Allongé par terre, je regardais le ciel changer. Les nuages, les couleurs, les oiseau qui y passaient. Le monde tourné autour de moi mais je restais le même. Ici le vent était plus froid que le vent d'été ordinaire. Ici, rien ne changeait jamais, c'est ce qui fait le charme de la ville. Une ville figé dans un monde en perpétuel évolution. Il y avait quelques choses de poétique dans le bruit des vagues qui s'échouaient contre les rochers. Un genre de calme mystique que j'espèrais ne trouver que chez nous.
Josie et Jacob était partie mardi, j'avais donc passé mon temps avec Penny jusqu'à vendredi, hier. Elle était partie ce matin pour San Francisco. J'avais passé mon temps sur la falaise derrière le phare, au plus près de l'eau, d'où on voyait les vague s'échouer sur les coques des bateaux. Assez haut pour être seuls, pas assez pour avoir peur du vide.
On sautait dans l'eau d'ici avant que les bateau commence à amarrer à son pied. J'avais fui la maison ce matin, ma tante et mes grands-parents avaient débarqués pour l'été. La maison était devenue anxiogène à coup de question gênante. J'avais pris mes jambes à mon cou grâce à un habile stratagème de mon père, un "et si on faisait un barbecue ce soir ?" Tout le monde s'était tourné vers lui et j'ai fui par la porte de derrière pendant qu'on commençait à s'activer. Dans la famille le barbecue est un art qui dure des plombes. C'est si interminable que je finis par m'eclipser à force de piquer du nez à table.
J'aimais l'été et la solitude qu'il apportait à cette ville, les familles partaient, le commerce continuait sans trop embêter les habitants, tout était calme, reposant. Jolyport était unique, une ville portuaire à côté d'une plus grande ville mais toutes deux au milieu de nul part. Il n'y avait pas de concurrence entre tel ou tel magasin, tout était en exemplaire unique. Un seul menuisier, une seule quincaillerie, un seul diner qui faisait pâtisserie et vente de glace l'été, une seule grosse industrie de pêche tenue par un petit vieux qui était bien plus un oncle qu'un patron, un bureau de shérif qui ne servait qu'à faire la circulation le jour de la course de tondeuse à gazon.
Une ville idyllique si on savait regarder, si on en connaissait les coins et recoins perdus. Ayant grandie ici, c'était mon cas mais la falaise du phare et le ponton était de loin mes endroits préférés. Mon père tenait la quincaillerie, j'y étais vendeur quand je pouvais et je comptais les stocks pour les futurs commandes. Tout le monde me connaissait en ville, ou presque. Sur l'étiquette de mon nom j'avais simplement noté "Gus". Ma mère avait boudé, mon père rit aux éclats. Il était bien connu dans ma famille que je détestais mon prénom. Je le haïssais, il sonnait étrange dans la bouche de tout le monde, comme un coup de poing.
Ma mère le trouvait magnifique, héritage des origines irlandaises de sa famille, parce que bien sûr les cheveux roux n'avaient pas suffit. Je suis le seul de ma famille à les avoir, ma grand-mère a toujours dit que ça me venait de son père à elle. Tous ce dont j'étais certains c'est que le cumul des deux n'aurait pas été en ma faveur si j'avais été une autre personne, si mes parents ne m'avaient pas élevé de cette façon. Je savais qui j'étais, j'assumais être complètement à côté de la plaque, être bizarre avec des amis tous aussi bizarre et bruyant. Je ne changerais ça pour rien au monde. En sentant mon téléphone vibrait je me suis levé et j'ai marché jusque chez moi, doucement en décrochant.
- Mon pote ici c'est nase !
- Ah bon pourquoi ?, demandais-je à Jake.
- De un, tout le monde me fait la tronche parce que j'ai dit qu'on avait passé l'âge de la table des enfants. De deux t'es pas là !
- C'est vrai, c'est nul, avait dit Josie qui était sûrement à côté de lui.
- Quelle cruauté d'être en famille dans un pays aussi magnifique que la Nouvelle-Zélande, avais-je rit.
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Áilleacht
RomanceC'est temps-ci, pour sa famille du moins, Gus était morose, triste, dans les nuages. En réalité, il s'ennuyait. Sa vie lui semblait sans grand intérêt et cet été là ne ferait pas exception, surtout que ses amis partaient. C'est temps-ci, pour ses p...