Souvenirs

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Aida Diop

J'ai mal, mon cœur me fait mal, cette douleur ne m'a jamais quitté de ma vie, je ne comprends pas pourquoi ça m'arrive surtout aujourd'hui.

Ibrahima : maman, louxew ? A présent, on est seul, parle moi, je pourrais peut être t'aider.

Moi : Mon cœur, mon cœur me fait mal, c'est un sentiment inexplicable, une douleur très profonde.

Lui : je sais, j'ai vu comment tu as pris la petite dans tes bras, explique moi, je saurais t'aider. Tu sais Aicha pense que c'est à cause d'elle que tu es comme ça. Elle vient d'accoucher, yeineu situation de stress yi ce n'est pas bon pour elle.

Je sursaute légèrement, c'est vrai, j'avais même oublié ce détail.

Moi : li malaye wakh, defe na aye ate si guinawe, Aicha meussou ko yeugue si aduna. Keineu meusso ko yeugue koudoul mane ak papame yallah nako yallah yeureume, mome mi neik si deugue.
Il y'a 30 ans de cela, moi et le père de Aicha venions tout juste de nous marier, on n'avait fait 3mois de mariage et je me retrouve enceinte.

J'arrête et me mets à pleurer,  je frappe ma poitrine pour me contenir.

Ibrahima me donne de l'eau pour me calmer, il ne parle toujours pas, il me tient tout juste la main, qu'il caresse pour m'encourager.

Moi : suite à une violente dispute, il m'a frappé. Cette nuit là, j'ai atterri à l'hôpital où j'ai été inconsciente pendant 2 semaines. C'est à mon réveil qu'on m'a annoncé que j'ai perdu le bébé.

Je marque une pause et respire.

Moi : mes parents ont étouffé cette affaire, personne n'a voulu en parler. Le médecin m'a avoué que je ne pourrais plus jamais enfanter de ma vie.

Ibrahima exerce une forte pression sur mes mains, je poursuis.

Moi : j'ai menacé le père de Aicha ( nako yallah yeureume) que j'allais le dénoncer à la police, il a acheté le silence de mes parents et le mien d'ailleurs. La même semaine, il m'a ouvert un compte bancaire, il m'a cherché deux bonnes, puis m'a encouragé à aller voyager afin de faire du commerce, d'où ma fortune aujourd'hui.
J'ai accepté de me taire, de ne plus enfanter, de rester dans ce mariage, de souffrir et malgré tout de continuer à vivre avec cet homme.
Je suis allée jusqu'en côte d'Ivoire pour me soigner afin de pouvoir enfanter, mais rien.
Des années plus tard, j'étais découragée et je m'étais faite à cette idee de ne jamais enfanter.
Puis, un jour, le père de Aicha rencontra des problèmes au bureau, il était entrain de faire faillite. Un soir, il rentra ivre à la maison, et me viole, il m'avait violé toute cette nuit du 08 Octobre.
Encore une deuxième fois, je reste et décider de continuer avec ce fameux '' mougnale ''.
Et tu sais ce que mes parents m'ont dit (je souris tristement) qu'entre mari et femme, il ne peut y avoir de viols, que c'est un devoir, j'ai pas voulu, il a eu de force, que dara nékou si.
Et pendant 8mois, 8 longues mois, il me violait, matin et soir, je n'en pouvais plus, j'étais obligée d'arrêter mon business et mes études pour un moment.
Je ne tenais plus, je n'arrivais plus à m'asseoir, je dormais tout le temps, même souvent pendant l'acte. Je n'avais plus de larmes.
8 mois plus tard, le 10 Juin, j'ai passé toute la journée au lit, en pleure, j'avais mal, je souffrais, je ressentais des coups au ventre, j'ettoufais et je transpirais, même si le climatiseur était allumé.
Il me trouve dans cet état, il parût inquiet un moment, mais ça ne l'a pas empêché de tenter de me violer.
Alors qu'il essayait de vouloir me pénétrer violemment, un liquide chaud très chaud sortit entre mes jambes, et une douleur très insupporte, je me mettais à crier.
Les voisins sont sortis, on m' a amené au poste de santé qui était juste en face de chez nous.
Lorsqu'ils m'ont vu, ils ont dit que j'étais sur le point d'accoucher, j'eus tellement peur que je m'étais évanouie.
C'est ainsi, qu'ils m'ont fait une césarienne, le lendemain je me suis réveillée, et on m'a expliqué que j'avais fait une déni de grossesse, j'ai accouché Aicha cette nuit du 10 Juin à 23h 32 mn.
Elle est arrivée à un moment où rien aller, elle a été conçue dans un viol, et elle est née avec une lumiere, une chance.
Cet enfant était né étant déjà béni.
A cause de sa naissance, son père n'a plus jamais levé la main sur moi, il ne m'a plus jamais violé.
Juste après sa naissance, les affaires de son père commençait à marcher de nouveau, son père s'est réfugié dans la prière.
On est parti à la Mecque ensemble presque chaque année pendant 8ans, il n'a jamais cessé de me demander pardon jusqu'à sur son lit d'hôpital.

Son père disait toujours :

Aicha est une bénédiction, elle est ma lumière et mon futur. Elle est toute ma vie.

Moi : Aicha moma gueneul sama Bop, gueneul ma sama doundou bi. Meunouma setane gnou koye torokhale, wala diko door, tei Thierno mi ma guiss, fou wadja !
Kou respecter woul sa awo, falei woko, meuno respecter gnareile même soko beuguei.
Ningua teyei sa awo reik, lagnouye khamei goor bingua doneu.
Dinama rayal, mba mou sanke sama dome dji.
Chaque nuit, je l'entends renifler, elle paraît forte mais elle est très fragile. Khamoul lou metti, tamoul neik si tolof tolof.

J'ai mal et j'ai très peur de la suite des événements.

Je pleure de plus bel.

Meme ibrahima s'y est mis, il s'est tût depuis le début, effaçant souvent quelques larmes.

Ibrahima Ndiaye

J'ai toujours su qu'il y'avait quelque chose de spécial avec Maman Aida, son amour pour sa fille avait forcément une histoire.

Cet amour qu'elle a pour les autres, cet instinct maternel qu'elle a, et cette gentillesse ne pouvait venir que de là.

J'ai toujours voulu lui demander, mais je me suis toujours retenue, attendant le bon moment.

Cette femme est exceptionnelle, elle a trop accumulé, c'est normal.

Elle est stressée et bouleversée, elle est juste très inquiète.

Moi : Mais il faudra que tu parle à Aicha, rassure là et épaule. Il est temps qu'elle grande et qu'elle prenne ses décisions toutes seules. Elle est maintenant mère de 2 enfants nekatoul khalei.
Je trouve que tu la couves trop et baxoul si mome, laisse la affronter la vie, laisse la faire ses propres choix.
Quels soient bons ou mauvais, elle assumera.
Arrête de t'inquiéter pour elle, laisse la vivre sa vie.
Si elle décide de rentrer chez elle, affronter ses peurs et faire face à son choix. Laisse la maman, mettina mais nonou leu.

Elle reste pensive, sûrement cogitant sur ce que je viens de dire

Elle : j'y ai pensé à plusieurs reprises, mais ce n'est pas facile. Elle ne pourra pas, non. Elle en est incapable.

Moi : prends des vacances, laisse là se débrouiller pendant 1 à 2mois avec ses enfants et son ménage.
Et toi, profites en pour changer d'air, pour faire d'autres découvertes, pour acheter des marchandises,....
A toi de voir, mais sorriko lou yague.

Elle : khamoul keineu koudoul mane, demoul feineu foudoul fi, dina metti trop.

Moi : mettite bobou mokoye forger.
Kholale taye, si je n'étais pas là, comment elle allait faire ? Juste te calmer, elle n'y arrive pas, c'est grave pour une mère de famille.

Elle : oui je sais, et je pense que tu as raison.


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