Damaged Heart

Chapitre 3

Je note mes avancées dans le cours dans mon cahier avec mes lunettes sur le nez. Les filles devraient bientôt rejoindre leur mère pour leur travail quotidien si bien que je ne fais pas très attention au grabuge qu'elles font. Quand vient l'heure, elles me disent une à une au revoir avant de déguerpir. Mia s'écrit en arrivant dehors. Je relève les yeux pour voir ce qu'il se passe et tombe sur un spectacle attendrissant.

Hissan est accroupi devant la petite fille qui le serre dans ses bras comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des mois. C'est dérangeant de savoir qu'ils sont frère et sœur avec une si grande différence d'âge. Je me demande s'ils ont d'autres frères ou sœurs.

Elle se relève en me faisant un signe de la main avant de partir vers le fond du village. Hissan la regarde partir avant de se retourner vers moi avec un grand sourire. Je crois que c'est la première fois que je le vois sourire, et propre. C'est fou comme ça le change. Je dirais même que ça le rend encore plus beau.

Ça y est, je déraille. Qu'est ce qui me prend de le trouver beau ? J'ai déjà quelqu'un, ou plutôt je suis mariée, je n'ai pas vraiment le droit de regarder ailleurs. Si Liam était au courant, je ne donnerais pas cher de moi.

- Les lunettes vous vont bien.

Je réprime un rire qui se transforme en un sourire crispé qui le fait rire à son tour. Je ne peux m'empêcher de le suivre et nous n'arrivons plus à nous arrêter après ça. Quand je reprends enfin mon souffle, je me rattache à la contemplation de ses yeux.

- Vous semblez très proche avec Mia.

- C'est ma petite sœur. Elle m'a déjà dit beaucoup de chose sur vous. Elle semble vous apprécier.

Je reste de marbre mais à l'intérieur de moi, je boue. Qu'a-t-elle bien pu lui dire à mon propos ? Je n'aime pas trop qu'on raconte ma vie à tords et à travers mais bon, c'est une enfant. En tout cas, mon sourire disparait.

- Qu'a-t-elle dit ?

- Rien de spécial, votre âge, votre profession, votre situation personnelle. Que ce que vous leur aviez dit, sinon est qu'elle chante vos louanges tous les soirs.

Une idée me vient. S'il en connait autant sur moi, pourquoi ne pas en profiter pour lui poser des questions.

- Quel âge avez-vous ?

Son sourire se fait plus grand et il s'approche, entrant dans la « classe » pour la première fois.

- Vingt-sept ans.

Vingt ans d'écart. C'est énorme ce qui les sépare. Il pourrait être son père. Je reste figé par ma découverte si bien qu'il en perd son sourire et s'approche de moi. Son regard est inquiet en me dévisageant.

- Vous allez bien ?

- Euh... oui. J'encaisse la différence d'âge entre vous.

- Vous n'avez pas l'habitude, c'est normal.

Il se relève et me tend une nouvelle fois sa main.

- J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas prit le temps de vous présenter aux habitants.

Je prends sa main et il me lève de ma chaise. Je dépose mes lunettes sur la table et le suis à travers le village. Il me présente à des femmes et des hommes dont je ne retiens absolument pas le nom. Une vielle dame me prend les deux mains avec un grand sourire communicatif. On ne peut pas se parler parce qu'elle ne parle pas anglais mais les gestes comptent plus que les mots à cet instant.

Nous parcourons de long en large les petites maisons mais jamais il ne me présente à des gens qu'il qualifierait venir de sa famille. Soit il l'évite délibérément soit ils ne sont pas dans le village.