Chap20*

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Il faisait frais, le vent lui caressait les épaules. Le jardin aux teintes violettes éblouissait la fausse nuit - la lune ne se levait pas.
Adèle sentit ses cheveux virevolter dans son dos. Elle regarda autour d'elle pour vérifier - c'était toujours le cas : elle avait comme un filtre violet sur les yeux.
Le décor était identique aux précédents rêves. Un jardin qui n'en était pas vraiment un.
L'ambiance était à la fête, il y avait de la musique plutôt bruyante, et des formes ondulantes dans le fond du décor.
Mais pour la première  fois, Adèle sentit de la fumée lui picoter le nez. Elle se retourna parce que ça venait de derrière, et tomba nez à nez avec le kangourou-man qui faisait griller de la brioche sur un barbecue.

Le kangourou lui sourit comme s'il la connaissait. Elle voulut lui demander qui il était mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle réessaya et ce fut le même résultat.
La musique était reine, il lui était impossible de se faire entendre.
Le kangourou lui prit la main et l'entraîna avec lui à l'intérieur de la maison. Adèle observa attentivement chaque élément : des tableaux, des murs bleus, un bouquet de violettes et un téléphone portable posé sur le canapé. Un canapé beige d'angle. Cette maison appartenait à quelqu'un de riche, c'était certain.

Adèle et le kangourou atterrirent dans un couloir sans fin. Adèle aurait du plus faire attention au lieu où il l'emmenait, plutôt qu'aux éléments du décor. Maintenant, elle n'avait plus aucun repères. Le kangourou mit son index sur sa bouche en souriant, pour lui demander de se taire sans doute.
De toutes façons elle ne pouvait pas parler.
On entendait plus faiblement la musique provenant de l'extérieur.

Adèle n'eut à peine le temps de voir le kangourou se précipiter vers le fond du couloir qu'il disparut.
Alors elle ouvrit la première porte qui s'offrait à elle, la plus proche par ailleurs.
Une main attrapa la sienne pour l'emmener à l'intérieur, et refermer la porte derrière elle.
Quand Adèle observa la pièce, elle se rendit compte qu'elle était dans une cave. Elle aperçut des escaliers où elle se précipita aussitôt apercevant de la lumière au bout.

Elle se retrouva dans un immense champs de fleurs jaunes. Elle l'avait déjà vu quelque part, ou alors elle y était déjà allée. Elle n'était plus sûre de rien. Sentant l'herbe sous ses pieds, elle sourit, émerveillée, avant de s'écrouler volontairement par terre pour se retrouver assise sur les genoux, sa robe s'étalant autour d'elle.

Sa robe. Elle n'y avait jamais réellement porté de l'attention, pourtant quand elle la regarda elle en eut la certitude : c'était la même.

Et soudain, elle entendit un morceau de piano au loin. Elle se releva et aperçut une ombre plus loin dans les champs. Elle se mit à courir, persuadée que cette personne pourrait l'aider à comprendre le sens de ce rêve. Mais plus elle courait, plus la mélodie s'éloignait. Quand elle fut à bout de souffle, elle s'allongea dans les champs et ferma les yeux.

Elle éclata de rire en constatant ce qu'elle essayait de faire.
C'était possible, oui.
S'endormir dans son rêve était possible.

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