Je pressais la main de Julien puis la relâcha. C'était entièrement de ma faute, je devais assumer seule la douleur qui refaisait face. La gynécologue mis son masque et ses gants puis me dit d'un ton le plus rassurant possible: " Vous prenez de l'air par le nez et vous poussez fort vers la bas". Quand elle me dit son top c'est ce que je fis. La douleur s'intensifiait de minute en minute et de poussée en poussée. Mon corps n'était plus le mien. J'arrêta de pousser et enfonça ma tête dans un coussin. Julien était à côté, il me prit la main et m'embrassa le dessus du front. Ma fille bougea en moi. Pauvre enfant, si elle pouvait imaginer ce qui allait lui arriver. Le docteur me dit de continuer impérativement, je repris de l'air et poussa. Un contraction vint à se moment, je crus que j'allais mourir néanmoins j'ignorais la douleur et continuais de pousser pour me soulager car je sentais mon bébé descendre. J'entendais des "Again, again, again" ou encore des "push, push" et lorsque que j'arrêtais de pousser car je n'avais plus d'air on me disais des "good girl". Julien lui me caressait le front en fait envoyant avec sa main les cheveux qui me barraient la vue. Parfois il m'embrassait.
Tout à coup, j'arrêta mes efforts en pleine contraction. Je n'en pouvais plus, la douleur était trop intense: je me sentais déchirée de haut en bas. Je respirais bruyamment au milieu de mes draps. Je murmurais dans l'oreille de Julien que je n'en pouvais plus, que j'étais à bout. Les sages-femmes et les aides-soingantes présentes se mirent alors me dire: "No, you can do it" , " your baby's hear", "don't give up", "you were super, continue like this". Malgré tous ces encouragements, je n'en pouvais plus. On m'apporta alors un masque que l'on placplaça sur mon visage. J'huma le gaz qui en sortait: il sentait la fraise. Après quelques minutes sur mon visage, on me le retira et me demanda de pousser encore. Je ne devais compter que sur moi - même car j'étais la seule qui devait fournir des efforts.
Julien ne me lâcha pas une seule minute et cela dura pendant deux heures. Dehors il faisait presque nuit. De plus, un orage s'abattait sur le toit de la maternité. Après deux heures de souffrances, de spasmes, de sueur, de pleurs et de contractions je sentis quelque chose me gêner à l'endroit par lequel je poussais. Ça me brûlait et j'avais envie de pousser pour me soulager. Je poussa jusuqu'à ce qu'on me dise : "Stop. Don't push again." Je m'écroula au fond de mon lit. Mon sexe me brûlait toujours et je luttait contre moi-même pour ne pas pousser. Je souffla, et regarda en l'air pour ignorer la douleur. Puis, je vis soudainement des étoiles qui tournaient autour de mes yeux. Je me mis à voir flou. J'entendis une porte claquer violemment et beaucoup d'agitation autour de moi. Puis soudainement mes oreilles se bouchèrent et j'eus comme un acouphène. J'essayais d'ouvrir les yeux mais je n'y arrivais pas. Que c'était-il passé? Ma fille était-elle encore en moi? Rêvais-je?
Je priais pour que ce ne soit qu'un rêve, que je ne sois jamais tombé enceinte, que le voyage en Irlande n'était illusion. Je préférais même que mon histoire avec Julien n'ai jamais existé. J'espèrais que je faisais un cauchemar. Que le garçon aux yeux bleus ne m'ai jamais regardé, qu'il soit partie avec son "Anaïs", qu'il ne m'ai jamais aimé. Pitié, dîtes moi que ce n'est qu'un cauchemar.
Ma tête me brûlait. Je sentais des mains me toucher. J'aurais volontier voulues les repoussait mais plus rien ne me répondais. Suis-je morte? Est-ce ainsi la mort? Si je suis morte alors prenait ma vie et donnez la à ma fille par pitié. Ma fille que je ne verrais jamais, dont je ne connaîtrai jamais le nom, que je n'aurais jamais porté, jamais nourrie de mon sein. Si c'était ce sacrifice que j'avais réussi à faire, j'en étais satisfaite. Que l'homme que j'aime et notre enfant vive heureux grâce à la vie que j'ai perdu.
Mon Julien. Ô mon Julien. Si je suis morte ou entrain de mourir, comme j'aimerais que tu me touches, que tu m'embrasses comme la première fois. Fais tout ça s'il te plaît mais ne pleure pas. Tu ne dois pas pleurer pour moi. Si je suis morte, ne t'occupe pas de moi, occupe toi de la fille que je t'ai donné. Encore une fois suis désolé. Dès le premier soir je t'ai dis qu'en m'aimant tu courra à ta perte. Je t'avais dit que je détruisait tout y compris ceux que j'aime.
Si je suis morte, comme j'aimerais que l'on m'accorde encore quelques minutes, quelques secondes pour dire tout cela à mon Julien que j'aime et que j'aimerais toujours. Je voudrais lui dire ça pour repartir tranquille dans mon enfer car je ne mérite pas le paradis. Je les laisserais vivre l'histoire qu'ils doivent vivre et moi, je souffrirais pour tout ce que j'ai fait. Je veux juste que si je m'en vais qu'ils vivent leur putain de belle histoire tout les deux. Je veux que Julien finisse heureux et qu'il trouve une meilleure fille que moi qui saura mieux l'aimer et qui lui donnera tout ce que je n'ai pas pu lui offrir. Qu'il l'épouse même.
Mon Julien, ma fille, je suis désolé. Si je suis morte, pardonnez moi tout. Je veux souffrir en étant pardonnée.
Je n'entendais plus rien autour de moi, je ne sentais plus rien.
Est-ce cela la mort?
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Intrusøs (Tome 1)
Short StoryC'est magnifique de porter la vie diriez-vous à une femme qui refuse de la faire... Moi je ne dis pas que cela est bien ou mal, je raconte juste mon aventure, mon point de vue... Ils ont été trois. Trois a avoir été...des intrus?! Ce tome est le...