Chapitre 2 : À l'essai

313 17 2
                                    

            Keroshane, surnommé Kero, un homme licorne, m'avais escortée jusqu'à ma chambre à la fin de la réunion en salle du cristal. Markus avait donc décidé qu'un mois d'essai dans la Garde d'Eel devrait me permettre de faire mes preuves. Cependant, Eweleïn, l'infirmière, avait plaidé en ma faveur en demandant de me laisser trois jours de repos avant le test. Je l'en avais remerciée, puisque, si les heures après mon arrivée avaient été chargées en émotions, j'en avais presque oublié ma grossesse. Un temps de repos s'imposait.

Ma chambre n'avait rien du grand luxe, bien au contraire, elle avait plutôt l'allure d'un hôtel de seconde classe. Un lit, une table de nuit et une armoire habillaient les dix mètres carrés de surface, simplement éclairé par quelques bougies et d'une petite fenêtre. Pour ce qui était du mobilier de toilette, il était commun à l'ensemble de la garde. D'ailleurs, cela avait été l'une de mes seules occasions de sortir de ma chambre durant ces trois premiers jours.

J'avais décidé de m'enfermer seule afin de me centrer sur moi et ma fille. Ce n'était pas l'idée la plus brillante que j'avais eu pour ne pas ruminer. Toutefois, j'avais besoin de ce temps d'analyse personnelle.

Étonnamment, Leiftan était venu me voir pour s'assurer que j'étais bien installée. Nous n'avions pas échangé sur ce qui c'était passé à la suite à la décision de Markus et Miiko. En fait, nous n'avions échangé un mot. Cependant, sa présence silencieuse m'avait été bénéfique. Il avait eu la gentillesse de m'apporter mes repas. Repas pour le moins étrange en bouche, mais mangeable, c'était ce qui importait.

Finalement, Leiftan et Eweleïn avaient été les seules personnes à me rendre visite dans cette pièce, qui me donnait, de plus en plus, la sensation d'être une geôle. Même si, j'étais terrifiée par la perceptive d'en sortir, je commençais à étouffer. Le souvenir de mon hospitalisation, de ce mois de doute et de peur, me revenait sans cesse en mémoire. J'avais alors besoin de prendre l'air, d'affronter mes craintes pour mettre fin à ce sentiment d'emprisonnement.

~*****~

           A l'aube, je fus réveillée par quelqu'un qui toquait à ma porte. En prenant soin d'enfiler l'unique vêtement en ma possession, j'allais lui ouvrir.

- Bonjour Norya, nous allons pouvoir procéder au test des gardes aujourd'hui. Je peux t'accompagner petit-déjeuner si tu le souhaites, me demanda Kero en me souriant chaleureusement

J'acquiesçai de la tête en me frottant énergiquement les yeux. Ce qui n'avait pas changé depuis que j'étais ici, c'était que je ne prononçais pas un mot le matin, tant que je n'aurais pas avalé quelque chose.

Kero m'amena donc jusqu'au réfectoire et alla commander pour nous deux en cuisine. Installée à une table éloignée des autres, je balayais la salle du regard encore embrumée par mon réveil. Tout ici me rappelais inlassablement que je n'étais pas chez moi : le cuisinier avec ses pattes de bouc, les recrues armées alors qu'ils venaient uniquement pour manger et malgré les brides de conversation légère que je pouvais intercepter, je ne me sentais aucunement à ma place.

Heureusement, l'homme licorne revint les bras chargés de divers mets inidentifiables, avec un sourire aux lèvre, ce qui me rassura quelque peu. Toutefois, je ne me rappelais pas que Leiftan m'avait ramené de tels plats. Je ne pus pas m'empêcher de demander à Kero, mais il ne répondit pas, m'invitant simplement à y goûter.

Du bout des lèvres, je portais le mélange à ma bouche, comme si celui-ci pouvait me brûler. Les différentes saveurs chatouillant mes papilles ressemblaient vaguement à du chocolat en plus amer, plus épicé.

J'avais appris dans mon monde que le cacao était modifié par de nombreux procédés afin de fabriquer le chocolat tel que nous le connaissons. Auquel cas, sans transformation, celui-ci restait immangeable pour la majorité de la population. A Eldarya, il ne devait probablement pas connaitre ce type de recette. Quoi qu'il en soit, ma faim l'emporta sur le goût.

[Eldarya/Leiftan] « Fais-moi confiance ... À jamais »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant