47. Emprise

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ZOÉ

— Allez, Zoé bébé. Debout.

Sa voix s'insinue dans mon subconscient.
Le paralyse complètement. S'enroule autour de ma conscience et réveille tout ce qu'il y a de plus craintif en moi.

C'est la panique qui me fait ouvrir brusquement les yeux au prix de me brûler les rétines par la lumière aiguë du plafonnier. Mes membres ne répondent pas à la même vitesse. Ma capacité à me souvenir comment j'ai fini dans ce lit énorme, dans cette chambre encore plus gigantesque. Nue.
Ma respiration est sifflante. Les quelques doigts qui se dégourdissent s'agrippent aux draps de satin, glissent dessus sans parvenir à trouver une emprise quelconque.

Je sens sa présence partout.
Dans ce lit où je suis couchée.
Dans cette chambre que je ne reconnais pas.
Dans cet air que je respire.

Son index effleure ma joue avec une délicatesse qui m'effraie encore plus. J'essaie de bouger, de faire quelque chose, mais même ma voix refuse de passer la barrière de mes lèvres. Mes yeux se remplissent de larmes alors que la chair de poule recouvre mon corps lorsque son doigt progresse jusqu'à ma clavicule exposée.

— Comme on se retrouve, ma belle.

Je serre les paupières. Deux larmes glissent du coin de mes yeux et s'écrasent dans l'oreiller sous ma tête.

— Pourquoi est-ce qu'on pleure, Zoé bébé ? Tu m'as manquée.

Il touche l'arrondi de mon sein.
Une sensation de nausée épouvantable monte dans mon ventre.

— Toute docile comme ça...

Ma lèvre inférieure tremble à mesure qu'il progresse jusqu'à mon nombril dont il fait lentement le tour.

— Je ne pouvais pas vraiment te laisser enfermée. Je me suis dit que ce serait mieux si je récupérais ce qui m'appartenait pour faire chier le reste.

Il se penche, effleure ma joue de son nez, approche ses lèvres de mon oreille :

— Comment se sentent ton frère et ton noir maintenant, bébé ? C'est à méditer.

Sa grande main chaude saisit ma hanche tandis que j'ai envie de dégueuler.

— L'important, c'est qu'on est tous les deux là où on est censés être. Moi, ici. Toi, avec moi. Toujours avec moi.

Il me tourne le menton pour que je le regarde dans les yeux. Ses cheveux sont mouillés. Il est torse nu, les hanches seulement entourées d'une serviette blanche. Et à la seconde où ses yeux gris acier de plantent dans les miens et où je n'y vois qu'une certaine victoire malsaine, mon anxiété est décuplée par mille.

Il pourrait me faire n'importe quoi.

Il va me faire n'importe quoi.

— Tu ne vas manquer de rien, ici, promet-il à voix basse. Je vais prendre soin de toi à ma façon. Tu n'auras plus envie d'y retourner.

De sa main qui était sur ma hanche, il dégage mon visage toujours inerte de mèches qui l'obstruent et le caresse... presque... tendrement.

Arrest Me - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant