Chap18

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C'était un grand jardin et il faisait beau. Le soleil chauffait son visage et ses mèches de cheveux glissaient sur ses joues. Adèle était dans un jardin. Il était immense, presque infini, entièrement parsemé de fleurs jaunes. Ç'aurait pu être un champ de blé, de tournesol, mais pour Adèle ces fleurs étaient indéfinissables. Juste jaunes.
Assise sur un tabouret en plein milieu du jardin, elle jouait du piano.
La musique s'emportait dans le vent et c'était beau, Adèle entendait les notes comme si elles ne venaient que du vent. Le piano était irréel, elle était heureuse, elle souriait, et elle ne se demandait même pas ce qu'elle faisait là.
Le temps semblait s'être arrêté, les nuages ne bougeaient pas le soleil non plus, seul le vent qui transportait la musique l'accompagnait au rythme des notes.
Elle se sentait bien, il faisait chaud.
L'odeur des pâtes lui fouettait la figure.

Des pâtes?

Adèle rouvrit les yeux. La cantine.
Un peu déçue, elle planta sa fourchette dans une coquillette avant de la manger.
« À ce rythme-là t'en as pour un moment, s'exclama la brune aux lunettes à côté d'elle en souriant. »

Adèle ne répondit pas.
Et piocha une autre coquillette.

La brune du téléphone soupira.
Adèle faisait la tête depuis plusieurs jours. Elle ne disait rien, ne rigolait pas.
La brune aux yeux verdorés en était l'unique responsable.

Celle-ci fit la moue quand celle à lunettes lui lança un regard lourd de reproches. Adèle observait leurs chamailleries muettes avec appétit. C'était amusant de les voir comme ça.
Elle sourit avant de pousser son assiette contre le bord de son plateau.

« T'as plus faim? » demanda la brune du téléphone.
Adèle haussa les épaules. Elle aurait préféré retourner dans son rêve et jouer du piano.

Le piano lui fit penser à Romain, et tout de suite, elle se plongea dans une longue conversation mentale à la recherche d'idées pour le projet qu'ils avaient en commun.
Plus que deux semaines pour le terminer, et Romain ne lui avait toujours pas donné de composition.

Pas d'inspiration, disait-il. Adèle espérait que ça ne durerait pas.

Grincement de fourchette et couteaux, suivi d'un soupir :
« D'accord, je m'excuse, ça va maintenant? râla Verdoré.
- Enfin! s'écria l'autre brunette qui n'en pouvait plus. »

Mais Adèle ne dit rien.

« Si tu fais aucun efforts, aussi, s'agaça Verdoré.
- C'est à moi de faire des efforts, peut être? s'amusa Adèle. »
Elles se jetèrent un regard noir.

La brune aux lunettes soupira de désespoir et plaqua ses deux mains l'une contre l'autre comme pour prier avant de déclarer :
« Faites la paix, je vous en supplie. C'est insupportable. »
Adèle leva les yeux au ciel.
C'est vrai que la situation était un peu plus ennuyante que d'habitude.

« OK, j'accepte tes excuses, et on fait la paix. »
Verdoré n'ajouta rien, les bras croisés sur sa poitrine.
Le brune au téléphone fit non de la tête.

« Serrez-vous la main.
- Hein?
- Oui, serrez-vous la main en signe de paix.
- Absurde, ricana Verdoré. C'est bon, pas besoin d'exagérer. »

La brune au téléphone et la brune aux lunettes la fusillèrent du regard. Adèle sourit, avant de lui tendre la main. Verdoré roula des yeux avant de serrer sa main dans la sienne.

« Voilà, tout est arrangé. »

Pas vraiment non, mais pourquoi gâcher leur espoir?
Ce n'était pas la fin de la guerre. C'était une trêve. Adèle le savait inconsciemment, même si elle espérait le contraire.

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