Arrest Me - T2

63. Tour de magie

ZOÉ

— Fais... un autre tour de... magie... et fais-moi... apparaître... une bouteille d'eau, haleté-je en me démenant sur le tapis de course.

— Nan.

— Pourquoi ?

— Parce que tu ne m'as même pas laissé performer le premier tour !

Je lui jette un regard assassin en diminuant la vitesse du tapis.

— 256-222-5656. Maintenant, passe ta bouteille.

Il la dérobe à ma main au moment où je me penche pour la saisir du porte-gobelet. Il prend une grande lampée pendant que je pousse un râle énervé en m'arrêtant complètement.

— Tu es un petit con, Alexander !

J'ai à peine le temps de bondir au sol qu'il me rattrape, me fait tourner en saisissant ma main et me retient contre lui.

Nous sommes dans la salle de sport de l'école de danse alors que tous les cours sont terminés. Avec l'autorisation de Nadia, nous nous entraînons ici gratuitement au lieu de payer un abonnement mensuel. J'essaie de recouvrir ma taille et ma forme d'antan, sachant que je suis complètement à l'opposé de ce que j'étais avant.

— 5656, tu as dit ? demande-t-il en me faisant tournoyer du bout du bras.

Je me laisse faire avec un faux soupir exaspéré.

— Laisse-moi tranquille.

— Mais tu es trop belle pour ça.

— Eh bien merci, mon petit Alex.

Je lui donne une tape sur la main pour qu'il me lâche et recule de plusieurs pas en croisant mes bras sur ma poitrine. Il m'observe de ses yeux noisette avec un demi-sourire qui croise la petite fossette sur sa joue gauche. Je ne sais pas comment je suis censée avoir une conversation sérieuse avec ce gars dont un seul sourire me fait éclater de rire. Je ne sais pas comment je suis censée recaler un mec qui ne m'a pas laissée tranquille une seule seconde depuis que nous nous sommes connus, ce dimanche où je suis arrivée gauchement dans la salle de danse où il faisait danser sa tante que j'ai aperçue en train de sourire pour la toute première fois.

Je ne sais pas comment je suis censée repousser ce foutu Alexander avec qui je m'amuse toujours comme une folle.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux quelques secondes.

— Tu veux que je te dise quelque chose ? soupiré-je finalement.

— Dis-moi tout.

Il appuie ses avant-bras bronzés parcourus de veines sur le guidon du vélo stationnaire qui nous sépare, la tête penchée sur le côté, une mèche châtaine lui barrant le front.

Je prends une grande inspiration.

— Je viens de sortir de deux relations foireuses, une avec un psychopathe et l'autre avec un homme qui m'a brisé le cœur parce qu'il ne m'a pas fait confiance malgré tout ce qu'on a vécu à deux.

Je m'excuse.

Je resserre nerveusement ma queue de cheval derrière ma tête.