ZOÉ
Deux semaines plus tard
Essoufflée, j'appuie mes mains sur mes genoux pendant que Alex arrête la musique avec son perpétuel sourire enjoué.
— Tu es à chier.
— Tais-toi, merde.
Il éclate de rire avant que Nadia ne nous ramène à l'ordre d'un coup de canne frappé sur le plancher ciré de la salle de danse.
— Encore.
— Encore ? protestons-nous d'une seule et même voix.
— Ce n'est pas en étant merdiques que vous intégrerez le théâtre, maugrée notre enseignante en haussant un sourcil.
— Tatie, on avait dit pas d'attaques personnelles.
Elle le pointe avec sa canne en lui servant un regard acéré.
— Au travail, je m'appelle madame Zako, Alexander.
J'éclate de rire quand elle grimace de dégoût lorsqu'il lui souffle un baiser provocateur.
— Pathétique.
Puis, lorsqu'il se penche sur l'ordinateur pour repartir le morceau classique sur lequel nous avons élaboré une chorégraphie, ces dernières semaines, je m'étire, fais des cercles avec mes pieds pour délier mes chevilles, plie et déplie mes jambes, me penche vers l'arrière et l'avant pour faire disparaître les derniers noeuds dans mon dos et teste ma stabilité sur mes pointes.
Pour mon vingt-quatrième anniversaire, il y a trois jours, maman m'a acheté des nouveaux chaussons.
Je ne sais pas si c'est pour m'encourager aux auditions d'admission au théâtre dans deux semaines, mais ç'a définitivement fait changement des vieux chaussons usés qui trainaient dans ma chambre depuis déjà plus de quatre ans. Mes mouvements en sont plus fluides, moins mal aux orteils lorsque je danse, mieux ajustés à mon pied.
C'est en quelque sorte un nouveau départ aussi après des semaines où j'ai dû lentement apprendre à vivre dans un monde... normal.
Sans fentanyl.
Sans peur.
Sans mensonges.
Sans Greyson.
Sans Donovan.
J'apprends à vivre par moi-même, avec moi-même. Ça me fait peur tous les jours d'être confrontée à mes propres pensées sans savoir quoi en faire. Après s'être fait intensément laver et bousiller le cerveau, recouvrir ma liberté est déstabilisant.
Recevoir tout ce support de son entourage, mais aussi de parfaits inconnus est déstabilisant.
Me lever le matin avec un but en tête est déstabilisant.
Me lever le matin et avoir envie de me lever, de m'habiller, de déjeuner et d'embrasser mes deux parents en soi est complètement inédit.
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Arrest Me - T2
Romance- TOME 2 DE SUE ME - Plus jamais. Plus jamais elle n'y touchera. Trois mois dans une cure de désintoxication ont suffi pour faire rentrer la leçon dans la tête de Zoé Carpenter : du fentanyl, plus jamais. Plus jamais elle ne se laissera entraîner...