Chap10

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Elle ne savait pas vraiment si c'était un rêve. Elle sentait au fond que le soleil lui picotait les yeux, avait-elle oublié de fermer ses volets en se couchant? Mais il ne fait pas soleil la nuit. Quel jour était-il?

Adèle avait très mal à la tête. Une musique lui trottait dans la tête, qui revenait en boucle. Ça l'ambiançait mais en même temps elle trouvait ça étrange. Elle était dans une petite salle aux allures violettes. Enfin elle avait l'impression.

Les yeux fermés elle dansait en rythme sur la musique. Elle ne voyait personne alentour, il y avait plein de monde pourtant. Des projecteurs éclataient d'autre nuances de violets par paillettes sur les silhouettes des adolescents.

Soudain, Adèle ouvrit les yeux. La musique ralentit, elle vit apparaître la silhouette d'un garçon au milieu de la foule d'inconnus. Il se distinguait bien des autres, avec son allure espiègle.

Mais Adèle ne le connaissait pas. Du moins elle n'en avait pas l'impression.

« Adèle. »
Elle cligna plusieurs fois des yeux pour revenir sur Terre. Ce voyage avait été plus profond qu'elle ne l'avait envisagé, il l'avait bien secouée. Deux brunes la regardaient les sourcils froncés. Un peu plus loin, la silhouette masculine du rêve lui souriait, amusé face à son désarroi.

« O...Oui, bégaya-t-elle au hasard.
-Prends ton ticket pour la cafétéria, lui rappela la brune à lunettes. »

Adèle avait quand même oublié qu'elle se trouvait dans la file d'attente de la cantine. Elle prit le ticket et choisit son sandwich; tout s'enchaîna très vite, ses amies avaient déjà pris de quoi manger. Elle les rejoignit dehors.

Elle sourit. Enfin! Elles allaient déjeuner dehors, c'était si exceptionnel qu'elle n'en revenait pas. Elles ne mangeaient presque jamais ailleurs que dans la cantine.

Les deux brunes se dirigèrent vers une table ronde libre, la troisième étant derrière Adèle. Adèle les suivit à contrecœur. Elle avait repéré des gens de sa classe en train de déjeuner sur une table banc un peu plus loin, peut être qu'au fond elle avait espéré que ses amies proposeraient de manger avec eux.

C'était sans doute trop leur demander, alors Adèle ne dit rien lorsqu'elles s'installèrent sur la table ronde et qu'elles commencèrent à déjeuner. Pour une fois, la brune aux yeux verdorés engagea la conversation :

« Alors, Adèle, tu fais quoi en cours de musique? »

Adèle la regarda intriguée pendant une fraction de seconde, avant de répondre :
« De la musique. »

Elle avait peut être été froide sur ce coup là, mais la remarque de son amie ne sonnait pas comme d'habitude. Elle ne s'était jamais vraiment intéressée à l'option choisie par Adèle, puisqu'elle et les deux autres en avaient pris une différente.

Les deux brunettes en face d'elle pouffèrent.
Ben oui, en cours de musique on fait de la musique, logique, se mit à penser Adèle agacée.

Elle demanda plutôt :
« Vous avez des courts métrages à réaliser en cinéma en ce moment? »
La brune au téléphone se précipita de répondre très enthousiaste :
« Oui! On doit en préparer un sur le thème de « la renaissance ». C'est un peu vague comme sujet, si t'as des idées on serait preneuses! »

Adèle lui sourit avant de croquer dans son sandwich et de marmonner :
« Si chtrouve chvous... »
Adèle marqua un temps d'arrêt pour avaler le morceau de sandwich qui l'empêchait de s'exprimer correctement. On lui disait toujours de ne pas parler la bouche pleine. Elle aimait bien faire ce qu'on lui interdisait. C'était son côté un peu rebelle qu'elle ne sortait que pour les grandes occasions. Mais elle s'avoua que ce pain bagnat n'était pas pratique pour articuler.

Une main frappa la table ronde ce qui la fit sursauter. Elle lança un regard assassin à celui qui venait de faire ça. Bien évidement, ce pot de colle était partout où elle allait.

« On mange pas la bouche pleine, déclara-t-il en guise de bonjour.
- Je crois que je t'emmerde, répliqua sèchement Adèle à Romain. »

Les regards de ses trois amies se tournèrent vers elle, interloquées. Elles devaient se poser beaucoup de questions, en effet.

Elle ne s'en soucia pas le moins du monde. Elle en voulait toujours à Romain pour le groupe de musique.

Il soupira, puis ajouta avant de quitter la table :
« À demain quand même. »
Adèle leva les yeux au ciel et ne prit même pas la peine de répondre. De toutes façons il ne s'attendait pas à une réponse puisqu'il était parti.

« À demain? »répétèrent les trois stupéfaites.
Adèle soupira avant de croquer dans son sandwich. Elle ne comptait pas répondre mais les regards insistants de ses trois amies devenaient difficiles à supporter.

« Pour le devoir de musique.
- Mais t'as pas musique demain, s'empressa d'ajouter la brune aux lunettes.
- On a un devoir à rendre ensemble, donc on se voit demain. »
Si ses amies n'étaient pas prêtes à accepter ce petit bout d'explication, Adèle n'avait pas l'intention d'user davantage de salive pour parler de ce boulet.

Oui, elle était rancunière. Un peu.

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