53. Masque

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ZOÉ

Deux semaines.

Je crois que je suis en train de devenir folle.

Mes règles sont terminées et j'ai pris une douche. Je ne sais pas s'il s'en est rendu compte. Je vis maintenant dans une crainte absolue ajoutée à ma terreur de devoir vivre avec lui. En conclusion, je suis une boule de stress et ça devient de plus en plus difficile de le masquer.

J'essaie surtout de ne pas le faire ressentir à Alexia qui, je le sais, est la deuxième paire d'yeux de Greyson lorsqu'il n'est pas là, à faire je ne sais quoi avec ses partenaires de vente et ses amis, à repartir sa chaîne de vente, j'imagine. Vivre dans un penthouse aussi luxueux avec autant de chambre sans que personne ne se pose jamais de questions sur l'occupant, ça demande de l'argent sans aucun doute.

Je garde la bague à mon doigt malgré son poids désagréable et sa signification encore plus dérangeante.

Est-ce qu'il m'a épousée dans mon sommeil ?

Est-ce que je suis sa femme ? Est-ce que je suis à lui comme il veut que je le sois ?

Putain, j'ai envie de mourir rien que d'y penser.

Et il n'est pas dupe.
Je ne peux pas tout simplement retirer la bague sans qu'il ne le remarque. Même lorsque je prends ma douche. Il s'assure que je la porte à nouveau du coin de l'œil, même s'il ne le formule pas à voix haute. De toute façon, un seul de ses regards suffisent à me faire trembler dans mes chaussures.

J'espère qu'il ne m'a pas mariée à lui de force. Je sais pourtant qu'avec un seul papier, mon sort est scellé.

Ces pensées me hantent jour et nuit, qu'il soit là ou qu'il ne le soit pas.

Mon masque se fissure de jour en jour.

Je commence à perdre patience et courage.

Je commence à me sentir prise au piège. Kidnappée pour de vrai.

Je me recroqueville sur moi-même lorsqu'il entre dans la chambre et que je suis assise sur un fauteuil près de la large fenêtre en faisant mine de feuilleter un magazine qu'Alexia m'a trouvé dans la poste ce matin. Il pose ses yeux sur moi à la seconde où il franchit l'entrebâillement. Ses yeux sont joueurs et sérieux à la fois. Ses cheveux noirs soyeux sont ébouriffés, sa chemise est à-moitié déboutonnée et sortie de son pantalon. La chaîne argentée qui ne quitte jamais son cou scintille à la lumière du plafonnier et pend mollement sur son torse doré.

N'importe quelle femme l'aurait trouvé attirant à s'en damner. Seulement... seulement pas moi.

Pas après tout ce qu'il m'a fait.

Pas même avec le masque de gentillesse et de séduction que je me tue à conserver.

— Salut.

— Sa-Salut.

Je baisse aussitôt les yeux sur le magazine, le feuillette nerveusement, rapidement, me coupe l'index avec une des pages dans ma lancée. En retenant un petit cri de douleur, je porte mon doigt à mes lèvres et suce la goutte de sang qui perle sur le côté.

Arrest Me - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant