Arrest Me - T2

0.6. Et si

ZOÉ

Je sonne à la porte.

J'ai dû mentir à Noah et lui dire que je sortais avec Naomi pour réussir à me tirer de chez lui ainsi habillée sans qu'il ne se pose trop de questions. Elle a dit à Lauren qu'elle sortait aussi et est allée faire du shopping toute seule pour me couvrir. On gère.

J'ai enfilé une robe d'été noire.
Rien de trop farfelu.
Seulement, porter ça à l'endroit où je vais, c'est clairement l'idée la plus stupide de la planète. Peut-être que mon subconscient avait envie que je me sente belle dans ses yeux. Peut-être que c'est tout simplement moi.

Peut-être aussi que même après toutes ces années, je me souviens de l'adresse de la maison par cœur.

Peut-être aussi que je me suis assurée de passer chez le coiffeur et me couper les cheveux avant de venir le voir.

Peut-être que j'ai fait mes ongles, de mains et de pieds. Un petit nude discret. Parce que j'ai mis des sandales et que je devrai les retirer lorsque je vais entrer.

Peut-être aussi que je me dirige directement vers ma mort, mais que je m'en fous.

Sachez que tout est possible.

— Bonsoir.

Je sursaute lorsque j'entends sa voix.

Je n'ai même pas entendu la porte s'ouvrir.

Je lève lentement les yeux pour croiser les siens. Admire ses jambes musclées dans ce jean. Son torse moulé dans cette chemise noire. Ce sourire semi-béat lorsqu'il m'observe de la même façon. Cette lueur dans son regard lorsqu'il le plonge enfin dans le mien.

— Bonsoir.

Il m'entend à peine. Mais il m'entend.

Il m'entendrait même si j'étais à des centaines de kilomètres.

— Viens.

Alors j'y vais.

Je fais un premier pas dans le vestibule, le frôle lorsqu'il se retourne vers la porte pour la fermer dans mon dos. Je retire mes sandales noires à talons et pose mes pieds nus sur le plancher froid alors que les babillages d'un bébé me parviennent, rythmés par une émission pour enfants qui joue à fond dans le salon.

La première chose que je remarque en y entrant, c'est la décoration.

Il y a des meubles.

Il y a des tapis.

Il y a des cadres.

La maison a finalement été aménagée et nettoyée de fond en comble depuis le temps où j'y venais pour... le voir. Ça me semble être un endroit complètement différent de celui que j'ai autrefois connu. C'est doux. C'est chaleureux. C'est lui.

J'ai l'impression de pénétrer à l'intérieur de son monde pour la toute première fois.

Surtout lorsqu'il me guide en direction du salon.

— Je te présente mon salon, colonisé par un nombre inconnu de créatures multicolores, déclare-t-il avec une certaine fierté.