À la frontière ✔️

363 28 3
                                    

J'avais éteint mon téléphone. Pour la première fois depuis que je sortais avec Manuela, j'avais éteint mon téléphone pour ne plus l'entendre. Il avait réussi à me convaincre sans rien dire, juste en me fixant droit dans les yeux. Je détestais les miens, ils étaient bien trop laid et bizarre. Mais les siens étaient sublimes, comme un bleue qu'on aurait créé de toute pièce rien que pour lui. Un bleue profond qui se serait confondu à la mer des Caraïbes. J'évitais le plus son regard pour ne jamais subir ce genre de moment gênant ou je ne pouvais m'empêcher de le fixer. J'avais sûrement l'air d'un dingue a insister pour voir ses yeux. Je m'étais reprit pour ne pas paraitre taré :

- Je ne vais pas répondre, lui avais-je dit.

Même s'il le savait déjà, il venait de me voir éteindre mon téléphone. Il s'est mis à sourire et j'ai recommencé à me perdre là-dedans. Je venais de me déconnecter de tout le reste je voulais juste qu'il me regarde encore. C'est lui qui a détourné le regard le premier et c'est comme-ci je venais de remonter à la surface de l'eau. J'ai reprit une grande goulé d'air et je me suis mis à fixer le phare à l'opposé de son regard. Perdu dans mes pensées, je lui demandais sans m'en rendre compte :

- Tes yeux sont un héritage irlandais aussi ?

Il a rit et je me suis rendue compte de ma bourde. J'allais me confondre en excuse mais il m'a devancé.

- Non, personne ne sait vraiment, apparemment la couleur à sauté plusieurs générations avant de tomber sur moi. On est presque sûr que c'est du côté de mon père que ça me vient mais on a jamais su de quel origine il était.

Je mourrais d'envie de poser la question, de demander pourquoi son père ne connaissait rien de sa propre histoire mais je me doutais que ce devait être un sujet plutôt douloureux. Pourtant, comme s'il lisait dans mes pensées, il me répondit :

- Il n'a jamais connu ses parents, ni personne d'autre de sa famille. À 16 ans il a vu une petite annonce près des quais sur le continent qui disait que la quincaillerie avait besoin de quelqu'un pour aider le vieille homme qui la tenait, il a embarqué sur le premier bateau de provenance et il est venue ici. A 20 ans, il a reprit la boutique à la mort du propriétaire qui l'avait presque élevé.

Je le regardais maintenant, j'admirais la courbe de son dos tandis qu'il fixait la mer en souriant. J'attendais la suite, il s'allongea fermant les yeux et reprit :

- Ma mère est venu faire du tourisme ici à la base. Elle voulait profiter de ses vacances pour visiter un endroit atypique. Elle est tombée sur de vieux journaux qui parlait de l'île et elle a finit par y aller. Elle est allé demander son chemin dans la seule boutique où la porte était ouverte et elle est tombée sur mon père, après un moment de gêne intense et plusieurs jours à se croiser et se recroiser. Il a finit par l'inviter à boire un café et elle n'est plus jamais partie d'ici. Elle a suivie ses derniers cours à distance et à empoché son diplôme. Elle est traductrice maintenant. Ça lui évite de trop bouger et puis elle adore ça.

Il continue de sourire. Les yeux toujours clos. J'avais replié mes jambes contre moi, j'étais à peine à quelques centimètres de lui. Je pouvais voir la peau diaphane de son ventre tandis qu'il passait ses bras sous sa tête. Je pouvais admirer quelques grains de beauté disséminés sur son corps et même là. Juste là. Ses cheveux n'était plus bouclés, simplement en bataille comme les flammes qui dansaient. Ses tâches de rousseurs se mélangeait au rouge de ses joues à cause de la chaleur et du soleil qui nous frappait.

J'avais tellement envie de glisser ma main dans ses cheveux, voir s'ils étaient aussi doux que je le pensais. Je me fit violence pour garder mes mains où elles étaient. Sa mâchoire était plutôt fine, ça lui allait bien. Tout lui allait bien. Mon regard avait finit par capturer ses lèvres, qui ressortaient sous le soleil. Un rouge... sensuel. Je me demande ce qui se produirait si je les mordais. J'ai vite détourné les yeux, je ne devais pas penser à ça, encore moins avec un ami. C'est inconcevable, Gus est mon ami. Alors que je sentais du mouvement à mes côtés, j'ai distraitement tourné la tête pour constater qu'il avait posé l'une de ses mains sur son ventre, là ou sa peau était nu. Libre à ma vue. Je me demandais comment il réagirait si c'était ma main.

ÁilleachtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant