5. Délinquante

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ZOÉ

C'est Jade qui vient me chercher lorsque je sors de la désintox.

Je ne veux pas ma mère, je ne veux pas mon père, je veux ma sœur parce qu'elle reste la seule personne sur cette putain de planète qui ne me juge pas.

Je me dépêche de ramasser mes quelques vêtements et les mettre dans le sac de sport dans lequel ma mère m'avait apporté quelques pièces de vêtements d'extérieur et surtout des pyjamas, car je ne vais nulle part de toute façon. J'y fourre aussi mon kit de vernis à ongle et tire sur la fermeture éclair pour sécuriser le tout. Après avoir attaché mes cheveux bruns sur ma nuque, j'enfile mes baskets blanches usées et hisse mon sac sur mon épaule.

Les trois coups qui sont frappés à ma porte me figent. Je fronce les sourcils.

— Entrez.

C'est Anne, celle qui m'a supervisée pendant tout mon séjour qui pénètre la chambre. Je lui force un sourire.

C'est une femme d'un bel âge qui a toujours été gentille et patiente avec moi, m'administrant de la morphine lorsque les maux de tête violents causés par mon combat contre mon addiction, m'apportant mes repas tous les jours, s'asseyant avec moi une fois par jour pour que je lui parle de ma journée et de comment je me sens sans devoir lui cacher quoi que ce soit.

Elle m'a aidé à passer au travers de mes pensées suicidaires.
Et c'est justement pourquoi je ne me sens pas à l'aise lorsqu'elle est là.

Elle a plongé loin dans l'endroit le plus sombre de mon esprit. Je me sens envahie. Je sens mon intimité violée chaque fois qu'elle me regarde dans les yeux et que je vois sa pitié. Je me sens vulnérable.

Je déteste être vulnérable.

Alors je veux partir au plus vite.

Je la laisse me serrer dans ses bras une dernière fois avant qu'elle ne me guide vers la sortie avec joie. Devant l'entrée, ma grande sœur m'attend avec sa voiture garée le long du trottoir. Lorsqu'elle me voit sortir, pour la première fois sous le soleil, seule, sans Donovan ni personne, elle se décolle du capot contre lequel elle était appuyée et s'approche de moi avec un sourire radieux.

— Espèce de délinquante, marmonne Jade en me serrant contre elle de toutes ses forces.

Je soupire dans son cou en laissant tout de même un sourire étirer mes lèvres.
Lorsqu'elle recule, elle m'observe de ses yeux gris avec une attention et une perspicacité que je n'ai connues chez elle que lorsqu'elle a eu ses enfants.

Elle est clairement en « mommy mode » et je m'apprête à supporter cette nouvelle facette de ma sœur pour les prochaines semaines.

— Tu es sûre que tu ne veux pas aller voir papa ?

Je pince les lèvres.

Secoue la tête.

— Est-ce que tu pourrais me déposer au Café Dépôt ? Avant d'aller chez toi.

Elle penche la tête sur le côté, ses longs cheveux blonds dégringolant sur son épaule.

— Pour ?

Arrest Me - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant