23 heures 32.
Adèle avait réfléchi toute la journée, elle en arrivait au même point : quelque chose clochait, elle avait besoin d'aide.
Son seul allié capable de lui donner un avis extérieur ne pouvait être que Jérôme, son fidèle confident de l'ombre.Ils ne se voyaient pas, ne s'étaient plus vus depuis des mois, se connaissaient du collège et n'avaient jamais vraiment été proches, et pourtant ils étaient restés en contact depuis deux ans.
Et pourtant, ils s'étaient liés d'amitié virtuellement.
Les réseaux sociaux étaient fous.Adèle pianota sur son téléphone avec avidité. Il n'était pas tard, ce soir il pourrait lui répondre.
Adèle : Jérôme.
La réponse fut immédiate.
Jérôme : Adèle, j'écoute?
Comment pouvait-on devenir plus proche de quelqu'un par le biais des réseaux sociaux?
Adèle n'avait pas encore la réponse, mais cette technologie l'arrangeait bien, elle qui avait du mal à parler avec des gens dans le monde réel.
Ce soir elle était déterminée. Elle comptait sur lui pour l'aider à comprendre ce qui était trouble dans sa tête.
Jérôme était un expert en la matière.
Elle écrivit, très vite :
Adèle : Comment on sait quand on est ami avec quelqu'un?Il ne répondit pas dans l'immédiat. Adèle se mit à angoisser. Peut être qu'il n'était pas assez apte pour répondre à cette question.
Pourtant.
Jérôme est en train d'écrire...
Jérôme : c'est simple : tu t'entends bien avec la personne et tu passes de plus en plus de temps avec elle sans que ça soit bizarre.Adèle réfléchit une seconde, avant de pianoter :
Adèle : Et comment savoir quand c'est toxique?
Jérôme : Simple. Au début on s'en rend pas forcément compte.
Adèle : Et on s'en rend compte comment?
Jérôme : Quand la personne en question agit comme un connard possessif envers toi.Adèle éteignit son téléphone, le cœur battant très vite. Ces informations étaient précieuses car elles étaient honnêtes; Jérôme n'était pas le genre de personne à tourner autour du pot, ce qui effraya Adèle en cet instant.
Elle voulait savoir; elle savait désormais, mais c'était pire.
L'écran de son téléphone se ralluma.Jérôme : Adèle, t'es sûre que ça va?
Adèle sourit, touchée.
Adèle : Je pense.
Jérôme : Ça fait plusieurs fois que tu me poses des questions sur ce sujet, la situation a évoluée?Il faisait sans doute référence à sa confession sur l'ennui qu'elle éprouvait avec ses amies quelques semaines plus tôt. C'était étonnant qu'il s'en souvienne. Comme quoi, il s'en préoccupait.
Adèle : Bof.
Elle se rendit compte que sa réponse n'était pas très rassurante, alors elle s'empressa d'ajouter :
Adèle : Mais je gère! T'inquiètes pas.
Jérôme la crut et n'insista pas. Leur conversation s'arrêta là, Adèle éteignit toutes ses lumières pour se glisser sous la couette et dormir.
Elle ferma les yeux de toutes ses forces, mais le sommeil était parti.

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A D È L E
Roman pour AdolescentsAdèle est très maladroite en sociabilité, elle a du mal à créer des liens avec les gens. Enfermée dans une routine morne et ennuyante, elle se demande si elle est vraiment heureuse en vivant ainsi. Personne ne la voit et pourtant tout le monde l'ob...