ses autres traits de personnalités.

— Zara, tu es borderline. Exactement, on dit que tu as des troubles de la personnalité borderline.

Elle ne comprenait pas le mot "borderline", mais les mots précédents lui provoquaient une douleur à l'abdomen. Elle était donc folle ! Cette évidence lui faisait d'abord mal psychologiquement, puis physiquement. Elle ne savait pas exprimer la raison de ces blessures. Hiro l'observait et posa doucement une main sur son épaule frêle.

Elle cala sa tête contre le ventre de l'homme et respira calmement pour se calmer. Il la laissa faire et tenta de lui caresser les cheveux. Il avait vu Sally le faire avec Faustine l'autre soir.

Juliette Joke arriva quelques instants plus tard et les découvrit dans cette position. Zara se tenant le ventre, posée contre le garde malgré sa peur des hommes. Hiro, la main dans les cheveux courts de la jeune femme, le visage visiblement stressé. La directrice croisa le regard de Zara et des larmes jaillirent alors de ses prunelles d'azur. Elle comprit.

— Je suis désolée Zara, dit Juliette Joke avec douceur.

La rouquine se releva, laissant une main sur son ventre.

— Désolée pour quoi ? C'est ma mère qui devrait s'excuser, elle devrait m'implorer le pardon de m'avoir rendu malade. Mais elle ne l'a jamais fait !
— Elle n'a pas eu le temps aussi, plaça la proviseure.

Un rictus mauvais naquit sur les lèvres de Zara.

— Ça signifie quoi cette phrase Madame J ? Que c'est ma faute ? Effectivement, j'aurais dû la laisser me salir encore, me punir encore pour une chose que je n'ai jamais voulu. Vous n'avez sûrement jamais rencontré le diable madame, moi je l'appelais maman !
— La violence ne résout rien ma chérie. Elle a mal agit et je le sais. Je comprends totalement ton geste, j'ai vu bien pire ici. Mais la violence ne résout rien, répéta-t-elle.

Le regard de Zara changea. Ses pupilles se dilatèrent et ses muscles se tendirent.

— Quand on frappe un enfant, l'enfant ne doit pas se défendre ?! Quand on nous viole, on doit fermer notre gueule ?! La violence ne résout rien mais la violence est maîtresse dans ce monde de fous ! C'est comme enlever l'eau de la terre, ça n'a pas de sens ! Vous ne connaissez pas grand chose Madame J, vous parlez au nom de la paix sans connaître les raisons de son inexistence !

Juliette allait répliquer mais Zara la coupa.

— La paix n'existe pas. La guerre prend sa place. La haine, la violence, les humiliations l'accompagnent. Le temps que tout ça restera en place, alors la violence régnera et réglera des comptes.

Un ange en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant