[Eldarya/Leiftan] « Fais-moi confiance ... À jamais »

Chapitre 10 : La vérité est un mensonge

Un parchemin ancien, un corps sans vie, mon cœur qui saigne et une galerie sombre ...

« C'était le deuxième avertissement phénix. Ton ami le leprechaun »

          Durant un long moment, j'étais restée à pleurer la perte de ma bonne fée. Puis, je m'étais résignée à l'enterrer dans ces souterrains. Alvar avait tenté de me mettre en garde quant aux risques d'effondrement, mais je ne l'avais pas l'écouté. Lucina avait enterré son mari ici et elle y avait vécu une partie de sa vie. Elle reposerait alors en paix auprès de son époux.

La terre d'Elvina accueillerait leurs corps, les cieux réuniraient leurs âmes, mes larmes pleuraient leur mort et les flammes de ma haine les vengeraient. Je ne croyais pas les mots d'Alvar, il n'y avait rien à comprendre dans la mort, aucune justification n'était envisageable. Les loups de Tyr m'avaient ôté pour toujours ma merveilleuse fée et ils détenaient ma fille !

Nous avions donc fini par rejoindre l'escouade, à l'endroit où nous avions dormi la nuit dernière. Irine m'avait d'abord sermonnée, avant de se raviser en voyant mon regard vide. J'avais laissé l'elfe noir raconter ce qu'il s'était passé dans la mine, préférant m'allonger pour observer le ciel étoilé. Chrome, Oleifr et Lucina y étaient ... Ils me surveillaient probablement tous d'en haut et je devais être pitoyable à voir.

Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais versé des larmes depuis mon arrivée à Eldarya et où je pensais avoir trouvé le courage de me ressaisir pour finalement retomber encore plus bas. L'Oracle devait bien s'amuser à m'observer me débattre en vain. Je me noyais, submergée par les horreurs de ce monde, dans lequel j'étais prisonnière.

Dès notre retour, Leiftan était resté à mes côtés. Pourtant, je ne savais même pas si j'étais heureuse d'être auprès de lui, ni si le réconfort de mes compagnons apaiserait, une fois de plus, ma peine. Même si nous retrouvions Léana un jour, elle aurait plus de six mois maintenant. J'avais manqué les moments les plus importants de sa vie ... Comment était-elle traitée par ces loups de Tyr ? Que lui disaient-ils de moi ? Me reconnaîtrait-elle ? Ma vie valait-t-elle encore le coup d'être vécue au vu de toute ma souffrance ?

Après tout ... que me restait-il ?

Mon état psychique et physique se dégradaient à vue d'œil. Aasa m'avait alors accueillie chez elle, pendant que mon escouade continuait à rechercher les cristaux et ma fille. En quelques jours, ils en avaient réuni six, alors que de mon côtés, je voyais simplement le cycle du temps s'écouler sans vraiment réaliser ce que ça signifiait. Quelle importance cela avait ? Même vivante, je me sentais morte de l'intérieur. Ils avaient beau me parler, je ne les entendais pas. Ils pouvaient essayer de me prendre dans leurs bras, je ne sentais plus leurs contacts sur ma peau. Et même s'ils espéraient mon retour parmi eux, cela faisait bien longtemps que mon esprit les avait abandonnés.

Puis, un jour j'appris qu'Irine était partie, elle s'était volatilisée sans explication. Nevra fut alors contraint de retourner à Eel pour en informer Miiko et envoyer des recrues à sa recherche. Désormais, je n'avais plus aucun espoir et à mon sens sa disparition ne présageait rien de bon. Avait-elle rejoint sa sœur ... ou les loups de Tyr l'avaient-ils aussi capturée ?

Mes amis étaient, de plus en plus, abattus par les événements, leur détermination s'estompant à mesure du temps. En même temps, comment avaient-ils réussi à tenir si longtemps ? À vivre ici ...

~*****~

           Assise seule, au bout du ponton, où péchait régulièrement Aasa, je contemplais l'horizon et le mouvement des vagues reflétant le lever du soleil. J'essayais d'imaginer la vie que j'aurais pu avoir à Eldarya si rien de tout cela n'était arrivé. J'avais beau tenter de toutes mes forces, je n'y parvenais pas. Ma vie était ainsi ... et je n'avais finalement aucun pouvoir pour changer le cours de notre histoire. Pendant que je fixais l'océan, sans bouger, Leiftan vint me rejoindre pour s'asseoir à mes côtés.