Chapitre 23

129 3 0
                                    

        Cela faisait maintenant plus de sept heures que je suis en salle de travail, il était près de minuit. Mon  corps tout entier était martelé par les contractions qui furent aussi fortes les unes que les autres. Mon col ne bougeait, il stagnait sur cinq centimètres comme si il avait compris qu'il ne devait plus bouger et que ma fille devait rester en moi. J'espèrais secrètement mais j'espèrais que l'équipe médicale arrête tout pour que mon bébé reste encore dans mon ventre.

        Les yeux de Julien se fermaient tout seuls et son sommeil était rythmé par mes gémissements, le faisant quelques fois sursauter. Plusieurs fois on me fit entrer dans une baignoire d'eau chaude pour me soulager. Je me placer entre les jambes de Juju qui avait ses mains en bas de mon ventre et envoyait ma tête en arrière sur le haut de son tente. L'eau monta jusqu'à quarante degrès ce qui ne me gêna pas- j'aimais l'eau chaude. Plusieurs fois après être sortie du bassin je perdis du liquide amniotique. Au bout d'un certain temps je compris malgrè mon obstination que l'on ne pouvait plus retourner en arrière. Je perdais beaucoup trop de liquide;  si on ne me faisais pas rapidement accoucher les poumons de ma fille ne baigneraient plus dans le liquide amniotique et elle risquerait... la mo...

        J'avais peur, je voulais prendre mes jambes à mon cou et m'enfuir loin d'ici, loin de cet endroit, mais je ne pouvais pas. J'étais comme emprisonnée.  On décidait de pratiquement tout pour moi. Si je continuais à "traîner" autant, on allait me césariser.  Pour éviter ce nouveau drame - car imaginez un peu, premier accouchement: denis de grossesse, bébé prématuré, césarienne - on m'injecta de l'ocitocine.  Les contractions furent d'autant plus douloureuses au point que je ne pouvais plus les gérer. Je réveilla Julien une bonne fois pour toute et me mis à pleurer de douleur. Parfois, quand la précédente se finissait,  je sangloter avec la main de Julien qui caressait les racines de mes cheveux humides par la transpiration avant de me remettre à crier la voix étouffer dans l'oreiller de mon lit.

   Mon corps n'était plus le mien. Je n'étais plus que des spasmes, des larmes et la douleur elle - même.  Quelques fois je me mettais à supplier Julien comme si il pouvais faire quelque chose en pleurant: "Mon Ju, je t'en supplie aide-moi, j'en peux plus...j'en peux plus...aide moi...je veux que ça s'arrête". Le pauvre ne possédais comme réponse que ses caresses et ses baisers qui avaient perdues tous leur pouvoir. Quelques fois une sage-femme venait examiner mon col. Je n'en pouvais plus. Je préférais mourir. 

   Julien me voyais souffrir et souffrais pour moi. Il sentait mon mal - être aussi bien que je sentais le sien. C'était plus que de l'amour, c'était de la fusion. J'avais honte de moi, de le faire souffrir. Après tout tant de femmes sont passés par là, y on même laissé leur vie et moi...moi je me comportait comme ça.

   Je pris conscience et repris ma dignité de femme. Je ne voulais pas être ses truie dans les films qui accouchent en gueulant avec les orteils écarquillés. J'étais une femme. Oui une femme. Je me battrais. OUI! Je me batterais pour ma dignité et celle de ma fille. Elle naîtrera d'une mère qui n'aura pas crié, qui aura supporté cette douleur si noble qui fait d'elle une batante, une...Femme. Je me releva péniblement, et m'assis en tailleur sur mon lit. Je n'osais pas me regarder dans un miroir: j'étais un monstre.  Julien venait de sortir pour prendre un café. J'en profita pour reprendre mes esprit. Je me recoiffa et fis ma traditionnelle queue de cheval, essuya mon visage dégoulinant de sueur et de larmes puis je repositionna le coussin dans le creux de mon lit et m'adossa dessus. J'inspira et expira profondément.  Une nouvelle contraction arriva. Je pris mon courage et deçida d'ignorer cette douleur...cette noble douleur...cette noble de putain de douleur. Je respirais comme on me l'avais expliqué, je pensa à ma dignité, à tout reste et surtout à ma fille. Après trois longues minutes, ma contraction se termina. Je respira.  J'avais réussi.

   Julien entra. Il ne me regarda pas. J'eut mal. Terriblement mal. Il s'assis sur sa chaise et me regarda.  Je le regardais. Il me sourit jaunemant.  Je ne savais pas quoi faire: lui parler, le regarder... Une contraction fit irruption une nouvelle fois. Je m'enfonça dans mon coussin et posa mes deux mains sur mon ventre. Je souffla comme pour ma dernière mais celle-ci était trop forte. Je gemis dans ma gorge. Julien ne bougea presque pas. Il me prit juste la main: je le fatiguais, ma grossesse le fatigué, mon accouchement le fatigué, tout le fatigué. " J'ai gâché tes vacances n'est-ce pas? " lui dis-je. Il leva les yeux vers moi: son regard me faisait chavirer. Il esquissa un sourire: " On aurait pu faire mieux non? " lança-t-il en riant et en m'embrassant le dos de la main. 

   Une sage-femme entra: c'etait l'examen du col. Je regarda la grosse pendule fixait en face de mon lit: une heure dix du matin.  Après l'examen j'etais à cinq presque six. Mon bébé appuyait bien sur mon col. Mon coeur se serra. Ma fille allait être là mais elle se faisait attendre par sa maman -et son papa.

   Je n'étais pas comme les mamans pressait dès le sixième mois de voir leur bébé, moi j'étais de celles qui s'accrochaient à chaque heure, chaque minute, chaque seconde qui quand elle venait de s'écroulait marqué au fond de nous comme une petite victoire. J'aurais pu donner ma vie pour celle de ma fille que je ne connaissais que depuis quelques jour et dont le nom m'etait encore inconnu. J'étais de ses mamans qui stressent avant même d'être une mère et qui culpabilise parce que leur bébé veut affronter le monde avant l'heure. J'étais de ses mamans dont le bébé possèdes déjà sa couveuse et non son petit berceaux en plexiglas à côté du lit de leur mère. J'étais de ses mamans qui n'ont eut que quelques heures pour se faire à l'idée que leur enfant allait arriver.  J'étais de ses mamans qui sont engagées dans un combat qu'elles veulent mené de tout coeur mais dont l'issue est déjà prévue à l'avance.

Je suis de ses mamans qui doivent souffrir parce que la vie en a voulu ainsi. Parce que dans son injustice à fait preuve de clémence envers les plus faibles et nous fait supporter les poids que nous seules pouvons soulever. Je suis de ses mamans qui souffrent mais qui doivent être forte et ne doivent pas de plaindre. Je suis de ses mamans qui doivent se battre contre la vie et la mort pour espérer le bonheur...de mon enfant.

Intrusøs (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant