Conséquences - Partie 8

~Chapitre 24~

— Tu as toute la vie devant toi...

Je suis touchée. Comme si la balle que j'avais reçue il y a des années –charmante attention de Warren– serait revenue se planter en plein dans mon thorax. En tout cas, il est évident que je ne pleure plus pour les mêmes raisons. Je soupire bruyamment en fixant mon meilleur ami. Je pose ma main sur la sienne –préalablement posée sur ma jambe– alors que l'autre va instinctivement se poser sur sa joue. Je rapproche mon visage du sien avant de laisser nos lèvres entrer en collision d'elles-mêmes. Naturellement.

Ce fut notre premier baiser.

D'ailleurs, c'est probablement le baiser le plus tendre et le plus sincère que j'ai pu connaître à ce jour. J'embrasse mon meilleur ami. Je suis en train d'embrasser Alex. Qui l'aurait cru ? Comme on le dit si bien, les moments de crises poussent les gens à faire des actes inopinés. J'imagine que dans ce genre de moment, la jugeote est aussi bien bouleversée par les conditions extérieures que la situation elle-même.

— Wow. Murmure Alex en ouvrant lentement les yeux.

Je remets une distance entre nous.

— C'est juste moi ou... C'était bizarre ? Demandais-je en fronçant les sourcils.

— C'est moi, c'est ça ? J'en ai trop fait ? (Il se met à paniquer.) Est-ce que j'ai mis la langue trop vite ? J'ai mauvaise haleine ? Pitié, ne me dit pas que j'ai mauvaise haleine... !

Je ris.

— Non, Alex... ! Pas du tout, rigolais-je. Et tu embrasses très bien, ne t'en fais pas.

Il sourit –temporairement– en fixant nos mains pendant un court instant.

— J'aime Anya. Dit-il d'une simplicité exemplaire.

Tout est toujours si simple pour lui. Ça m'échappe.

— Je sais...

Il rit de nouveau. Un rire nerveux. C'est compréhensible. Je crois qu'il y a une époque où il aurait tout plaqué, même Anya, pour pouvoir être près de moi. Ce discours n'avait probablement jamais été réfléchi, ni même imaginé.

— J'étais tellement perdu sans elle et par là je veux dire... Bien avant sa mort. Dès que j'ai quitté l'hôtel, je me suis retrouvé perdu et éparpillé. Mais maintenant, c'est fini. Je me suis retrouvé, je l'ai retrouvé et... Je l'aime.

Je souris à mon tour.

— Je sais, Alex. Je sais tout ça.

J'imagine que c'était à son tour de retrouver son ex décédée. Je suis tout aussi persuadée qu'un simple baiser n'ira pas tout détruire. Ni pour moi, ni pour lui, ni pour Anya. Ça, il n'y a pas de doute.

Nous rions en cœur, sous la pression de ce silence qui semble peser deux-cents kilos sur nos corps.

— Très bien, déclarais-je en me levant debout. On devrait aller retrouver Will, à l'étage du dessous, avant que ça devienne louche.

— Mais avec plaisir ! Répond-il, tout aussi amusé que moi par la situation.

Soudainement... Un cri retenti dans la maison.