« Mais pour le montage alors comment on va faire?
- Ah non mais ça je m'en occupe! Je sais faire. »
Romain hocha la tête.
« D'accord. Super. Génial. »
Adèle sourit.Ils s'étaient croisés dans la cour du lycée et discutaient déjà de la mise en scène de leur projet, alors qu'ils s'étaient vus la veille au soir.
Ils se dirigeaient vers leur salle de classe, cours d'histoire en commun.« Mais attends tu m'as jamais dit que t'étais douée en montage, insista-t-il curieux. »
Adèle lui jeta un regard en biais, il acquiesça.Ils s'adressaient la parole depuis une semaine seulement, c'était compréhensible.
Il n'insista pas et enchaîna sur les idées qu'Adèle lui avait proposé pour le clip. Romain l'écoutait expliquer ses idées avec attention, il était heureux de voir qu'elle n'avait presque plus de gêne et qu'elle s'exprimait presque normalement avec lui. C'était ce qu'il attendait en se rapprochant d'elle.
Il ne lui avait pas dit mais il avait bossé toute la nuit pour trouver une base de notes correcte avec son synthé, et malgré plusieurs heures de travail acharné, il avait trouvé un instrumental plutôt pas mal.
Mais il devait le travailler encore un peu, alors il décida de ne pas lui en parler tout de suite. Il n'était pas comme ça d'habitude. Il était réputé pour s'emballer dès qu'une idée se pointait dans sa tête, et tout foirer parce qu'il n'avait rien géré du tout.
Impulsivité.Il ne voulait pas foirer ce devoir, Adèle semblait y tenir. Et puis après tout, lui aussi il y tenait.
Au devoir.
Adèle s'arrêta de parler.
« Tu m'écoutes? Dis-le moi si ça t'embête ce que je te dis.
- Tu parlais de fond vert. »
Elle hocha la tête avec énergie.
« Oui, et je pense pas que ce soit une idée envisageable, donc je vais la mettre de côté. »
Romain continua à l'écouter sans l'interrompre, manifestant son écoute d'un hochement de tête régulier. Alors qu'ils atteignaient les escaliers, quelqu'un l'interpella.« Hé Romain! »
Les deux artistes se tournèrent vers la voix. Adèle reconnut le jeune homme : un joueur de foot aussi. Il était avec trois autres adolescents, et faisait signe à Romain de les rejoindre.
Adèle et Romain s'arrêtèrent de marcher. Le cours n'allait pas commencer tout de suite mais la sonnerie venait de retentir.Romain lança un regard hésitant à Adèle qui lui souriait avec gentillesse.
« Vas-y, t'inquiètes. »Elle souriait, oui. Mais Romain ne le percevait pas.
Il se passa la main dans les cheveux, hésita avant de lancer:
« Oui, j'y vais... Toutes façons on se voit en cours, hein?
- Ben oui, assura Adèle. »Mais il ne bougeait pas. Il avait peur de la blesser en la laissant seule pour rejoindre son groupe d'amis. Adèle comprenait ce qu'il ressentait. Même si elle se sentait elle-même blessée par cet abandon, elle comprenait c'était normal.
Ils n'étaient pas amis. Ils étaient un groupe pour un devoir de musique. Même s'ils s'entendaient bien, ils ne se ressemblaient pas.Ils ne se parleraient plus une fois le devoir terminé, s'oublieraient.
Adèle aperçut alors ses trois amies brunes un peu plus loin qui la regardaient. Elle saisit l'occasion de ne pas le faire culpabiliser.
« Oh bah regarde, y'a mes amies là-bas, s'exclama-t-elle en les montrant avec sa tête. »
Romain les aperçut lui aussi. Il sembla rassuré.
« Cool. » répondit-il seulement.Le malaise revenait.
Le groupe d'amis de Romain les regardait avec insistance, ils devaient se demander pourquoi il ne les rejoignait pas.
Adèle poussa Romain d'un petit coup de main vers ses amis.
« À plus tard alors, hein? », tenta-t-elle.
Il ne bougea pas. Une statue humaine.Adèle comprit alors que Romain était quelqu'un d'indécis.
Il hésitait trop, c'était à elle d'agir. Elle commença à partir en direction de ses amies, espérant qu'il comprenne qu'il devait faire pareil.
C'était la bonne décision.
Alors qu'elle s'était déjà bien éloignée, elle entendit dans son dos :
« À plus tard! »Elle se retourna vers lui, il la salua avant de rejoindre son groupe d'amis.
Elle avait réussi à le comprendre pendant une minute. Elle sourit.
Une fois avec ses amis, il lui jeta un regard inquiet une dernière fois. Elle se précipitait vers ses amies normalement, ne semblait pas vexée.
C'était la bonne décision.Lorsqu'Adèle arriva devant ses amies, sa bonne humeur s'envola aussitôt face au mépris que lui accorda la brune aux yeux verdorés.
« Quelque chose ne va pas? »demanda Adèle inquiète.
Les deux autres brunes lui lancèrent un bref sourire avant de commencer à monter les escaliers. Adèle se retrouva face au mépris en personne qui elle ne les suivait pas.
« Tu vas bien?
- Vous vous êtes réconciliés alors?, coupa la brune aux yeux verts tirant sur le doré. »
Adèle ne comprit pas immédiatement à qui elle faisait allusion.Elle fronça les sourcils lorsqu'elle comprit.
« On travaille ensemble, c'est mieux dans la bonne humeur, répliqua-t-elle froidement. »
La brune hocha négligemment la tête.
« Tu fais ce que tu veux Adèle, ta vie ne me regarde pas.
- Tu... Je te comprends pas. »L'autre éclata de rire.
« Nous on te comprend pas, rectifia-t-elle en incluant les autres brunes dans le lot.
- Et pourquoi ça? Parce que je parle à d'autres êtres humains? s'agaça Adèle avec sarcasme. »Verdoré la regarda avec dédain avant de soupirer.
« Laisse tomber. »A ces mots elle bifurqua vers la droite pour monter les escaliers.
Effectivement, il y avait un problème dans leur amitié.

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A D È L E
JugendliteraturAdèle est très maladroite en sociabilité, elle a du mal à créer des liens avec les gens. Enfermée dans une routine morne et ennuyante, elle se demande si elle est vraiment heureuse en vivant ainsi. Personne ne la voit et pourtant tout le monde l'ob...