Chap9

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Ils étaient en cours de musique un jour lambda de printemps.

Adèle ne savait même pas pourquoi il s'était assis à côté d'elle, mais elle s'était convaincue de l'ignorer complètement pour ne pas être perturbée pendant le cours.

Romain était le genre de personne qui n'écoutait rien et négligeait tout. Même si elle ne le connaissait pas, elle connaissait sa réputation de perturbateur en classe redouté de tous les profs. Malgré qu'il soit en classe de première, il n'avait acquis aucune maturité.
Adèle espérait ne pas se retrouver dans sa classe pour sa dernière année de lycée, l'année prochaine.

Malgré cela, elle ne put s'empêcher de soupirer exagérément pour manifester son mécontentement. Il la regarda en biais, elle se tourna vers lui quand le regard fut trop insistant.
« Quoi?
- Je te dérange apparemment. »

Elle acquiesça. Ils étaient en cours de musique, parce qu'elle avait eu la malchance de choisir la même option que lui. Même si elle ne le fréquentait pas vraiment, il lui semblait extrêmement collant.
Ses amies avaient pris cinéma en option, c'était donc la seule matière où elle se retrouvait vraiment seule.
Et à vrai dire, elle se sentait bien.

Il se pencha vers elle. Il en avait vraiment rien à faire de ce que racontait le prof.
Heureusement que celui-ci s'était lancé dans une anecdote de sa propre expérience dans un conservatoire; quand il se lançait dans son autobiographie, Monsieur Lepaon était complètement absorbé dans son récit et ne se rendait pas compte que la totalité de la classe ne l'écoutait pas.

En y réfléchissant, Adèle aussi n'était pas vraiment intéressée par son histoire. Elle gribouillait des étoiles sur sa feuille de musique.

« Ne me dis pas que tu avais réservé cette chaise à ton amie invisible? lança-t-il espiègle. »
Adèle roula les yeux mais ne répondit pas. Elle avait très peu de répartie à vrai dire.

Il haussa les épaules.
« J'aime bien parler avec toi. Je trouve que nos conversations sont vraiment enrichissantes. »

Adèle se figea aussitôt dans ses gribouillis. Elle était comme elles? Sans conversations? Adèle se décomposa à cette idée et se précipita de marmonner :
« Je ne parle pas aux inconnus, c'est tout. »

Elle sentit le sourire espiègle de son voisin de table réapparaître.
« Je sais que je peux faire peur physiquement, mais je ne suis pas agressif, rassure-toi. »
Elle ne put s'empêcher de pouffer, et de répliquer en le regardant les yeux moqueurs:

« Toi? Faire peur physiquement?
- Tu sous entends quoi là, s'énerva-t-il soudain offensé. »

Adèle reporta son attention sur son dessin, le sourire toujours au coin des lèvres.
« Que tu ne ferais même pas peur à une mouche. »

Elle se surprit elle-même. Elle n'était pas comme ça habituellement. D'où lui venait cette confiance?

Il cessa de la regarder pour écrire ce que le prof notait dorénavant au tableau.
« C'est une expression ringarde, finit-il par marmonner en s'adressant à Adèle.
- J'aime bien les expressions ringardes. »
Il lui fit un clin d'œil auquel elle leva les yeux au ciel.

OK, ce gars était dragueur. Elle aurait dû s'en douter. Elle ne s'était pas méfiée parce que jusque là, personne ne s'était véritablement intéressé à elle.
Ça lui faisait du bien de se sentir réelle pour quelqu'un d'autre que des amies muettes.

Elle prit en note le tableau aussi, écoutant de nouveau la voix du professeur de musique.
« ...donc je vais vous mettre par groupe de deux ou trois pour créer une composition de votre choix entre les trois thèmes notés au tableau. »

Adèle fronça les sourcils. Elle n'avait vraiment rien écouté du tout. En plus, aucune de ses amies ne serait là pour lui expliquer les devoirs qu'il allait falloir faire. Le prof jeta un vague coup d'œil aux élèves qui l'entouraient et poursuivit :

« Bon, ben on va faire plus simple : je vous mets en groupe avec vos voisins de table. On est impairs, ce qui va donner six groupes de deux, et un groupe de trois. »

Adèle fusilla du regard son voisin de table, qui leva les mains pour feindre l'innocence. Mais il n'eut pas le temps de se défendre :
« Ah, ben tiens Romain, je ne m'y attendais pas mais super, reprit le prof tout sourire, vu que tu es volontaire, toi et Adèle vous formerez le groupe de trois avec Bastien qui est absent aujourd'hui. »

Adèle lança un regard lourd de reproches à Romain, qui ne put s'empêcher de sourire, face à la situation.

Bastien était le garçon qui ne venait que trois fois par an au lycée, quand ça lui chantait. On ne le voyait jamais, on ne l'entendait jamais, c'était comme si il était transparent. C'était triste à dire, mais c'était la vérité.
Mais quand il était là, il était tellement asocial que parler avec lui était une véritable torture. Adèle le savait très bien, elle était dans sa classe depuis l'année dernière.
Avec un peu de chance, il ne se présenterait pas aux prochains cours de musique.

« Désolé, s'esclaffa Romain une fois que le cours fut terminé et qu'ils se retrouvèrent dans le couloir. C'était vraiment pas prémédité du tout! »

Adèle était d'une humeur glaciale.

Elle était ravie. Rayonnante.
Elle devait travailler en groupe avec le garçon le plus chiant de la planète. Créer une chanson. Ou un instrumental. Dans un délai de deux semaines.
Rien n'aurait pu l'enchanter plus que ça. Son visage était radieux.

—-
nda: bonjour/bonsoir/bon après-midi, bref, en relisant mon propre chapitre, je le trouve suffisamment cliché pour qu'un potentiel lecteur n'ait plus envie de continuer la lecture. Mais je ne vais pas le modifier pour autant car la suite de l'histoire est tout sauf clichée, et a un réel intérêt.
Je ne dis pas ça pour vous mettre en garde de vous renier à tout jamais parce que vous n'avez pas lu mon livre haha ;) mais c'est juste que les préjugés sur les clichés sont parfois trompeurs.

Bonne lecture, promis je vous embête plus.

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