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Le reste de l'après-midi se passa en douceur pour Zara. Le groupe de pensionnaires avaient dû rentrés à cause de la pluie qui s'était abattue sur leur visage autour des quinze heure trente. La rouquine avait voulu l'accueillir en retour mais Hiro l'avait traîné de force jusqu'au hall.

— Pauv' type ! Avait-elle sifflé entre ses dents blanches.

Le garde avait souri doucement et l'avait finalement abandonné dans le couloir des dortoirs.

En ce moment, elle était assise sur une marche de l'escalier immaculé menant aux chambres avec Aglaé. Les adolescentes se faisaient des blagues idiotes et se forçaient à rire pour égayer le couloir vide. Zara était gênée mais ne savait pas pourquoi. Elle sentait ses joues chauffer à chaque fois que les yeux bleus d'Aglaé se posaient sur elle, elle entendait son cœur palpiter à chaque mot prononcé par la blonde. L'autre avait remarqué le changement de comportement de son amie.

— Il se passe quoi là ?
— Pardon ?

Aglaé avait horreur qu'on réponde à ses questions par une autre question et Zara le vit rapidement aux éclairs brillants habillant les billes azurs de la poupée. La rouquine fuyait ce regard en observant ses pieds.

— T'es bizarre Zara.
— Sympa.

Aglaé ferma les yeux pour ne pas brusquer l'autre, Zara avait subitement envie de s'enfermer dans sa chambre, de se perdre dans l'univers de Musso et de retrouver des amis imaginaires. En fait, elle ne voulait pas être avec quelqu'un, elle ne voulait pas avoir d'amis ni de connaissance. Elle avait très vite appris que les autres étaient des dangers ambulants.

— C'est pas ce que je voulais dire...
— Mais c'est ce que tu as dit.
— Tu connais la phrase qui dit, en gros, que je pose des mots et toi tu comprends ce que tu veux comprendre ?

Zara fronça les sourcils et tourna son visage pâle à la rencontre de celui, encore plus blanc, d'Aglaé.

— Non.

Aglaé souffla fortement, traduisant le début de sa colère. Zara adorait mettre les personnes dans cet état d'âme, mais détestait l'être. On lui avait rabâché un million de fois ce vieux dicton qui dit, ne fais pas ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse. Elle ne l'avait jamais pris en compte.

— Bref, t'es pas comme d'habitude, reprit d'un air faussement calme Aglaé.

Cette phrase fit bondir Zara.

— Tu me connais maintenant ? Ça ne fait que deux jours qu'on se parle et tu oses parler de l'habitude ? Il n'y a pas d'habitude avec moi Aglaé, retiens bien ça.

Zara s'était levé si brusquement qu'elle avait lancé un coup de genou dans la mâchoire de la blonde aux yeux d'océans. Sans s'en rendre compte, la rouquine alla s'enfermer dans sa chambrée et laissa exploser sa colère à la source inconnue. Elle cogna dans un mur et puis continua jusqu'à ressentir cette douleur si connue dans les poumons. Celle de la haine et de la soif d'apaisement qui ne venait qu'en se faisant mal. Elle revint à la réalité quand ses yeux rencontrèrent la couverture du livre qu'elle avait lissé sur son lit. La douleur s'évapora et un sentiment de lassitude l'envahit toute entière.

Elle se laissa tomber sur le lit à plat ventre. Elle ferma les yeux et attendit. Elle attendit qu'on vienne la chercher pour lui dire que le cauchemar était fini, qu'il avait été long mais que ce n'était qu'une illusion. Elle avait lu dans un magazine que les rêves ne duraient que quatre-vingt-dix minutes. Elle avait peut-être, inconsciemment, prolongé le rêve en le continuant dans sa tête.

Quelqu'un toqua à sa porte et seuls ses yeux brisèrent son idée d'immobilité en s'ouvrant. Son cœur s'accéléra tandis que ses yeux se dirigèrent sur ses mains blessées.

Un ange en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant