Chapitre 8

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Je fais des allés retour dans la chambre d'hôtel depuis maintenant une heure. Ou plus. J'ai perdu la notion du temps. Liam a déjà déguerpie en prenant ses affaires sans oublier de payer la chambre. De toute façon, il m'a radié de ses comptes, si bien que je suis aussi pauvre que mon amant. Je me demande encore comment je vais rentrer en Angleterre, ne voulant en aucun cas appeler mes parents pour leur demander de l'aide. Il faudrait que je leur annonce ma décision de divorcer, ils ne vont pas apprécier.

- Tu me donne le tournis.

Son accent est toujours à croqué mais je n'arrive pas à m'en réjouir. Il est adossé contre le chambranle de la porte, les bras croisés, aussi joyeux que moi. Je m'arrête de courir dans tous les sens pour finir par m'asseoir à côté de ma valise, sur le lit.

Ça ne fait que quelques heures que je suis sortis de l'hôpital et pourtant j'ai l'impression de ne pas en être sortit. Toutes ses informations mon foutue un sérieux coup de blues. On ne se rend compte de la chance qu'on a d'avoir des enfants, qu'une fois qu'on les perd. Mais quand on n'a même pas eu la chance de les voir venir au monde, c'est à la fois pire et mieux. On ne peut même pas apprécier de le prendre dans nos bras mais on n'a pas le temps de s'attacher.

En ce moment, je ne sais même plus de quel côté je balance le plus, tout ce que je sais, c'est que je n'arrive plus à penser par moi-même. J'ai besoin de stabilité, de revenir à une vie normale, une routine connue. Méchamment, Londres me manque, mais une fois que j'y serais, Hissan ne sera plus là. Tout est si compliqué.

- Aurore, tu peux partir. Je ne t'en veux pas.

- Je ne veux pas te laisser ici dans... cette précarité.

Il me sourit et passe sa main sur ma joue. Mes yeux sont plongés dans l'abysse des siens, quelques centimètres plus bas.

- J'y ai vécu pendant vingt-sept ans, je peux survivre à quelques années de plus.

- Quelques années ? Tu es vachement optimiste.

- Je t'attendrais.

J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Hissan sourit de plus belle, me montrant ses exceptionnelles dents blanches pour finir par m'embrasser. Ça, c'est l'une des choses qui va énormément me manquer.

Nous finissons ma valise ensemble mais je n'ai toujours pas de solution pour rentrer chez moi. Hissan sait que je ne veux pas demander de l'aide à ma famille mais au bout d'une demi-heure à chercher comment je pourrais me payer un billet d'avion, le brun me tend mon portable avec une moue qui en dit beaucoup trop. Je respire un bon coup avant de taper le numéro de ma mère et de coller l'appareil à mon oreille.

- Allo ?

- Maman.

- Chérie ! Alors comment se passe ton séjour en Inde ?

- En fait, j'aimerais rentrer mais je n'ai plus d'argent.

- Et Liam, il ne peut pas t'en donner ?

Je sers les dents tandis que Hissan me fait des gestes pour me calmer.

- En fait, on s'est disputé, il est repartit sans moi.

Ma mère reste silencieuse un instant et j'ai peur qu'elle me rembarre. Mon angoisse doit se lire sur mon visage car Hissan me prend la main par soutien.

- Je te fais un virement.

Elle raccroche aussitôt et je sens que mon retour va être amer. Hissan me prends dans ses bras jusqu'à ce que mon téléphone sonne pour m'indiquer qu'une somme d'argent vient de débarquer sur mon compte individuel.

Damaged HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant