« J'aimerais te demander quelque chose. »
Ils étaient allongés par-terre sur la moquette de Romain. Ensemble ils avaient passé l'après midi à accrocher des étoiles fluorescentes sur son plafond. Ils avaient éteints toutes les lumières, pour se plonger dans une ambiance nocturne pour de bon.
Adèle constata que la moquette était confortable.
Elle tourna la tête vers son interlocuteur.
Étrangement, ils étaient devenus amis.
Ils ne l'auraient peut être jamais été si ils n'avaient pas eu ce devoir de musique en commun.
C'était étrange, la vie.« Je t'écoute, assura Adèle. »
Il observa le plafond constellé.
« C'est quoi pour toi le bonheur? »Adèle eut un haussement de sourcils surpris, mais Romain ne pouvait pas le voir. Elle réfléchit un instant, avant de dire :
« Le bonheur... c'est les gens.
- Hein? »Elle hocha la tête pour confirmer ses propos. Elle s'était créé cette philosophie depuis quelques temps déjà, et elle était sûre qu'elle était vraie.
« Comment ça, les gens?
- Pour moi le bonheur c'est les gens qui te le donnent. Tu peux pas le trouver tout seul. »Elle marqua une pause en observant les fausses étoiles au-dessus de sa tête.
Oui elle en était certaine, pour elle c'était ça le bonheur.« Quand tu es heureux, c'est parce que quelqu'un t'a rendu heureux, affirma-t-elle. Ou quelque chose que quelqu'un a fait pour toi, poursuivit-elle voyant son air perplexe. Pour moi le bonheur c'est quelque chose que tu as en toi mais qui n'est pas pour toi, et ton rôle c'est de le donner à quelqu'un pour le rendre heureux. »
Il y eut un silence léger, à travers lequel Adèle souriait, confiante.
Elle se tourna finalement vers son ami pour être sûre qu'il aille bien. Il hocha la tête avant de lui serrer la main contre la sienne.« C'est la plus belle définition du bonheur que j'ai jamais entendue. »
Adèle eut un petit rire tout en serrant sa main aussi fort que lui, pour lui prouver qu'elle était présente dans sa vie, désormais.Elle pouvait se vanter de le connaître un peu, maintenant.
« Non, c'est vrai, ajouta-t-il. »
Il y eut un nouveau silence, où Adèle comprit qu'elle avait donné une réponse fondamentale au garçon sensible à côté d'elle, et que, grâce à ça, il se sentait peut être mieux.
« Tu es une artiste, hein, Adèle? »
Elle sourit en regardant le ciel étoilé.
« Je crois bien, oui. »
Leurs mains toujours serrées l'une contre l'autre, Adèle savait qu'elle vivait un instant unique qui ne se reproduirait certainement jamais.
Romain n'était pas comme ça tous les jours. Surtout pas devant les gens.
Il lui avait livré plus de personnalités en une semaine et demie que ses trois amies brunettes en l'espace de deux ans.« Toi aussi t'es un putain d'artiste, Romain. Et ça, crois moi, je l'aurais jamais imaginé, déclara-t-elle sincèrement.
- Tu te fies aux apparences? »Elle eut un petit rire et leurs regards se croisèrent.
« Non, rectifia-t-elle, maintenant je m'en méfie. »Il lui lança un sourire charmeur auquel elle répondit par un roulement des yeux.
« Adèle.
- Oui?
- Je voulais te demander quelque chose d'autre. »Elle haussa les épaules. Au point où ils en étaient.
« Vas-y.
- Pourquoi tu restes avec ces filles?
- Hein? »Elle se releva pour se caler sur le côté gauche, son poids reposant sur son coude.
Romain resta allongé, les mains désormais croisées derrière la tête, pensif.
« Ces trois brunes, là. On dirait des triplées. »Elle ne put s'empêcher de rire face à cette remarque.
« Des triplées, t'as vraiment beaucoup d'imagination en fin de compte. »
Il secoua la tête avant de se tourner pour regarder Adèle, attendant sa réponse.
« Alors?, insista-t-il.
- Ce sont mes amies, c'est tout, répondit-elle en haussant les épaules. »Il éclata de rire.
« Des amies, ça? Elles ne font même pas attention à ta présence.
- Merci c'est gentil, répondit-elle froidement.
- Elles n'ont pas de personnalité, affirma-t-il en regardant de nouveau son plafond.
- Tu ne les connais pas, rétorqua Adèle avec ironie.
- Ça se voit de loin, crois-moi. »Adèle soupira avant de se lever complètement, énervée. Il réagit en se relevant brusquement sur le coude pour la retenir par le poignet.
« Où tu vas?
- Tu me soûles. »Il se mit à faire une bouille de bébé, se croyant attendrissant. Adèle resta de marbre.
« Tu perds ton temps.
- Bon d'accord je parle plus de tes amies! C'est bon, tu restes?
- Il est tard de toutes façons. Faut que je rentre. »Romain se releva pour être à la hauteur d'Adele et afficher un sourire enthousiaste :
« On fait des crêpes?
- N'essaie pas de m'acheter.
- Je savais que t'étais partante pour une crêpe party!, s'écria-t-il en se précipitant hors de sa chambre sans lui laisser le choix. »
Elle sourit en soupirant et le rejoignit en courant.
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A D È L E
Teen FictionAdèle est très maladroite en sociabilité, elle a du mal à créer des liens avec les gens. Enfermée dans une routine morne et ennuyante, elle se demande si elle est vraiment heureuse en vivant ainsi. Personne ne la voit et pourtant tout le monde l'ob...