Romain l'accueillit avec le même sourire que la dernière fois.
Même si Adèle n'était pas une perle avec lui, il demeurait joyeux comme si tous les jours de sa vie étaient heureux. Enfin c'est ce qu'Adèle ressentait en voyant son sourire. Il souriait tellement qu'on avait l'impression qu'il était faux.
Adèle avait peur que ça masque quelque chose de très douloureux au fond de lui. Elle avait lu dans plusieurs livres que les gens les plus tristes étaient ceux qui le cachaient le mieux.Romain referma la porte derrière elle et déclara sur le ton de l'ironie:
« Je ne te propose pas de jus d'orange? »
Adèle ne put s'empêcher de sourire.Installés dans la chambre, Adèle décida de se glisser sous la planche en bois pendant que Romain eut le dos tourné. Celui-ci la surprit sur le fait.
« J'en étais sûr! »
Adèle sourit à nouveau. Elle était d'humeur joyeuse aujourd'hui.
« C'est vrai que c'est plutôt sympa ici, avoua-t-elle en s'installant confortablement. »
Romain commença à brancher son synthétiseur.
« Si je peux, un jour je creuserai un tunnel derrière ce mur, expliqua-t-il en montrant d'un signe de tête le mur contre lequel Adèle était calée.
- Pour quoi faire?
- Un tunnel secret, bien entendu.
- Oh. »Ce n'était pas une si mauvaise idée.
« Il mène vers où ce mur, demanda Adèle en tapotant le mur dans son dos.
- Il faut casser pour le savoir. »
Après avoir dit cela, Romain sortit de sa chambre avec précipitation.
« Me dis pas que tu vas chercher un marteau! s'exclama Adèle inquiète. »
Romain revint avec un livret de musique, espiègle.
« Je suis allé chercher mes partitions.
- J'ai eu peur.
- Tu es peureuse, alors?
- Pas du tout. »
Il sourit en la regardant, avant de reporter son attention sur le piano électronique.Il y eut un silence.
Puis il dit:
« T'es moins mal à l'aise ou je me trompe? »
Elle haussa les épaules.
« Je m'adapte. »
Il hocha la tête.Adèle se mit à observer de plus près l'univers qui l'entourait. Elle ne l'avait pas vu la première fois mais Romain avait accroché pleins de photos sous et autour de cette planche en bois. Elle les regarda avec attention, se sentant plongée dans un univers qui n'était pas le sien.
Romain l'arracha à ses rêveries.
« Tu m'as pas dit mais, on doit travailler sur quoi au fait? »
Adèle leva les yeux au ciel.
« Tu sais même pas sur quoi porte le devoir? »Il afficha une mine coupable avant de sourire charmeur.
« Je me doute qu'il faut faire de la musique.
- Tu es très perspicace.
- Je te préfère comme ça. »
Adèle fronça les sourcils.
« T'es moins renfermée, t'es plus... Toi.
- Mais arrête avec ça, s'agaça Adèle.
- Non mais c'est vrai, quoi!
- Moi aussi je peux très bien parler de ta personnalité! »
Il éclata de rire.
« Tu ne me connais pas.
- Toi non plus, rétorqua-t-elle. »
Ils se regardèrent longuement dans les yeux sans rien dire, une lueur de défi dans le regard. Ce fut Romain qui coupa le silence en premier:
« OK, admettons que je ne te connais pas.
- C'est juste la vérité.
- Alors est ce que je peux te connaître? »Pourquoi étaient-ils destinés à se montrer différemment devant les autres que ce qu'ils étaient au fond?
Adèle fit « non » d'un mouvement de tête.
« Je ne vois pas à quoi ça servirait. »
Voyant l'incompréhension dans les yeux de son interlocuteur, elle ajouta en soupirant:
« Après ce devoir de musique, on ne se parlera plus jamais. Donc laisse tomber, ça sert à rien. »Il la considéra un long moment.
« Tu te braques.
- Pardon?
- Exactement. C'est tout à fait ça. Tu te braques quand on te demande de créer des liens sociaux. Je ne sais pas pourquoi tu fais ça, mais ça m'énerve. »En disant cela il avait réellement affiché une mine énervée. Adèle ne savait pas comment elle devait le prendre.
« Je ne me braque pas du tout.
- Je pense que tu n'es plus habituée à parler aux gens, répliqua-t-il sans se soucier de ce qu'elle venait de dire.
- Arrête.
- Non. »Qu'il la considérait de cette façon, d'accord. Mais qu'il insiste pour qu'elle change, elle ne comprenait pas.
Elle soupira avant de déclarer non sans agacement :
« Je m'appelle Adèle, j'aime le chocolat et les frites. »
Un sourire apparut sur le visage du garçon assis en indien en face d'elle.
Elle le fusilla du regard avant de poursuivre:
« Que dire? Je suis fille unique et mes parents vivent harmonieusement leur amour cliché dans une maison lambda. Je n'ai pas de chien contrairement à ce que tu aurais pu penser.
- Merde, j'imaginais bien un berger allemand à côté du panneau « défense d'entrer sous peine de mort » sur la porte d'entrée de ta maison.
- Je déteste la cantine et la purée, enchaîna-t-elle non sans lever les yeux au ciel. J'aime la plage, l'été et le soleil. Depuis que j'ai vu un film d'horreur sur des lapins mutants, je les déteste. Je dis plutôt pain au chocolat et je suis allergique au lactose donc pas de céréales avec du lait pour moi. Je crois que c'est bien pour un début. »Romain éclata de rire.
« Ça nous avancera pas pour le devoir de musique, rétorqua t'il taquin.
- Qui sait? On pourrait faire un clip avec des frites qui dansent au bord de la mer, et toi qui joue un morceau bien cliché en bande son.
- Un clip? »Il n'avait pas noté l'ironie de sa phrase, ce qui la perturba un peu.
Adèle hésita quelques secondes avant d'expliquer:
« Je m'étais dit qu'on pouvait faire un clip vidéo... Mais si tu veux pas je comprendrai. »
Les yeux de Romain s'illuminèrent.
« C'est une blague?
- Hein?
- Genre c'est possible qu'on fasse un clip vidéo pour la musique?
- Euh oui il suffit de créer un instrumental ou une chanson et de la superposer à des vidéos pour créer du contenu, enfin c'est pas compliqué quoi.
- Mais c'est génial! »Adèle fronça les sourcils. Il avait l'air sérieux.
« Pour de vrai? demanda-t-elle quand même.
- Bah évidemment!
- Ah, euh, ben super! J'avais déjà quelques idées, je les ai notées quelque part je crois, commença-t-elle.
- On va faire un truc de ouf. »Adèle regarda Romain. Il était pétillant.
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A D È L E
Teen FictionAdèle est très maladroite en sociabilité, elle a du mal à créer des liens avec les gens. Enfermée dans une routine morne et ennuyante, elle se demande si elle est vraiment heureuse en vivant ainsi. Personne ne la voit et pourtant tout le monde l'ob...