Chap23

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C'était le lendemain, et Adèle avait tenu à passer cette journée avec ses amies brunes, pour se prouver qu'elles pouvaient être hilarantes elles aussi. Elle avait planifié une journée parfaite pour ses amies parfaites.
Le matin, elle les retrouva en avance devant la porte du premier cours de la journée, et leur fit la bise avec enthousiasme. Pendant les cours, elle bavarda avec elles comme si elles ne s'étaient pas parlé depuis des semaines. Elle avait noté dans son cahier de brouillon plusieurs sujets de conversation pour ne pas noyer la discussion.

À dix heures, elle leur avait partagé son pain au chocolat et proposé de s'asseoir dans l'herbe pour bronzer. À midi, elles avait accepté de déjeuner à la cantine alors que le soleil la narguait de derrière la baie vitrée.
Le poisson en sauce avec son assortiment de carottes était mémorable.

Ensuite, elle avait passé la première heure de perm à leur confectionner des couronnes de fleur, et leur enseigner comment en faire. On aurait pu se croire dans un cours de maternelle mais c'était la seule activité qu'elle avait trouvé qui lui permettait de garder un contact et un dialogue avec elles.
Elle continua à bavarder avec elles pendant les cours de l'après midi, s'intéressa à leur centres d'intérêts, leur vie.
Cela faisait deux ans qu'elle passait ses journées avec elles, et elle n'était même pas au courant que la brune à lunettes avait trois petits frères.

Et Adèle répéta cette thérapie plusieurs jours d'affilée; au bout de trois, les brunettes furent à bout et lui demandèrent ce qui n'allait pas dans sa tête.
« Tout va bien, affirma Adèle en tressant sa couronne de pâquerettes. »
Les trois brunes échangèrent un regard suspicieux.
« Ben non, on voit très bien que quelque chose n'est pas habituel, répliqua la brune aux yeux verdorés. »
Adèle sourit.
« Ben justement! Vous ne trouvez pas ces nouvelles journées enrichissantes? Productives? Bavardes? Et si ça devenait nos nouvelles habitudes? »
La brune au téléphone la regarda blasée et désigna la brochette de fleurs qu'elle venait de faire :
« Ça? Nos nouvelles habitudes?
- Non merci, renchérit la brune à lunette. »

Adèle soupira.
« Faites un effort, marmonna-t-elle avec agacement. »
Il y eut un silence, que la brune à lunette coupa en soupirant.
« Bon, faites comme vous voulez, mais moi l'herbe ça me soûle . »
Et sur ce, elle se leva et épousseta son jean.
La brune aux yeux verdorés hocha la tête et se leva à son tour.
« Moi aussi j'en ai marre. »
Adèle lança un dernier regard d'espoir vers la brune au téléphone, qui s'excusa du regard et se leva à son tour.
Adèle fixa le sol avec désespoir.

« Bon, Adèle, tu nous rejoins quand tu seras redevenue normale, déclara la brune à lunette, une pointe de pitié dans la voix. »
Adèle resta assise dans l'herbe en silence tandis que ses amies déguerpirent en direction d'une table banc, où elles rallumèrent leur téléphone portable et restèrent fixées dessus sans même s'adresser la parole.

Au moins, elle avait essayé de les changer.
Adèle s'apprêta à refaire une couronne quand une main se posa sur son épaule. Elle releva la tête aussitôt et croisa le regard de Romain.
Cela lui réchauffa un peu le cœur.
« Salut. »
Elle lui sourit.
« Salut. »

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